Sam Audhi - Mobilité et mouvement : comment adopter la bonne posture ? - #1
Caroline : Salut Sammy.
Sam Audhi : Salut, ça va Caro ?
Caroline : Ça va et toi ?
Sam Audhi : Très bien, merci.
Caroline : Je suis très heureuse de t'avoir aujourd'hui avec moi. On se connaît d'avant. Je t'ai connu au Crossfit. C'est grâce à toi en partie que moi, j'ai découvert la mobilité et aujourd'hui avec tu es avec moi, pour parler mobilité.
Sam Audhi : Je suis très heureux de te voir aussi. Ça fait sacrément longtemps. En effet, on s'est rencontré au Crossfit il y a un petit moment de ça où déjà à l'époque, j'étais très attiré par tout ce qui était mobilité articulaire il y a un an, les amplitudes . Sur des amplitudes plus grandes que ce qu'on peut faire dans le quotidien ou dans le sport en général.
Caroline : Est-ce que tu peux juste revenir sur peut-être une définition ? Si tu en avais une à donner de ce que c'est la mobilité et les amplitudes, ce que ça représente ?
Sam Audhui : En gros, la mobilité. Pour faire très simple, il faut garder le mot mobile. En gros, ce qu'on veut, c'est devenir ou redevenir mobile, c'est-à-dire qu'on puisse utiliser son corps sur de grandes amplitudes et qu'à la fin de ses amplitudes on soit à l'aise. Souvent, quand on va être sur de grandes amplitudes à la fin de l'amplitude, on sent que ça devient un peu difficile. On sent qu'on a un petit peu moins de forces et donc moins de mobilité. On a du mal à bouger dans ces zones justement extrêmes.
Caroline : C'est par exemple un exemple personnel. C'est une épaule bloquée, une cheville qui bouge mal. C'est tous les joints : les articulations, les os, c'est ça.
Sam Audhui : Ça touche à tout ça. Ça englobe tout ce qui peut freiner votre mobilité. Tout est globalement considéré là-dedans, donc au niveau de l’articulation, que ce soit comme tu disais structurel, donc au niveau des os, que ce soit les tissus conjonctifs, donc tout ce qui va être ligaments, etc.
Caroline : C'est quoi un tissu conjonctif ?
Sam Audhui : Ça va être tous les tissus qu'on va dire pour simplifier les tissus blancs, tout ce qui va être tendons, ligaments, cartilage. Donc tout ce qui va être un petit peu mou et qui ne ressemble pas à du muscle et qui n'est pas rouge ou il n'y a pas de sang dedans. Ensuite, il va y avoir tout ce qui est musculaire, donc tout ce qui va être plutôt très sanguin. Et ensuite il y a des fascias un peu à la mode en ce moment là, où il faut considérer ça un peu comme une enveloppe qui entoure tout ce qu'il y a dans notre corps. Les os, les muscles, les organes, c'est comme des petites pochettes qui permettent à tous de glisser. Ça a énormément de fonctions. On n'arrête pas de découvrir de nouvelles fonctions, justement, sur ce tissu qui est, on s'y intéresse, depuis les années 70. C'est assez récent. Il y a beaucoup, beaucoup de choses dessus en ce moment.
Caroline : J'avais notamment regardé un super reportage d'Arte.
Sam : et du coup, il faut considérer tout ça dans sa globalité. C'est vrai que pour avoir des angles de travail, on a tendance à isoler. On va par exemple allonger un muscle, on va travailler sur les fascias, on va travailler ceci cela. Même sur les méthodes : à l'intérieur de plusieurs méthodes, on va encore isoler, isoler. Mais l'idée, c'est de travailler globalement et de ne pas rester sur ces isolations, mais plutôt se servir de ces isolations pour travailler en global.
Caroline : Et toi, du coup comment tu mets ça en place ? Moi, par exemple, demain, j'ai envie d'améliorer ma mobilité. Qu'est-ce que je peux faire? Comment est-ce que je peux le développer ?
Sam : Donc, si, tu as envie de développer ta mobilité. Déjà, si tu as des restrictions, on va dire que pour prendre l’exemple de ton épaule, s'il y avait des petits soucis à l'épaule, que ce soit juste par la non-activité ou par une ancienne blessure ou X raisons. L'idée, c'est de faire un petit scan, une petite recherche pour savoir sur quelle restriction on va s'orienter. Est-ce que c'est structurel ? Est-ce que c'est osseux ? Est-ce que c'est plutôt musculaire ? Est-ce que c'est les fascias ? Donc on va faire des petites recherches pour voir, mais en général, ce n’est jamais un seul et unique facteur. C'est un ensemble de facteurs. Donc souvent, sur les stratégies, on va un petit peu partout.
Caroline : Et donc on vient, et on explique juste là où il y a des blocages ? Comment ça se passe en fait ?
Sam : Oui, voilà j’aimerais avoir plus d'amplitude, par exemple, sur ce mouvement-là. Le plus simple, c'est de parler de fonctions plus que d'articulation. Et on va dire sur telle fonction, par exemple fléchir la hanche ou faire une extension de hanche, ou que ce soit pour l'épaule, etc. Ça permet d'identifier un peu le fonctionnement et de dire voilà, peut-être qu'il faut travailler un peu sur le muscle, peut-être qu'il faut travailler un peu sur les fascias. Peut-être qu’il faut travailler un peu sur la capsule articulaire, souvent qui freine aussi. Pour la plupart des cas, c'est un peu tout en allant chercher un peu sur toutes ces cibles, on arrive très vite à retrouver la mobilité. Quand on reste que sur une, on gagne un petit peu, mais souvent, ce n’est pas la seule cause, je crois, en allant chercher un peu partout, on obtient vite de bons résultats.
Caroline : Et toi, tu as découvert ça comment ?
Sam : Ben moi, quand j'ai commencé le CrossFit personnellement, et même autour de moi, je voyais les gens qui travaillaient dur pour faire des mouvements très, très propres. Et très vite, on arrive sur des restrictions articulaires. Donc, au-delà de s'entraîner, répéter et avoir de la bonne volonté pour faire bien les mouvements, on est aussi, comment dire ? Dépendant de sa mobilité, j'aurai beau mettre toute la bonne volonté, le cœur que je veux dans mes entraînements, si j'ai des restrictions articulaires, je ne vais pas pouvoir atteindre les amplitudes, par exemple sur un squat. Si, pour valider un squat, j'ai besoin d'avoir la hanche qui arrive à peu près au niveau du genou voir plus bas que le genou, si, je n'ai pas la mobilité pour le faire. J'aurai beau continuer à faire des squats, ça va s'améliorer très lentement. Mais si je ne fais pas de la mobilité à côté des exercices de mobilité, je ne vais pas pouvoir gagner suffisamment rapidement d'amplitude pour pouvoir valider le mouvement, mais surtout pour avoir un placement suffisamment correct pour ne pas sur la longueur, entraîner des blessures ou autres choses.
Caroline : Et des exemples de mobilité ? Tu vois, par exemple sur le squat, pour reprendre l'exemple du Squat. Si demain, je veux améliorer mon squat et améliorer donc cette mobilité-là au niveau de la hanche, est ce qu'il y a des choses que je peux faire pour l'améliorer ou tu as des petites techniques à mettre en place ? Et puis mêmes grosses techniques, notamment toi, ce que tu fais, j'aimerais bien que tu nous présentes aussi pour s'améliorer tout le temps.
Sam : Déjà, le premier travail le plus simple à faire pour prendre l'exemple du Squat, c'est entrer dans la posture qu'on veut améliorer. Donc, si c'est le squat, tout simplement, je vais me mettre en squat le plus souvent possible, pas forcément de manière académique, avec le dos extrêmement droit, etc. Mais plus venir dans un squat passif on va dire. Ce qui va me permettre de rester dans la posture et un peu observer. Il y a un côté où on essaie vraiment de se connecter à son corps et d'augmenter cette sensibilité pour pouvoir être plus précis, pour pouvoir sentir avec plus de précision où sont les restrictions ? Et de là, on peut commencer à travailler, à faire des exercices. Il y a vraiment beaucoup, beaucoup d'exercices sur le squat. Je ne vais peut-être pas me lancer dans tout ce qu'on peut faire.
Caroline : Non, mais à la limite, allez un.
Sam : allez donc, il existe une routine assez simple où on vient dans son squat sans chercher à être vraiment parfait dans son squat, on va simplement pousser les genoux vers l'extérieur. Parce que ce qu'on veut sur le squat, c'est que le fémur s'oriente dans la direction des orteils. Quand on est en bas de son squat, on suit la ligne du fémur qui arrive au genou. Si on descend le long des tibias, ça doit aussi s'aligner avec les pieds, comme quand on est debout simplement où tout est aligné. Donc, il y a beaucoup une recherche d'alignement tout simplement pour avoir une mécanique cohérente.
Caroline : Et ça, c'est dans ce qui est sportif, on va dire avec le crossfit, on parle de squat, etc… mais dans notre quotidien, au jour le jour, quand est-ce que la mobilité intervient ? Est-ce que tu aurais des exemples peut-être sur du quotidien ?
Sam : Malheureusement, de nos jours, on a des tâches quotidiennes qui sont de plus en plus réduites, avec des mouvements de plus en plus réduits. C'est pour ça qu'aujourd'hui, on a une mobilité assez pauvre, entre guillemets. Si on prend l'exemple d'un enfant quand il est petit avant d'arriver à la maternelle, il est très mobile parce que déjà il naît avec cette mobilité. Il n'a pas encore vraiment grandi donc les muscles, tous les tissus n'ont pas encore, comment dire. Souvent, quand les os grandissent d'un coup, tout va venir se tendre. Le temps que le reste suive. On se retrouve très vite assez raide vers quand on dépasse la dizaine d'années. Et quand on arrive surtout vers l'adolescence. Les eaux grandissent. Ça tire un peu sur tout ce qui est tissu. Ensuite, le reste s'adapte et après, on regagne sa mobilité. Mais c'est vrai qu'avant ça, quand on est encore très petit, on est hyper mobile. Ce qui va vite nous embêter, c'est quand on va arriver à la maternelle et qu'on va commencer à être assis sur une chaise. Et là, du coup, quand on était petit, on était par terre. On avait un lien particulier avec le sol. On n'avait pas peur des chutes. On savait comment aborder le sol, les mains, les pieds. On avait un contact avec le sol particulier et aussi au niveau des épaules, de la hanche. On est toujours très bas, très groupé, ou des fois, au contraire, très dégroupé. On fait plein de mouvements avec de très, très grandes amplitudes. Quand on arrive comme je disais à la maternelle, on va commencer à faire des tâches assises sur un bureau, de plus en plus resserré. Puis on grandit et on se rend compte qu'on passe toute sa vie, tout son temps sur une chaise, souvent à écrire ou à être sur un ordinateur, etc. Si on n'a pas d'activités sportives régulières, vraiment très régulières à côté, ça va être compliqué de garder une mobilité quand même assez importante. À l'âge adulte, ça va être la même chose, sachant qu’arrivés à l'âge adulte, les tissus vont se développer beaucoup moins vite que quand on est jeune. On le sent quand on commence une activité physique adulte, ça prend beaucoup plus de temps d'obtenir des résultats que quand on commence à 8 ans ou à douze ans. Donc il y a aussi ce facteur-là qui va jouer.
Caroline : et du coup, dans le quotidien vraiment d'un adulte, comment je me rends compte que j'ai des pertes de mobilité ? Ou qu'est-ce qui peut me mettre la puce à l'oreille pour me dire à tiens, ça serait bien de travailler ma mobilité.
Sam : On peut s'en rendre compte, par exemple, lorsqu'on a besoin simplement de saisir un objet très bas. On descend dans une position de squat. Si l'objet est volumineux et assez lourd à porter, on va devoir avoir les talons au sol pour bien pousser dans le sol. Et souvent, on en est assez incapable. Quand on perd en mobilité, on perd en mobilité de chevilles. Pareil, j’allais en venir à ce sujet, les chaussures sont aussi responsables.
Caroline : J'allais te poser la question justement quand tu parlais de lien avec le sol, etc. Justement, c'est une question que je voulais te poser après. On y reviendra peut-être plus tard. Mais sur le minimalisme, je pense que c'est là où tu veux en venir et sur le fait de marcher pieds nus. Mais ça, on va y revenir et on va rester sur le côté vraiment mobilité du quotidien.
Sam : Et oui, les poignets et les épaules, toutes les articulations, vraiment. Pour être vraiment à l'aise au quotidien, ça va être important. Surtout, on parle beaucoup du bien vieillir. Je pense que l'important, ce n'est pas de vivre très longtemps, c'est d'être mobile et actif très longtemps et le plus possible, parce qu'on voit souvent des personnes qui ne sont pas extrêmement âgées et qui ont déjà une mobilité, une activité très réduite. Et on sent que c'est quand même pénible. C'est même un peu triste de se dire qu'on va être dépendant de quelqu'un. On ne va pas pouvoir faire tout ce qu'on veut. Alors qu'a contrario des personnes qui sont restées très actives toute leur vie, on voit que même à un âge avancé, elles font plein d'activités, elles sont super épanouies et sont autonomes. Elles n’ont besoin de personne.
Caroline : Type monter un escalier aussi.
Sam : C'est assez drôle, mais pour prendre un exemple, en sortant de la station au Perret, il y a un très, très long escalator qui est tombé en panne un jour. Et je me suis aperçu qu’à mi-chemin, il y avait la moitié des gens qui étaient en train de s'arrêter pour respirer.
Caroline : OK, tu l'expliques par un manque de mobilité ou un manque de sport ?
Sam : Par un manque de sport pour reprendre cet exemple-là. Mais c'est flagrant. C'est assez choquant quand on voit que certaines personnes avaient une vingtaine d'années. On voyait aussi, même dans les déplacements, les escalators, les marches sont beaucoup plus hautes. On voyait qu'en termes de mobilité, ce n’était pas énorme non plus, mais dès que le genou montait un petit peu, on voyait le dos qui se courbait.
Caroline : En améliorant du coup notre mobilité, on va pouvoir se tenir plus droit, être un peu moins tassé et avoir une élongation des muscles, donc de notre corps qui va pouvoir se remettre un peu si j'ai envie de prendre une image peut-être simpliste, mais l'évolution de l'homme qu'on peut voir de Lucie.
Sam : C’est ça exactement. Pour expliquer ce qui peut se passer dans le corps de quelqu'un qui n'est pas mobile, j'ai des petites images, donc ça, ça peut servir ça au quotidien comme dans la performance. Mais imaginons que je compare les muscles à des élastiques qui seraient tendus d'une articulation à une autre. Ben faut imaginer que pour quelqu'un qui n'est pas mobile, qui n'est pas souple, ces élastiques sont très tendus. Ensuite, imaginons qu'on a des fascias dans un mauvais état. Très peu hydratée avec les adhérences, on va imaginer que par-dessus ces élastiques, on va rajouter un jean avec une toile très épaisse et très serrée. Et ensuite pour les capsules articulaires, là, on va imaginer qu'on met du bandage autour de toutes ces articulations. Une grosse épaisseur de bandage, voilà. Ensuite avec ça. Imaginez-vous au quotidien monter des escaliers et faire des choses. Imaginez-vous dans une salle de sport, essayez de faire des squats, une dizaine de squats avec toutes ces restrictions, tous ces élastiques qui vous tirent dans la direction opposée à ce jean qui ne vous laisse pas descendre. Ces bandages aux articulations qui empêchent l'articulation de se plier. C'est un peu ce qui se passe dans le corps de quelqu'un qui n'est pas mobile, qui n'est pas très en forme. C'est pour ça qu'on les voit souvent peiné en début sur les premiers temps en tout cas, et plus on récupère de la mobilité de manière globale et plus ce, ce n’est pas qu'on est devenu plus fort. Mais c'est juste qu’on a enlevé les élastiques, on a enlevé le jean, on a enlevé les bandages. Forcément, on bouge mieux. Oui, c'est un peu ce qui se passe.
Caroline : OK, OK, c'est un excellent exemple. Je pense que ça parlera à beaucoup de monde. Et toi du coup, quand tu t'es intéressé à la mobilité, tu as décidé de monter ce que j'appellerais un genre de sport en capoeira, mais explique-moi un peu plus, du coup, ce que tu as décidé de monter. D'où ça vient peut-être? Je ne sais pas. On n’en a jamais trop parlé. Et donc pour en revenir à ce rapport à la terre. Et parce qu’on a l'impression que tu simules des chutes. Donc ça me fait penser à ça aussi quand tu parlais des enfants. C’est tout cet aspect-là aussi qui m'intéresse.
Sam : J'ai monté un groupe qui s'appelle Movers, qui tourne autour du mouvement en général. J'ai connu cette discipline justement dans mon cheminement dans la mobilité, en étant curieux, en allant chercher un peu autour de moi, donc, cette discipline qui s'appelle le mouvement pour décrire, grosso modo. Pour faire simple, on veut se réapproprier un peu tous les mouvements qu'on est capable de faire avec son corps et aussi tout un tas d'idées, de concepts autour de ça. On s'inspire beaucoup de tout ce qui est arts martiaux, gymnastique, danse contemporaine. Ça va un peu dans tous les sens parce que le mouvement n'appartient pas à une discipline en particulier. C'est simplement tout ce que l'homme est capable de faire comme gestes. Ça peut être de l'artisanat, ça peut être n'importe quoi. On voit souvent dans l'artisanat des mouvements hyper précis, hyper complexes, et c'est des choses qui sont hyper intéressantes à travailler aussi. Donc, on va chercher vraiment dans tous les champs du possible. C'est un peu aussi du biohacking. On veut customiser son corps si je peux dire comme ça, mais pour pouvoir faire des choses avec le plus de précision et de facilité, quelle que soit la chose. L'idée, c'est aussi d'aller vers des choses, bien sûr, qui sont très plaisantes à faire. C'est pour ça qu'on va souvent vers des équilibres, des acrobaties pour faire référence à la danse du Floor Work. C'est une façon d'aborder le sol, de se mouvoir au sol. Et on se sert aussi beaucoup d'outils de travail qui font partie du patrimoine, des arts martiaux ou d'autres disciplines comme la gymnastique, etc.
Caroline : OK, c'est intéressant et ça se passe comment cette approche au mouvement, si je comprends ce que tu me dis. C’est prendre conscience de son corps, de ses mouvements. Être en capacité de les améliorer pour ensuite aussi les appliquer plus facilement dans son quotidien et donc c’est en ça que tu faisais référence au biohacking, je pense. C’était cet aspect-là. Et donc, comment ça se passe pour une personne qui veut tester le mouvement ?
Sam : Pour une personne qui veut tester, il n'y a pas de prérequis ou de niveau particulier, justement. L'idée, c'est vraiment de pouvoir que ça soit accessible à tous et que tout le monde ait cette chance de pouvoir avoir accès à un peu la liberté avec son corps, ce qui est un peu dommage dans ce genre de discipline en général, dans tout ce qui va être gymnastique, danse contemporaine, etc. Encore, c'est pas exactement vrai, mais de nos jours, quand on va dans un club, tout le monde a commencé à 8 ans et quand on arrive avec une trentaine d'années, il y a très peu de clubs où on va nous accepter tout simplement parce qu'ils sont déjà tellement loin dans leur progression. Et le corps d'un adulte progresse tellement lentement que ce serait très compliqué de s'occuper que d'une personne en plus de tous les autres. Et heureusement, ça change. Il commence à avoir des cours adultes et bien sûr, quand on est adulte, on va peut-être supporter des volumes d'entraînement, des protocoles beaucoup plus bas qu'un jeune. Là aussi, il faut réadapter les méthodes pour ne pas blesser les adultes. Donc ça demande tout un travail pour la personne qui va encadrer ce genre d'activités. Donc, souvent, ce sont les personnes qui sont assez engagées là-dessus. Nous, c'est ce qu'on fait dans le mouvement, c'est-à-dire qu’on accepte tout le monde et à tout âge. Et les protocoles doivent être adaptés à la personne, qu'elles soient âgées, jeunes, blessées ou autres. On doit être capable de tout le temps s’adapter pour qu'elles puissent évoluer à sa vitesse.
Caroline : Et quand tu dis “nous, c'est ce qu'on fait dans le mouvement”, c’est parce que vous êtes plusieurs ? C’est quelque chose que tu as découvert ? C’est quelque chose que tu as fondé ? C'est une discipline que tu as fondée, où elle existait déjà ?
Sam : Elle existait déjà. Au début, beaucoup de personnes ont pratiqué seul et il n’y a pas mal de groupes qui émergent maintenant partout dans le monde. À Paris, je n'ai pas tout répertorié, mais on va dire que les deux principaux que je connaisse c’est Movement Practice et Movement Club. Et à côté de ça, il n’y a pas mal de gens qui travaillent aussi tout seul, soit parce qu'elles préfèrent travailler toutes seules, soit parce qu'elles n'ont pas forcément la possibilité de rejoindre des communautés, des groupes qui pratiquent le mouvement.
Caroline : Et est-ce que tu as des exemples de personnes qui seraient venues qui ont testé le mouvement parce qu'elles avaient des problèmes, des sujets de mobilité et à qui réellement ça a changé drastiquement leur vie ?
Sam : En termes de mouvement, j’ai eu une personne qui avait en effet une grosse restriction sur les chevilles. Qui ne pliait pas du tout. Et ben, ça s'est passé assez vite. Au bout de 1 an, 2 ans, ça s'est grandement amélioré et du coup, notamment plus mal au dos, parce qu’on peut peu squatter correctement.
Caroline : Parce que du coup, quand tu dis grande restriction sur les chevilles…
Sam : c'est-à-dire que le genou n'avançait pas, n'était pas libre d'avancer vers l'avant. L'angle entre le pied et le tibia était à peine plus de 90 degrés. Aujourd'hui, c'est beaucoup plus. Du coup, ça, ça permet d'avoir le pied bien à plat au sol quand on fléchit la hanche, ne pas arriver sur les talons et si on veut garder le talon, du coup, c'est le dos qui va compenser, qui va s'arrondir. Et du coup, on n'a plus ce dos qui s'agrandit à chaque fois qu'on veut faire une flexion, un squat ou n'importe quel mouvement vers le sol. Le pied, ça va être la première chose qui est en contact avec le sol, donc ça a été quelque chose de très important. C'est un peu comme avec les mains. C'est le premier maillon de la chaîne. Et si le premier maillon de la chaîne est déjà faible ou en restriction, ça va poser des problèmes sur tout le reste de la chaîne.
Caroline : Et donc ça nous permet d'enchaîner sur ce que tu disais tout à l’heure et le rapport au sol sur ce mouvement qu’est le minimalisme. Je ne sais pas d'ailleurs si tu es venu avec des chaussures minimalistes aujourd’hui ? Tu portes lesquelles ?
SAM : J’en porte au quotidien, mais je ne sais pas si on peut citer la marque. Celles-ci c’est Robert Foot. Il existe maintenant beaucoup de marques. Au début, il n’y en avait vraiment pas beaucoup. Celle-ci est assez simple à trouver. Elle est assez ancienne. On va dire qu'elle est connue et ils ont un peu les moyens de se faire connaître. Ils font pas mal d’opérations type meeting. Des choses comme ça pour parler de minimalisme. Ils sont assez engagés sur l'écologie aussi. Ils ont un système de réparation de chaussures. On peut leur envoyer. Ça leur évite de produire plus de chaussures et plus de déchets. Du coup, on peut envoyer ses chaussures qui sont réparées, les pièces déchirées ou les semelles sont changées. Mais pour l'instant, c'est que sur l'Angleterre, on peut renvoyer ses chaussures. Mais c'est prévu dans peu de temps d'être élargi à l'Europe. C'est quelque chose qu'ils ont commencé cette année. Ils font attention un peu à tout l’écosystème qui est autour de la chaussure. Même pour les livraisons.
Caroline : On regarde attentivement toutes les chaînes de production. On va dire ça.
Sam : Et ils sont très souvent en rupture de stock. Parce que justement, ils ne se surproduisent pas, ils font attention de travailler à flux tendu, etc.
Caroline : Et donc, pour en revenir donc maintenant plus sur ce rapport au sol avec les pieds et la mobilité ? Est-ce que tu peux m'expliquer quel est l'impact des talons, de nos chaussures, etc. Pourquoi ça vient jouer sur les chevilles notre mobilité ? Et comment peut-être par des petites choses. J'aime bien dire petits hacks, on peut, on peut améliorer ça ?
Sam : On va commencer par les talons, par exemple. Plus le talon est élevé, plus l'angle entre le pied et le tibia va être grand. Donc, le talon est remonté et on a ce phénomène un peu de comment dire, de rétrécissement. Si on peut appeler ça comme ça, c'est pas forcément exact, mais du rétrécissement du tendon d'Achille et des muscles qui sont au-dessus. Donc, à force, le corps s'adapte à tout ce qu'on lui soumet. Grosso modo, donc, si au quotidien, on réduit la distance entre le talon et le tendon d'Achille, tous les muscles vont remonter jusqu'aux genoux. Même l'articulation qui ne va plus en amplitude. Elle va aussi forcément s'adapter à ça, elle va s'adapter à moi. Je ne sais pas si vous avez des souvenirs, si jamais vous avez eu des fractures et que vous avez été plâtré. C'est très, très dur de bouger quand on l’enlève. On a l'impression que l'articulation ne va plus aussi loin qu’avant, etc. Donc le corps s'adapte quand il est restreint, il s'adapte à cette restriction. Donc, s'il avait une restriction, je dis une bêtise de 20 degrés. Ça va s'habituer à ne bouger que sur 20 degrés. Donc il va oublier un peu le reste. Donc le corps a cette capacité de s'adapter à tout, même au moins bien. Donc c'est pour ça qu'il faut faire attention à ce qu'on choisit dans son quotidien en termes de chaussures ou de quoi que ce soit d'autre, parce que le corps s'adapte.
Caroline : et c'est aussi pour ça. Là, on parle du pied spécifiquement, mais sur toutes les autres articulations, les hanches, les épaules, les mains.
Sam : les doigts de pieds, les orteils, exactement. Moi, je privilégie les tobox larges, la tobox, c’est à l'avant de la chaussure. Là où il y a les orteils. Et du coup, on privilégie des choses assez larges pour que le pied puisse faire sa fonction naturelle. C'est-à-dire que normalement, je ne sais pas si vous avez vu les pattes d'un animal : les chats, les chiens, quand la patte n'est pas au sol, elle est plutôt fine. Et quand la patte se pose au sol, on voit, les doigts, qui s'écartent et qui occupent l'espace. Et ça, ça fait un système un peu d’amortis, de ventouses. Ça vient se poser au sol, s'approprier le sol, alors que nous, on a tendance à poser, à taper un petit peu. À taper du pied quand on pose le sol et on pose même le talon en premier, ce qui n'est pas en position de marche si grave. C'est-à-dire que là, pour revenir encore sur le talon, quand on porte des chaussures avec beaucoup d‘amortis et une semelle très épaisse, ça encourage ce phénomène de taper avec le talon parce qu’on peut avancer le pied plus loin, chuter avec le talon vers l'avant, même en marchant. Et du coup, comme il y a l’amorti, c'est comme sur un matelas. Du coup, on perd cette marche où on est censé revenir plus sous le centre de gravité. Quand on pose le pied pour ne pas subir les chocs. Tout simplement en posant le pied au sol.
Caroline : Mais l'impact de la marche sur la mobilité, par exemple, c'est qu'en fait on bloque, on vient choquer, je ne sais pas les tibias, les tendons et les muscles et que le pied étant la base de notre posture principale, ça vient impacter tout le reste du corps.
Sam : Aussi, oui, également. Donc ça, ça arrive peut-être au début, quand on marche avec des minimalistes comme on a perdu un petit peu la marche classique. On a tendance à faire les mêmes gestes que quand on avait beaucoup d'amortis. Il faut savoir qu'une chaussure, plus elle a de technologie, on va dire, pour faciliter la course à pied ou faciliter la marche. Plus vous allez appauvrir votre biomécanique, votre façon de bouger parce que c'est plus adapté. Si, par exemple, quand vous marchez dans le sable, vous ne faites pas attention, vous savez que vous n’allez pas vous faire mal. On peut envoyer le talon loin devant ,chuter, etc. Il n'y a pas de souci. Par contre, si on marche pieds nus sur du béton, on ne va pas marcher de la même façon. Pareil quand on marche sur un sol mouillé, par exemple, au bord des piscines, la marche est différente quand on voit les enfants qui marchent au bord de l'eau. Ils ont une très bonne marche parce qu'ils sont encore petits. Et on voit qu'il y ramène bien le pied sur le centre de gravité, etc. Alors que quand on observe des adultes, on a déjà perdu ça. Moi, quand j'ai commencé à marcher avec des chaussures minimalistes, il a fallu que je comprenne que je dois déjà me tenir droit. Donc, il faut avoir une bonne posture, sinon ça tapait trop dans les talons. Au bout de quelques heures, j'avais mal au talon. En redressant ma posture, mes pas sont devenus moins grands, ils sont venus plus sur mon centre de gravité et du coup, l'attaque au sol était beaucoup plus douce. Ça m'a aussi obligé à tirer un petit peu plus les genoux vers l'avant, de bien dérouler le pied au sol, de bien me servir des orteils. Et c'est là où j'ai pris conscience qu'en fait, quand je marchais avant, je ne me servais pas du tout des orteils.
Caroline : Je pense que je ne me sers pas de mes orteils.
Sam : Quand la toolbox est petite et serrée, on n'a pas du tout cette possibilité d'écarter les orteils pour amortir. Donc, en fait, on ne s'en sert plus du tout. C'est comme si on avait des moufles très serrées toute la journée. Au bout d'un moment, les doigts, on s'en sert plus. On ne se sert que de la main. Nous, on a des pieds de Playmobil. Donc oui, ça prend du temps à récupérer tout ça. Et moi, ça fait plus de trois ans que je marche avec des minimales au quotidien et je ne pense pas avoir récupéré tout le patrimoine du pied.
Caroline : Et en plus, tu pratiques du coup quand même la mobilité, le mouvement au quotidien. En plus, du fait de marcher avec des minimalismes, c'est énorme. Quand tu me dis en 3 ans, je pense que je n’ai toujours pas récupéré mes capacités.
Sam : Je m'en suis rendu compte. J'ai pas mal voyagé en Asie, et notamment au Japon, où on enlève ses chaussures quasiment partout où on va. Ils ont des pieds extrêmement mobiles. Ils sont presque aussi agiles avec les pieds qu’avec les mains. C'est assez impressionnant sans avoir fait de mobilité ou quoi que ce soit simplement parce que dans leur vie, imaginons qu'ils ont une trentaine d'années. Il s'est passé peut-être en temps passé pieds nus plus de la moitié alors que nous, le temps passé pieds nus, il est quasiment que dans le lit.
Caroline : Oui, on marche beaucoup, même quand on rentre à la maison. Moi, j'aime bien marcher pieds nus.
Sam : Oui, moi aussi j’enlève aussi les chaussures à la maison, mais ce n’est pas forcément tout le monde. Et pour prendre une moyenne, je pense que l'occasion de se servir de ses orteils, elle est vraiment faible, faible, faible.
Caroline : Et pour en revenir donc, à la mobilité, peut-être un tout petit peu plus parce qu’on est parti sur le minimalisme. J'ai laissé partir la conversation parce que j'enregistre la semaine prochaine un épisode sur le minimalisme et ça fait partie des choses que j'ai envie de tester, même si j'avais déjà testé il y a très longtemps. Peut-être, mettre des chaussures minimalistes dans ma vie.
Sam : Ah, tu vas voir, c'est une vraie découverte.
Caroline : Et de voir, justement, qu'est-ce que ça fait de vivre avec des minimalistes. Ne serait-ce que le regard des gens. Si tu prends des chaussures où tu vois les petits doigts.
Caroline : Mais vraiment, pour en revenir donc à la mobilité et au mouvement, toi, le mouvement, ça permet donc cette discipline de venir chercher les mobilités et tout ce qui entoure la mobilité pour mieux se mouvoir dans son quotidien et être en meilleure posture.
Sam : En meilleure santé, tout simplement.
Caroline : Et comment ça influe sur ta santé en fait, au final, du coup ?
Sam : Comment ça influe sur ma santé ? Plus vous allez être mobile, plus vous allez pouvoir faire de choses différentes. C'est cette manière d'être généraliste qui fait que l'être humain, il est ce qu'il est aujourd'hui, c'est-à-dire que le corps, que ce soit en termes de tout ou de régime alimentaire, de mouvements, etc. Il va être en bonne santé quand il va avoir quelque chose de très varié. On le voit sur l'alimentation, par exemple. C'est ce qui fait qu'on a survécu à toutes les catastrophes qu'il a pu se passer depuis qu'on est sur Terre.
Caroline : C'est quoi ton alimentation? Par curiosité ?
Sam : Moi, je mange très, très peu de viande. Quasiment pas, en fait. Je pars du principe que je n'achète pas de viande, donc beaucoup de légumes, tout ce qui va être vert : herbe, légumes, etc. C'est un peu la boîte à pharmacie de l'être humain. Ça évite d'acheter des compléments alimentaires. On part du principe où je m'éloigne encore un petit peu, mais ça ne va pas durer longtemps. On ingère l'environnement dans lequel a poussé ce qu'on mange. Donc, si, si, je prends une plante qui a poussé dans de bonnes conditions, je vais profiter de tout ce qu'il y a eu de bon dans son environnement. Maintenant, si je décide d'isoler certaines choses, des vitamines, n'importe quoi de cette plante et que je l’ingère, en fait, on se rend compte aujourd'hui de plus en plus et on découvre des choses tous les jours. La nature est bien faite et tout ce que cette plante contient interagit ensemble. Telle chose avec telle chose et telle chose a plus de bénéfices que si elle est seule. Et on va aussi ingérer tout ce qui avait de mauvais dans l'environnement où a poussé ou agrandi cet animal ou cette chose si c'est une plante.
Caroline : Donc si on en revient à Mobilité et Santé. En quoi la mobilité te permet donc d'être en meilleure santé ?
Sam : Non, mais du coup, comme on disait pour revenir à notre sujet : le fait que je puisse faire plein de mouvements dans toutes les directions, ça va vraiment faire en sorte que je me réapproprie tout ce que je peux faire sur toutes les amplitudes de mon corps. Donc, du coup, ça va améliorer ma densité osseuse. Ça va améliorer la qualité de mes tissus, tout ce qui va être tendons, cartilages, etc. On sait que ça évolue, que ça grandit, que ça se répare. Justement, dans le mouvement, par exemple, pour prendre l’exemple du cartilage ce qui va venir enrichir tout ça, il n'y a pas de sang dans les tissus conjonctifs, c'est de la synovie. Il faut voir le cartilage comme une éponge. Et à chaque fois que cette éponge va être pressée, justement, la synovie va entourer l’articulation et venir enrichir. Ça va favoriser les échanges. Ça va donner beaucoup de choses pour que ça soit entretenu et enlevé, beaucoup de choses qui ne sont plus nécessaires. Il faut voir ça un peu comme comparer ça au sang qui va être dans les muscles au niveau de l'articulation des tissus. On va dire blanc pour parler simplement. Ça va être la synovie. Du coup, cette synovie, elle circule mieux quand on bouge par compression et par étirement. Moins vous bougez, moins les articulations sont lubrifiées, donc moins elles profitent de nouveaux nutriments, etc. Donc, c'est une façon de bouger. C'est une façon de nourrir son articulation et d'augmenter les capacités des tissus. Comme je disais par exemple, les os vont réagir aux pressions, aux impacts en augmentant la densité osseuse ou au poids qu'on peut mettre dessus, par exemple quand on fait du hansenne sur les bras. Les os vont aussi évoluer pour pouvoir supporter le poids de corps. Ça va être pareil pour les tissus, ça va être pareil pour les muscles. L'ensemble va évoluer pour s'adapter finalement aux contraintes qu'on leur met. Donc plus cette contrainte est grande, mais mesurée, plus l’adaptation est grande.
Caroline : Et si tu avais un hack à donner pour augmenter sa mobilité sans forcément venir faire du mouvement, pour des personnes qui voudraient débuter et essayer de voir un tout petit peu. Donc tu as donné l'exemple du Squat tout à l'heure. Mais qui voudrait voir un tout petit peu dans leur quotidien le changement que ça pourrait provoquer sur un truc spécial.
Sam : Le plus simple conseil que je peux donner, c'est venir dans la posture qu'on veut faire. Passer du temps dans cette posture. Il ne s'agit pas d'être dans la douleur. L'idée, c'est de considérer son volume de travail. Faire un petit challenge, par exemple sur la journée et se dire je vais passer tant de temps dans cette posture, mais pas en une fois. À chaque fois que j'ai cinq secondes, que j'ai une minute, que j'ai deux minutes à chaque fois de venir dans cette posture. Et on a une méthode d'entraînement qui existe ou plutôt que de faire tant de répétitions, tant de séries pour arriver à un volume, on se dit que dans la journée, à chaque fois que j'ai l'occasion de le faire, je le fais pour arriver à tel volume à la fin de la journée. Donc on peut se dire que si je veux passer deux minutes en squat dans ma journée. Pour un débutant, c’est quelque chose de très atteignable, de très facile. Je ne vais pas le faire en une fois. Je vais le faire à chaque fois que j'en ai l'occasion.
Caroline : Et sans parler de posture, forcément. Parce que c'est difficile peut-être de se rendre compte, si on n'est pas sportif ou quoi, de vouloir travailler telle posture parce que je le comprends très bien pour l'appliquer au Crossfit. Mais si jamais vraiment juste dans mon quotidien basique, je n'ai pas de posture en tête, qu'est ce que ça va m’apporter ? Qu'est-ce que je dois changer ?
Sam : En termes de mobilité en général ? Bouger toutes les deux heures quand on est au bureau. Tout à l’heure, on parlait de : "généralisme", de faire le plus de choses possibles et ne pas être spécialiste. Ne pas rester dans une même posture tout le temps, ne pas faire toujours les mêmes mouvements tout le temps, ça te conduit souvent vers des tendinites, des choses comme ça. Imaginons qu'on soit à la maison, au télétravail ou au bureau, toutes les deux heures, je me dis allez, je prends quelques 30 secondes ou une minute pour faire un peu de mouvement, donc simplement, je peux simplement étendre les bras au-dessus de la tête. Je tire, je m’étire un petit peu, je peux m'amuser avec ma nuque un peu, je tourne la tête de gauche à droite, je fais des petits enroulés, etc. Je peux enrouler le dos assis sur la chaise. Je pose simplement les mains au sol en écartant les genoux sur le côté et j'observe un peu. J’expire, je me relâche. Je relâche bien la nuque, je relâche toutes les parties de mon corps et j'observe un peu. Où est-ce que ça fait du bien ? Ou est-ce que, tiens, est-ce que ce coin-là, ça fait un peu mal, etc. L'idée aussi. Moi, je bosse beaucoup sur la connexion parce que ça a une relation directe avec vos mouvements. Améliorer la connexion avec son corps. C'est-à-dire qu’à chaque fois qu'on va faire un mouvement, qu'on va venir dans une posture à chaque fois, on va essayer de ressentir au maximum, d'observer, de porter l'intention là-dessus. Comme si, par exemple, on se faisait une image mentale de ce qui se passait quand on bougeait. Et imaginez un peu tous ces muscles, tous ces tissus qui bougent. Et par rapport à ce qu'on ressent, de se dire ah tiens, dans cet endroit précis là, il se passe un truc un peu moins, un peu bizarre, un peu pas cool. Peut-être que je peux aller plus par là et observer ce qui se passe si je fais ci ou ça. Moi, je fonctionne beaucoup de cette manière-là, au jour le jour, avec l'énergie du jour et le ressenti du jour. Même s'il y a des choses que je prévois, il peut m'arriver de changer le jour J parce que je ne le sens pas de cette manière-là.
Caroline : C'est une prise de conscience, une écoute.
Sam : C'est vraiment une écoute du corps parce que le corps, il a son propre rythme. Des fois, il est en forme, des fois, il n'est pas en forme et ce n’est pas forcément calé avec notre agenda. Et donc, l'agenda ne doit pas primer sur l'état du corps, à moins qu'on soit sportif de haut niveau et qu'on ait des dates de compéts, etc. Mais si on peut se le permettre, c'est un grand luxe de s'entraîner au feeling, plutôt que de tirer sur les muscles. Du coup, il y a plein de champs de possibles. Et ça, il y a que votre corps qui pourra vous le dire. Même, un coach qui est très attentif, il va voir plein de choses. Mais je dis toujours que le ressenti, ça reste quand même la première des choses à laquelle il faut faire attention quand on commence à bouger.
Caroline : Trop bien, merci. Je te voyais tourner ton poignet quand tu donnais un exemple. Ça m'a du coup fait penser à peut-être une mise en place très facile dans le quotidien. On passe notre vie quand même derrière des ordinateurs, avec des souris. Donc, j'imagine que c'est des endroits qui sont restreints et contraints, qui ont de belles bandes de sparadraps. Est-ce que si la semaine prochaine, je veux travailler mes poignets, qu'est ce que je peux faire alors ?
Sam : Ce qui peut être bien dans un premier temps, c'est d'abord de bouger un peu les poignets. Donc pour ça, je peux poser le coude sur le bureau à tenir mon avant-bras à la verticale. Et là, je vais aller chercher sur trois axes. Je vais commencer à former une espèce de bec avec mes doigts et je vais simplement orienter les doigts vers le sol et revenir en position neutre là où j'étais au départ. Je fais une dizaine de mouvements sur cet axe et je fais les deux bras. Ensuite, je vais faire le mouvement contraire. Je mets la paume vers le ciel et du coup, je fais comme sur un plateau. Mais pour ne pas mettre trop de tension, je ne vais pas tendre les doigts. Je vais laisser les doigts se fléchir légèrement et du coup, je sens que la tension diminue dans l'avant-bras. Et là, je vais simplement revenir en position neutre donc ce que j’appelle position neutre : c'est quand la main est alignée avec l'avant-bras. Et puis, je reviens en extension, paumes vers le ciel. Je fais une dizaine de répétitions. Ensuite, je ferme le poing, c’est ce qu'on appelle une prise marteau. Et là, je vais descendre la tranche extérieure de la main. Donc, pas là où il y a le pouce, là où il y a l'auriculaire. Et je vais simplement me diriger vers le bas et on revient.
Caroline : Ça coince.
Sam : Ça aussi, ça s'améliore. On peut arriver facilement après à 90 degrés.
Caroline : C’est horrible. Vous ne le voyez pas, mais il a vraiment un angle à 90 et moi, je n'arrive pas. Ça bloque.
Sam : Il faut habituer l’articulation à venir. Donc, ça, c’est trois mouvements actifs. Ça va avec l'activité. Du coup, ça va secréter plus de synovie. On a travaillé sur les tissus, on a travaillé et en extension et en dynamique sur le muscle antagoniste. Là, on va maintenant travailler un peu sur des étirements. Pour ça, ça va être très simple. On va faire paume de main vers le ciel, je mets l’autre paume par-dessus et je tends le bras vers l'avant. Donc on tend le bras de la main qui était en dessous. Quand on tend le bras, l'épaule, elle va monter, donc on va la baisser un peu et on s'assure que le creux du coude soit vers le ciel. On fera une rotation externe super. Et là, on n'a plus qu'à ajuster l'intensité en tirant plus ou moins sur les doigts ou sur la main. Donc, l'idée, c'est d'arriver à une intensité qui n'est pas trop élevée pour ne pas stresser les tissus, mais au contraire quelque chose de mesurable, on va dire d'intensité moyenne où je sens l'étirement. Mais ce n'est pas un stress pour mes tissus. Et du coup, avec la respiration, je peux relâcher et on sent la main qui peut venir un peu plus loin, tout doucement, à chaque fois qu'on expire longuement. On peut aller vraiment très loin.
Caroline : Sammy, sa main, elle va très très loin et moi, elle est bloquée à 90.
Sam : Et on revient doucement. Et pour faire le mouvement inverse, cette fois-ci, on mettra le dos de la main vers le ciel. L'autre main vient par-dessus pour saisir la main. Je tends le bras vers l'avant. Je fais la même opération rotation externe, donc je mets le creux du coude vers le ciel. Et là, je vais maintenant tirer la main vers moi plus ou moins pour venir étirer.
Caroline : C'est hallucinant et c'est vraiment impressionnant.
Sam : Et on reste ainsi 10 à 20 secondes. Celui-ci fait beaucoup de bien puisque, comme sur les claviers, toutes les tâches qu'on a à faire tous les jours, on crispe beaucoup les mains vers le haut. Il y a beaucoup d'extension. Étiré ici, surtout en rotation externe.
Caroline : C'était ma question, justement. C'est super, on a pris un exemple très pratique. Qu'est-ce que ça va m'apporter de travailler ? En fait, je le sens déjà bien. Donc j'ai travaillé ma main gauche pendant que tu faisais les exercices et ma main droite n'a pas travaillé et ma main gauche, je la sens détendue alors que ma main droite non. Et pourtant, je ne pensais pas être tendue des poignets.
Caroline : On ne s'en rend pas compte parce qu'on s'en sert au quotidien, mais les pieds et les mains accumulent vraiment beaucoup de tension. Même là, on n'a pas exploré les muscles qui sont dans la main, mais comme c'est les premiers qui sont en contact soit avec les objets, soit avec le sol. Il y a énormément de tension dedans.
Caroline : et donc là, de travailler ses poignets, ça va nous permettre de quoi ? D’enlever les tensions ?
Sam : Déjà de retrouver une neutralité. Parce qu'on perd cette notion d'état neutre, c'est-à-dire que l'on va prendre en considération chaîne antérieure et chaîne postérieure. Donc, en gros, les muscles qui sont devant, les muscles qui sont derrière. Ces deux chaînes qui viennent travailler ensemble et qui s'opposent. Elles vont souvent être en tension et pour retrouver un équilibre neutre, les étirer. On arrive à vraiment avoir un état global proche de zéro en termes de tension, mais qui est quand même très bien équilibré. Quand ces deux chaînes sont tendues, elles sont équilibrées, mais tendues. Du coup, là c’est vraiment un état qui est un peu stressant pour le corps en général. C'est souvent d'ailleurs des tensions qu'on accumule par stress, parce que soit, on est stressé par les tâches qu'on fait. Donc on le sent quand on est stressé, même au niveau du visage, il se passe beaucoup de choses. On crispe le visage, on crispe les doigts. On va crisper un peu tout. Ça même au niveau de l'estomac, etc. Ça va se déclencher à différents endroits du corps. Ça peut être l'agencement du poste de travail. Idéalement, on aimerait que la main soit plus ou moins alignée avec le bras. Si votre clavier est un peu haut ou la main un peu trop basse, on va être obligé de lever les doigts très hauts pour taper et du coup, on va être en extension tout le temps. Donc il faut savoir que le muscle quand je ne suis pas dans un état neutre, c'est-à-dire à plat, pour que la main se lève. Il y a un muscle ici dans l’avant-bras, qui est obligé de tirer, mais du coup, si je passe trois heures la main levée. Ça fait trois heures que le muscle est en tension. Donc, pour un muscle, ça fait quand même beaucoup. Il n'a pas eu de pause. Du coup, il ne va pas être dans un état super sympa.
Caroline : En fait, ce qui m'intrigue, c'est me dire OK. Je vais faire ces exercices par exemple sur mon poignet. Détendre cette partie-là, ces muscles. Mais quel impact ça va avoir sur mon être au global ? Est-ce que je vais le sentir tout de suite ?
Sam : Tu vas le sentir en termes de neutralité, tu vas te sentir beaucoup mieux dans un état neutre.
Caroline : Je vais me sentir dans un état de bien-être en fait.
Sam : Et au-delà, il faut voir le truc un peu sur le long terme. Faut se dire que si, quelque part dans mon corps. Il faut imaginer son bras, par exemple comme une espèce de chaîne avec plein de maillons. Si un des maillons est abîmé, ça va venir directement impacter le reste de la chaîne. Donc, pour ne pas forcer sur ce maillon abîmé, je vais forcer sur un autre maillon qui va lui aussi s'abîmer, etc. Donc je vais finir par abîmer toute la chaîne parce que j'ai voulu épargner un seul maillon.
Caroline : donc potentiellement en ayant mes mains trop élevées avec mon clavier, etc. On ne le détendant pas et en ne les faisant pas bouger, elles sont très peu mobiles. Ça peut avoir un impact sur mon épaule, mes cervicales, mon dos ?
Sam : Exactement, ça va remonter. Mais souvent, ça peut commencer aux pieds et vous allez finir par avoir mal à la hanche, même sans avoir mal aux pieds, simplement parce qu'on avait soit une restriction plus importante que d'habitude ou un petit bobo. On n'a pas fait attention, ça ne faisait pas suffisamment mal, mais inconsciemment, on a un peu comme on dit, compensé avec d'autres parties du corps ou des fois, on compense avec l'autre jambe ou l'autre bras. Et du coup, on commence à avoir mal à un bras parce qu'on avait un tout petit truc à l'autre. Qu'on a épargné inconsciemment parce que le corps le fait aussi ! Inconsciemment. On se dit pas forcément tiens, je vais faire attention. C'est juste que comme le corps sait qu'il y a de la douleur ici, il va compenser automatiquement avec le reste du corps.
Caroline : C'est hyper bizarre parce que je ressens tout à fait cet effet de neutralité dans mon bras gauche qu'on a travaillé. On n’a pas fait beaucoup, mais je sens vraiment une différence entre les deux bras. C'est assez bluffant.
Caroline : Si je veux en savoir, plus sur la mobilité. Qu'est-ce que je peux aller regarder, lire ? Est-ce que tu as des choses à recommander sur la mobilité ?
Sam : Il y a plein plein de choses sur la mobilité. C'est assez simple, vous tapez mobilité sur Internet et maintenant, autant avant c'était compliqué, maintenant c'est assez simple. Il y a beaucoup de choses en anglais, beaucoup moins en français. Le mieux, c'est de lire plusieurs choses parce que même dans la mobilité, on va dire qu'il y a plusieurs champs, plusieurs courants. Il y en a qui vont privilégier les exercices avec des accessoires, par exemple, où on vient décompresser une articulation en tirant sur des élastiques dessus pour pouvoir bouger, etc. Donc là, on va avoir peut-être un effet plus immédiat qui va permettre d'utiliser sa mobilité dans la séance. Mais c'est un travail qui est peut-être où il y a un peu moins de gain sur le long terme, donc c'est plus un effet direct. On va se sentir mieux tout de suite, mais ça ne veut pas dire qu'on va énormément progresser sur sa mobilité. Et il y en a d'autres qui vont privilégier des exercices, justement, qui sont plus, comment dire, sur du travail avec du progressif loading. C'est juste le fait de mettre du poids progressivement pour aller chercher des amplitudes plus importantes. Plein de petits concepts, de petits protocoles comme ça ou là peut-être qu'on ne va pas avoir un changement direct dans la séance ou dans les semaines, mais on va avoir une progression qui va être acquise. Donc ça va mettre plus de temps. Mais on peut se dire que c'est quelque chose qu'on s'est approprié, qui va rester. Donc, du coup, il y a ces courants différents. Puis ça n'arrête pas de changer. Il y a plein de nouvelles choses qui arrivent. Moi, je pense toujours sur ce concept que le corps humain est fait pour se développer de manière générale et dans les choses qu'on utilise, c'est un peu la même chose. Plutôt que de me dire que moi, je suis preneur de cette tendance ou cette tendance, je vais plutôt dire : le mieux, c'est d’utiliser un peu de tout, parce que j'ai besoin aussi d'avoir des choses qui sont utilisables tout de suite. Donc peut être une technique qui va me permettre de développer ma mobilité dans l'instant T, ça va me permettre de mieux bouger dans ma séance. Et puis, si je veux quand même avoir des résultats sur le long terme, je vais utiliser l’autre technique pour pouvoir quand même avoir des résultats sur le long terme. Et du coup, en allant chercher le meilleur de tout, on arrive à se construire un petit peu quelque chose de plus global qui correspond mieux. Je pense que penser de manière globale, de manière générale, ça marche beaucoup mieux que de chercher à se spécialiser dans quelque chose. Il faut essayer de ne pas tomber dans les pièges “apprenez à faire si en cinq mouvements”, les trucs qu’on voit un petit peu sur Instagram, qui résout tout. Non, en fait ça ne fonctionne pas comme ça. Le corps, c'est beaucoup plus complexe. On le simplifie pour que ce soit digeste. Que ce soit pas trop compliqué, que ça ne fasse pas peur, mais en fait, comme pour l'alimentation comme pour le corps, pour tout. C'est très complexe et c'est très global. Moi, j'ai envie de dire pas trop spécialisé et être plus généraliste. Pour faire simple.
Caroline : Et donc des choses que tu nous recommanderais de lire ou de regarder ?
Sam : Le reportage sur les fascias. Ce fameux reportage sur Arte qui était vraiment très, très bien. Maintenant, il doit y en avoir pas mal de nouveau. Qu'est-ce que je peux vous donner encore ?
Caroline : Un livre même si c'est beaucoup d'Anglais, je pense, notamment à Supple Leopard, si je ne me trompe pas.
Sam : Exactement, il y en a eu plusieurs sur les postures au travail, etc. Qui est maintenant traduit en français. Donc, c'est assez simple. Qu'est-ce que je peux vous conseiller encore en termes de lecture ? Je ne les ai plus en tête.
Caroline : Ou un conseil, à la limite, vraiment ton meilleur conseil pour moi demain, si je veux mettre quelque chose en place en plus de cette technique des poignets. Mais vraiment, la chose.
Sam : La colonne vertébrale.
Caroline : OK, pourquoi ? Comment ?
Sam : C'est le centre du corps. Plus votre colonne ne va pas être mobile, plus le reste du corps va en faire les frais, entre guillemets. Imaginez que dans quelques années, votre mobilité sur la colonne diminue énormément et pas beaucoup de mouvements envisageables à part des mouvements très linéaires. Je ne sais pas un deadlift, un squat tout droit, quelque chose comme ça, mais ça reste des mouvements très finalement cadrés, très normés, alors que dans la vie de tous les jours, ce n'est pas aussi normé. En fait, et surtout, vous allez vous rendre compte que dans toutes les choses qui vont vous faire plaisir, on sort complètement du champ des choses, très linéaire, très cadré. Quand, quand vous faites, je ne sais pas, vous avez fait une partie de tennis ou de foot. À aucun moment vous pensez à vous tenir bien droit et faire des trucs très linéaires de mettre les genoux bien au-dessus du pied. Dans une certaine mesure, oui, mais quand vous allez prendre plaisir le corps, il va juste s'exprimer. Quand vous dansez, sans parler de danse en cours, juste si vous dansez pareil. Il n'y a pas trop de règles. La colonne vertébrale, elle bouge dans toutes les amplitudes. Vos mains, vos bras, dans une certaine logique, mais sans logique aussi. Je ne sais pas. Vous allez faire de l'escalade, de l'accrobranche, de la rando, vous nagez, tout ce que vous allez faire, vous vous rendez compte que la colonne vertébrale se contorsionne dans tous les sens vos bras, vos mains, vos jambes et finalement, on quitte complètement le monde du fitness où on est très linéaire, ce qui est très bien, parce que ça permet de cadrer, de protéger et de pouvoir assimiler des techniques complexes. Mais il faut aussi faire l'inverse parce que votre dos, il n'est pas censé être droit tout le temps. En fait, c'est pas dangereux de courber le dos si j’ai pas 100 kilos au-dessus de la tête. Quand on fait ses lacets, on ne pense pas forcément avoir le dos droit à chaque fois. Et je pense que si j'avais fait un dos droit toute ma vie pour faire mes lacets, je serais incapable de bouger mon dos aujourd’hui. Donc, en fait, ce n’est pas grave. La colonne, elle peut bouger comme ça, sinon elle ne serait pas comme ça, en fait. Si la colonne, elle peut faire des torsions, des flexions, des extensions, c'est qu’en fait elle est faite pour ça et c'est trop faire attention qui l’appauvrit en fait. Si on surprotège une articulation, elle devient plus faible. C'est l'effet plâtre. Donc moins je bouge mon bras, moins je pourrais bouger mon bras quand j'aurai plus de plâtre et plus les tissus ne se seront habitués à aucune pression, aucune tension. Donc, le jour où je vais bouger, je ne pourrai pas mettre beaucoup de poids, ne pas mettre beaucoup de tension. Après, pour exprimer des mouvements, c'est très compliqué. Donc, certes, souvent, quand on dit il ne faut pas faire ce geste, il faut faire attention, ceci, cela. Il y a sûrement des raisons dans l'instant T où votre coach vous demande de le faire, mais plus globalement, il ne faut pas avoir peur de faire des mouvements. Là, c'est un peu la fin de tout. Dans la limite du raisonnable, bien sûr.
Caroline : Et donc, pour la colonne vertébrale, qu'est ce que je peux faire ?
Sam : Déjà, on peut s'amuser au bureau à simplement poser la main sur le dossier à l'arrière et se retourner. J’aligne les deux épaules vers l'arrière, je peux regarder soit le mur d'en face, soit l'arrière complément. Si je n'ai pas de restriction dans la nuque, ça ne fait pas mal. Juste ça. Vous faites ça une petite dizaine de fois déjà. Votre dos, il va être très content. On peut poser les mains au sol en étant assis sur la chaise et les genoux écartés. On peut, si on veut aller un peu plus loin dans la tension : quand on pose la main sur, en haut du dossier, on va travailler un peu sur le haut du dos pour travailler sur le bas du dos. Je vais passer ma main dans le dos, je vais attraper l'assise de l'autre côté. C'est ça et avec l'autre main, l'assise. Et là, je pivote les épaules derrière, je tourne et là, c'est le bas du dos qui va twister. En expirant, on essaie de tourner.
Caroline : Merci beaucoup, c'était hyper intéressant. J'ai appris plein de choses et plein de petits conseils, de petites astuces. C'est très chouette. Merci beaucoup.
Sam : J'ai pris beaucoup de plaisir. Je peux partir un peu loin dans les discussions comme cela.
Caroline : Mais c'est hyper agréable. C'est très, très agréable. Trop chouette, merci.
Sam : Merci, si tu as encore besoin de moi, ce sera avec plaisir.