Transcription - Episode 7


La lumière rouge et infrarouge permet-elle de regénérer nos cellules ? - Idriss Troussier • 7

Caroline : Idriss, merci beaucoup d’être moi. Je suis particulièrement contente d'échanger avec toi aujourd'hui parce qu'on va parler d'un sujet, qui est un sujet assez peu connu en France. Et j'avoue que j'étais ravie de voir qu'à Nice, on avait des spécialistes. Donc, je vais te laisser te présenter et introduire le thème dont on va parler aujourd'hui.

Idriss : Eh bien, merci pour cette invitation. Donc, je suis docteur Idriss Troussier, je suis oncologue radiothérapeute et donc j'exerce à Nice. Et en effet, dans ma pratique quotidienne, nous traitons les patients par photobiomodulation.

Caroline : Est-ce que tu peux me dire un peu ce que c'est la photobiomodulation, s'il te plait?

Idriss : Alors la photobiomodulation, c'est de la lumière rouge et infrarouge que l'on va appliquer sur une zone du corps du patient et qui va permettre une modification cellulaire et apporter un bénéfice pour nos patients. Donc, en gros, c'est de la lumière qui va être absorbée par les cellules et qui va être retranscrit sous forme d'énergie via les mitochondries qui vont produire de l'ATP. Les cellules vont s'activer via cette production intracellulaire d'énergie et ces cellules qui vont s'activer vont se multiplier. Et il va y avoir donc une multiplication cellulaire et une régénération des tissus.

Caroline : Donc il y a plusieurs actions potentielles de la lumière rouge, il y a les tissus et il y a aussi d'autres ?

Idriss : D’autres applications. C’est utilisé dans différents domaines et même hors êtres humains. Je crois que c'est utilisé chez les animaux par les vétérinaires également, au niveau des plantes aussi, pour permettre de faire pousser les plantes, vraiment dans beaucoup de domaines.

Caroline : OK, comment cela marche en fait ? Concrètement, donc c’est appareil qui émet des ondes lasers, que vous mettez proche de la peau ou de la zone à traiter ?

Idriss : Alors, en fait, ce n'est plus forcément des lasers. C'étaient des lasers à l'époque, maintenant, on peut utiliser aussi des lumières LED. Et en fait, c'est des longueurs d'onde qui sont pour de la lumière rouge et infrarouge entre 600 et 900 nanomètres. Et cette lumière, elle va pénétrer dans les tissus avec une certaine énergie. Donc, la profondeur généralement entre 0,5 cm et ça peut aller en plus profond avec de l'infrarouge jusqu'à 2 ou 3 cm et ça va permettre d'activer les cellules qui sont en contact avec cette lumière et donc d'avoir une régénération des tissus.

Caroline : OK, donc en oncologie, vous vous en servez pour quel usage par exemple ?

Idriss : En fait, en cancérologie, il y a tout ce qui est chimiothérapie et radiothérapie, où les patients présentent des brûlures tant au niveau des muqueuses et au niveau de la peau. Ces brûlures, elles sont douloureuses, elles sont inflammatoires, elles gênent les patients au quotidien. Et d'appliquer cette lumière, cette photobiomodulation au niveau de la zone qui est traitée ou brûlée, permet donc aux patients d'améliorer très rapidement leur quotidien avec une diminution des douleurs, diminution donc des antalgiques et une régénération des tissus beaucoup plus rapide.

Caroline : Tu dis très rapidement c'est parce qu'ils ont peut-être beaucoup de séances par semaine ?

Idriss : Généralement, nous, on applique ça trois fois par semaine, on va dire un jour sur deux et généralement, les patients ont entre 10 et 15 séances de photos biomodulation.

Caroline : OK. Et est-ce que t'as des exemples peut-être, si tu peux en parler, de patients ont vraiment, où on a pu voir des choses assez incroyables parce qu'en fait, ce qui me fascine avec cette photobiomodulation, c'est que c'est assez récent. C'est utilisé, comme je te disais, des recherches que j'ai pu faire en France, je n’ai pas trop trouvé à part sur une liste des personnes qui s'y intéressaient, ça reste assez rare, aux États-Unis, ça a pris beaucoup d'ampleur, mais je m'interroge surtout sur le fait que ce soit très récent. Est ce qu'on a du recul ?

Idriss : alors c'est vrai qu'en France, ça commence à se développer. Il y a un diplôme universitaire qui a été mis en place sur la photobiomodulation en cancérologie à l'Institut Gustave-Roussy et l'Institut Gustave-Roussy a d'ailleurs des appareils de photobiomodulation. Il y a d'autres centres sur Paris qui commencent à en avoir et d'autres centres en province. En effet, nous, c'est vraiment très complémentaire et en fait, les appareils les plus récents, on voit des bénéfices sur nos patients au quotidien et donc c'est très concret pour nous. Pour donner un exemple, des patients qui sont en cours de radiothérapie au niveau de muqueuses ou très fragiles, par exemple la muqueuse ORL. C'est vrai qu'ils peuvent avoir des réussites avec des douleurs très intenses pour lequel il faut mettre sous morphine et la morphine cela a des effets secondaires : la somnolence, la constipation, des nausées. Et c'est vrai qu’en cours de radiothérapie, normalement, les patients ont généralement augmenté les doses de morphine. Et là, grâce à la photobiomodulation, soit les doses sont restées constantes, même les patients ont diminué leurs doses de traitements antalgiques. Donc, c'est vrai que pour nous, c'est assez rassurant parce qu'en plus de ça, ça évite d'interrompre le traitement de radiothérapie, ça permet d'aller jusqu'au bout, ça permet aux patients de mieux supporter leurs traitements. Mais d'autres exemples, ou notamment les patients qui ont eu de la chimiothérapie, que ce soit pour le cancer du sein ou cancer du poumon, ils peuvent avoir des neuropathies au niveau des mains et des pieds, avec comme des sensations de fourmillements, de douleurs, de peau un peu cartonnée qui les gêne au quotidien, qui empêchent même parfois de dormir. Et sous cette lumière rouge et infra rouge, avec cette régénération des tissus et des nerfs au niveau cutané, ils ont une diminution de leurs douleurs neuropathiques. Et on a même des patients qui ont retrouvé la possibilité de bricoler ou de retrouver la sensation fine au niveau de la main, de la pince pouce index. Et c'est vrai que c'est assez bluffant comme résultat.

Caroline : Et vraiment, c'est clair et c'est évident. Ça vient d'une exposition à la lumière rouge infrarouge ?

Idriss : Oui, tout à fait. Et c'est vrai qu'on n'avait pas ça avant. Ces douleurs, elles pouvaient perdurer dans le temps sans forcément qu'il y ait une amélioration. Et là, on a vraiment des améliorations nettes. Et même d'ailleurs, ça commence un peu à être utilisé aussi, par exemple en rhumatologie pour des douleurs articulaires. Toutes les disciplines en dermatologie, c'est beaucoup utilisé, dans l'acné, dans tout ce qui est pour inflammatoire, eczéma, même chute de cheveux. Donc, vraiment, il y a plein d'indications. Le tout est d'y penser et surtout d'avoir un appareil qui fonctionne bien.

Caroline : Normal. Et je veux bien qu'on revienne sur la définition de la lumière rouge infra rouge. Est ce qu'il y a une distinction entre les deux termes ou ça regroupe la même chose ?

Idriss : la lumière rouge, donc c’est vraiment un truc distinct, la lumière rouge c'est ce qui est visible. Normalement, il est censé pénétrer moins profondément dans les tissus et surtout à appliquer au niveau cutané et l'infrarouge, c'est ce que l'on ne voit pas, donc c'est une longueur d'onde au-dessus de la lumière rouge et qui va pouvoir pénétrer de manière plus profonde, qui va vers une pénétration plus profonde dans les tissus et donc les deux sont complémentaires et utilisés.

Caroline : OK. Est-ce qu'il y a d'autres secteurs, on va dire ça comme ça, où on pourrait, d’autres applications à la lumière rouge. Est-ce qu’autrement que pour l'oncologie, le cancer et la dermatologie, est ce qu'on pourrait imaginer potentiellement d'autres secteurs où ça pourrait venir aider la médecine aujourd'hui et même le quotidien de certaines pathologies ou pas, d'ailleurs, qu'on ait besoin d'avoir ou pas de lumière rouge juste pour quelqu'un qui va très bien ?

Idriss : C'est utilisé dans la médecine du sport, notamment pour les patients qui ont des tendinites, des périostites, tout ce qui est des blessures ou des microtraumatismes liés à leur entraînement, c'est aussi utilisé pour une meilleure récupération au niveau musculaire. Il existe même en Angleterre des cabines entières de lumière rouge et infrarouge, où la personne va pouvoir y rester généralement entre 15 et 20 minutes. Et ça va aider à régénérer à la récupération musculaire, voire même à permettre une hypertrophie musculaire et une multiplication des cellules musculaires des corps.

Caroline : D’accord, tu me disais aussi, ça avait potentiellement un impact sur l'articulation. Et là, tu viens de me parler de périostite. Il me semble, si je ne dis pas de bêtises, que la périostite, ça touche aussi à l'os. Donc, comme on parlait de tissus tout à l'heure, pourquoi est-ce qu’au final, ça viendrait aider tout ce qui touche à l'os?

Idriss : En fait, périostite, c’est vraiment l'enveloppe qui entoure l'os. Donc, il peut y avoir des inflammations de l'enveloppe qui entoure l'os, relié à des traumatismes de running ou de course à pied ou d'autres sports. Et en effet, si la lumière rouge infrarouge, si généralement souvent, l’os c'est le tibia et comme c'est vraiment en surface, généralement, on arrive quand même à ce que ça touche et que ça permet de régénérer cette enveloppe et d'enlever aussi cette inflammation. En fait, ça accélère les étapes de l'inflammation et donc ça permet de diminuer les douleurs parce qu'il y a plus l'inflammation. Voilà parce que cette lumière rouge et infrarouge permet aux tissus de se régénérer plus rapidement et accélère donc tout ce qui est récupération.

Caroline : OK, est ce que c'est allé un peu trop loin de dire, dans les trucs scientifiques de la régénérescence cellulaire et ça va nous permettre de vivre jusqu'à je ne sais pas quel âge, en quoi il y aurait une différence au final ?

Idriss : Non, c'est sûr que ça ne nous permettrait pas ce rêve d'immortalité ou tout ça. Mais par contre, c'est utilisé par la NASA pour les astronautes qui reviennent de la Station internationale pour la récupération musculaire, pour la régénération des tissus parce que les astronautes sont restés très longtemps sans apesanteur, donc, il y a une dégénérescence des muscles et des os. Et donc en fait les premiers à avoir étudié ça, c'est la NASA et avoir publié sur ce sujet et c'est encore utilisé au quotidien par la NASA. Deuxièmement, c'est aussi utilisé dans les sportifs et chez les élites, footballeurs ou équipes olympiques pour améliorer les performances sportives.

Caroline : Et oui, parce que donc, par exemple, si on prend, un joueur de foot, c'est toujours le foot qu'on prend en exemple, on leur propose de faire après un match une récupération à base de lumière rouge ou par exemple s’ils vont dans des cabines et donc les tissus se régénèrent plus vite, donc ils ont une meilleure récupération. Et hop, le lendemain, ils sont frais, ils peuvent ?

Idriss : Oui, tout à fait. Et puis dernièrement, je regardais un documentaire. Sur Mo Farah, qui a été le champion olympique à Londres du 5 km, il me semble au 10 km et on voit donc entre les séances, il utilise la cryothérapie et une cabine de photobiomodulation pour l'aider à récupérer plus rapidement et pour se remettre tout de suite à un deuxième entraînement dans la journée ?

Caroline : OK, et pourquoi, c'est peut-être bête, mais pourquoi est-ce que c’est cette lumière rouge qui fonctionne ? Quand on ne s'y connait pas trop, on sait que la lumière bleue, ce n’est pas terrible. On sait qu'il y a les UV, donc le violet, pourquoi est-ce que cette lumière rouge

Idriss : C'est vrai que les ranges de lumière, ce n'est pas la même chose et la lumière a toujours été utilisée en médecine. Et après, il est dit, par exemple, que la lumière bleue, c'est au bleu ou violet, c'est un antibactérien. Oui, les ultraviolets, c'est très mauvais au niveau cutané parce que ça accélère le vieillissement de la peau et ça peut favoriser les cancers et le rouge est infrarouge. Au début, ça a été étudié dans les études précliniques, c'est à dire sur des cellules pour voir qu'est ce qui se passait au niveau cellulaire ? Après, ça a été étudié au niveau des animaux pour voir ce qui se passait sur l'expérience animal et après, c'est passé chez les humains quand on a vu qu'en fait, ce qu'il faut surtout savoir, c'est que la photobiomodulation, il n'y a pas d'effets secondaires. Ça ne brûle pas, c'est des lumières généralement qui ne chauffent pas et qui ne brûlent pas. Donc, il n'y a pas de brûlure, du risque d'être exposé à cette lumière. Et donc, ce que l'on sait, c'est qu'au pire, ça ne fait rien, ça n'a pas permis une amélioration de la zone traitée et au mieux, ça a permis de traiter le problème que le patient a.

Caroline : Ça allait être une de mes questions parce que justement, ça peut être a priori comme ça. On pourrait dire mince. Je vais revenir sur UV et Infrarouge déjà en premier temps, je garde ce point pour un tout petit peu après. C'est donc en fait le spectre de lumière qui est différent. Et donc, c'est pour ça que ce n'est pas la même lumière et ce n'est pas aussi nocif, en tout cas, que les UV pour la lumière rouge ? Mais quand on voit, ce qui est impressionnant, quand on voit c'est vraiment très rouge. Et je me suis dit voilà, ça me permet de revenir sur le deuxième point : est-ce qu'il n’y aurait pas d'effets négatifs possibles ? Est-ce qu'on ne prend pas un risque à exposer notre peau, à se brûler ?

Idriss : Alors nous, vraiment de notre expérience, on n'a pas vu de brûlure. Vraiment, ce que c'est, comme je l'ai dit, c'est une lumière qui ne chauffe pas. Et puis, on n'a jamais vu d'effets paradoxaux ou contraires à ce que l'on a souhaité. Donc, de ne pas nuire au patient, donc on commence vraiment à avoir une certaine expérience sur le sujet et des études médicales qui sont publiées sur le sujet, ça fait déjà maintenant une vingtaine d'années où on travaille dessus, où il y a un travail dessus et donc tous les centres n'ont pas rapporté d'effets secondaires particuliers, donc c'est vraiment utilisé. Ça commence à être de plus en plus utilisé.

Caroline : OK et donc moi, par exemple, on en a eu un tout petit peu discuté, mais j'ai des taches au niveau de la peau. Si jamais j'ai envie d'essayer ce que je t’avais dit, j'ai du matériel des Etats-Unis en lumière rouge. Si j'ai envie d'essayer, je ne prendrais a priori pas de risque à voir un développement de mes taches et peut être même au final, j'arriverai à avoir plutôt une réduction de ces taches ou au pire, ça ne fera rien en fait ou je prends un risque très faible à m’exposer de la lumière rouge malgré mes taches.

Idriss : Alors ce qu'il faut savoir quand même, c'est que oui il n'y a pas de risque par rapport à exposer au niveau des taches. Par contre, si c'est au niveau du visage et que l'on expose la lumière rouge ou infrarouge au niveau du visage, il faut absolument protéger les yeux et par ailleurs celui qui applique la lumière rouge ou infrarouge, il peut recevoir aussi de la lumière et donc on lui demande aussi de protéger ses yeux avec des lunettes, qui va filtrer les longueurs d'onde de lumière rouge et l'infrarouge. Donc ça, c'est vraiment le point important parce qu'il est dit dans la littérature que ça peut toucher la rétine et abîmer la rétine. Donc c'est vrai que nous, on se veut, on protège tous nos patients et on protège la personne qui applique et se protège aussi. Donc ça, c'est vraiment le seul point de précautions.

Caroline : Et toi, ça fait combien de temps que tu travailles sur ces sujets-là ?

Idriss : Depuis mon internat, ça fait. Maintenant ça va faire. Ça fait déjà 8 ans, 8 9 ans.

Caroline : Et qu'est ce qui t'a donné envie de faire ça ?

Idriss : En fait j'ai la chance de connaître le professeur Bensadoun, qui est en fait le président de l'Association mondiale de photobiomodulation. On appelle la Walt et donc lui, c'est quelqu'un qui a toujours été précurseur là-dedans et qui a toujours cru à ce type de traitement. Et en fait, du coup, j'ai toujours j'ai passé, j'ai fait ma formation avec lui et il m'a donné cette envie de continuer et de suivre avec lui les patients et de traiter les patients. Voilà.

Caroline : OK. Je vais passer un peu du coq à l’âne, mais tu m'avais aussi parlé si je ne dis pas de bêtises, d'application sur tout le monde, gynécologique qui est plutôt quelque chose dont on ne parle pas beaucoup, mais moi nécessairement, ça a un intérêt en tant que femme, ça m'intéresse un petit peu,

Idriss : en effet, oui, c'est vrai qu’il existe des appareils qui peuvent être utilisés au niveau des orifices, notamment, donc au niveau de la muqueuse vaginale. Et du coup, l'appareil va émettre, cet appareil va se retrouver dans la muqueuse, dans le vagin et appliquer au niveau de la muqueuse vaginale va permettre une multiplication cellulaire, une régénération du tissu vaginal et peut améliorer des symptômes comme des symptômes de ménopause, avec une diminution et une amélioration des sécheresses vaginales, une diminution des douleurs lors des rapports sexuels. Et c'est vrai que de plus en plus, chez les gynéco l'utilisent, certains gynéco ont l'appareil pour leurs patientes

Caroline : et pour du post-partum. Non, il n'y a pas forcément d'applicatifs ?

Idriss : Si tout à fait. Et même d'ailleurs, les kinésithérapeutes utilisent peuvent utiliser ces appareils. Alors bien sûr, il y a la rééducation périnéale qui est faite par les kinés, mais ça peut être complémentaire des séances de photobiomodulation au niveau de la muqueuse vaginale.

Caroline : Et en France, donc, je n'en ai pas trouvé, particulièrement sur le marché français. Je n'ai pas cherché au niveau européen s'il y en avait, mais est ce qu'il y a des appareils aujourd'hui qui sont disponibles si jamais on a envie d'investir et que c'est un matériel que l'on croit.

Idriss : Bien sûr. Alors c'est un sujet qui est assez complexe parce qu'en fait, il n'y a pas de normes ou de règles. Et donc, c'est vrai qu’il faut faire un peu le tri sur Internet : est-ce que cet appareil va marcher ou pas ? Ça, c'est difficile à dire. Déjà, il y a les certifications, il faut rechercher ça. Par ailleurs, il faut essayer de voir si des utilisateurs s'en sont servis, si des centres l'utilisent. C'est vrai qu’on peut soit se faire arnaquer ou soit être déçu et dépenser beaucoup d'argent, donc il faut faire très attention sur ce type d'appareil et bien se renseigner avant pour être certain de ne pas se faire avoir.

Caroline : Parce qu’en fait, si jamais on n'a pas de pathologie particulière et qu'on est par exemple un sportif, qu'on a envie d'améliorer sa récupération sportive, comment est-ce qu'on peut mesurer que oui, effectivement, la photobiomodulation nous fera du bien ?

Idriss : C'est très subjectif, c'est sûr. Ce qui a été fait, c'est qu'il y a des études cliniques qui ont été menées avec des mesures, de notamment de regarder les temps de récupération entre chaque séance, la vitesse aussi, le périmètre musculaire, la vitesse que les sportifs pouvaient avoir au fur et à mesure et donc tout ça après des études cliniques approuvées. Et après, il y a la personne qui va voir la différence entre sans ou avec. Il y a quand même quelques kinésithérapeutes du sport ou des centres sportifs qui sont dotés d'appareils comme ça et chez qui, il y a des retours de sportifs qui sont très contents de cette utilisation. Ce n'est pas considéré comme un produit dopant.

Caroline : OK, je n’avais pas vu cela comme ça, mais OK, ça aurait pu être vu comme potentiellement d'accord, parce qu'en fait, oui, il y a une part de psychologique aussi, j'imagine dans tout ça. Donc moi, c'est vrai que c'est difficile de se dire oui, ça va marcher ou non, ça ne marchera pas parce que si jamais quelque part, notre cerveau est persuadé aussi que ce qu'on fait, c'est bien pour lui.

Idriss : S’il y a un effet placebo ? Pour nous, c'est très concret parce que chez les patients chez lesquels on l'utilise, ils ont des brûlures et ils sont très différents des brûlures déjà visibles, des douleurs intenses et des traitements antalgiques, donc, c'est vrai que par rapport à quelqu'un qui est en bonne santé ou qui n'a pas vraiment de symptômes, ça va être difficile de faire la part des choses entre : est-ce que ça s’est amélioré ou est-ce que c'est avec le temps ? C'est un peu plus complexe de faire la part des choses.

Caroline : Et chez vos patients, vous avez eu des patients vraiment, par exemple, ça faisait peut-être 4, 5, 6 mois qu’ils ont des douleurs, qu'elles ne partent pas, il n'y a pas de traitement qui est proposé et que vous vous arrivez avec votre protocole quelque part et ou du jour au lendemain, à peu de choses près, en quelques séances, vraiment, ça améliore sensiblement la vie du patient ? Et à la limite après, il va mieux et bien ?

Idriss : Alors oui, du coup, notre centre s'est rapproché d'un centre qui traite la douleur. Donc, il y a des spécialistes qui, de temps en temps, quand il ne trouve plus de solution, ils proposent, ils nous adressent le patient pour tester parce que de toute façon, qui ne tente rien n'a rien. On a eu des améliorations chez certains patients comme ça, qui avaient des douleurs chroniques qui les gênaient, qui avaient une qualité de vie dégradée et chez qui ça a eu une amélioration claire et nette. Et les patients sont clairement fous de joie. Généralement, c'est des patients qui souffraient énormément au quotidien, qui étaient handicapés, qui ne pouvaient pas sortir parce que justement, il y avait des douleurs, parce qu'ils ne pouvaient pas, ou alors des gènes vraiment très fortes, et puis là, qui d'un coup, au bout de quelques séances, ce n'est jamais après la première séance, mais au bout de quelques séances, on va dire deux ou trois semaines de traitement, voire une amélioration.

Caroline : Et sur la peau, donc, par exemple, sur la pousse des cheveux, tu disais c’est sur des patients qui sont sortis de chimiothérapie, qui sont toujours en chimiothérapie.

Idriss : Ou alors, généralement, c'est chez les patients qui sont sortis de chimiothérapie. Et après, je sais que c'est appliqué en dermatologie, dans la calvitie. Après de là à dire que ça va concurrencer les greffes de cheveux, c’est un point d’interrogation

Caroline : OK, mais si jamais on a des personnes qui nous écoutent, qui aimeraient tenter, on est preneur de retour

Idriss : exactement !

Caroline : ok. Génial !  Et toi, si vraiment tu pouvais me donner la personne ou peut-être l'expérience qui t’a le plus bluffé, marqué, ou certaines petites anecdotes comme ça, qui t'ont vraiment particulièrement marqué ?

Idriss : Clairement, il y avait un patient qui était bricoleur, où c'était sa passion et qui ne pouvait plus bricoler, il y a des douleurs au niveau des mains et du coup, son usage, il ne pouvait plus du tout prendre des outils, où c'était beaucoup plus difficile. Et après les lumières rouges, il a pleuré de joie d'avoir retrouvé l'usage de ses mains, de ne plus avoir ces douleurs, de retrouver cette passion. Et c'était touchant parce qu'il pleurait de joie ce matin. J'en ai un autre aussi, il n’y croyait pas du tout, c'est un très sceptique, il disait de façon, j'ai déjà essayé tous les traitements, rien ne marche et en fait, il avait des douleurs au niveau cutané, au niveau des jambes liées à un diabète de type 1 qui avait donc touché les nerfs et donc il avait des douleurs neuropathiques au niveau des jambes. Il souffrait énormément et il y a eu une amélioration de ses douleurs. Il a pu redormir. Et là aussi, lui qui était très sceptique était vraiment impressionné d'avoir ce changement.

Caroline : Et est ce qu'on peut revenir un tout petit peu, du coup, que j'ai passé très vite cette partie-là ? Mais au final, c'est une partie qui m'intéresse aussi sur le fonctionnement des mitochondries, comment ça marche ? Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qu'elles permettent ? Parce que ça ne parle pas forcément à tout le monde, est ce qu'on peut y revenir un peu, peut-être ? Tu peux nous faire un petit cours de médecine en cinq minutes.

Idriss : C'est donc une cellule, elle est composée du noyau où il y a l'ADN et il y a le cytoplasme qui entoure ce noyau. Et dans le cytoplasme, il y a des mitochondries qui sont des petites usines à gaz, qui produisent de l'énergie, qui permettent le bon fonctionnement au niveau cellulaire. Et ces petites usines à gaz, en fait quand il y a de la lumière rouge et infra rouge qui arrive, elles absorbent cette lumière rouge et infrarouge et ça active la chaîne respiratoire et donc il y a le complexe de protéines qui va permettre la production d'énergie et en activant cette chaîne respiratoire, il y a une production d'ATP. L’ATP, c’est l'énergie de notre cellule et est relarguée dans le cytoplasme et va activer la cellule avec une activation des enzymes. Ces enzymes, ces protéines vont aller dans le noyau activer la réplication de l'ADN et donc la cellule va passer d'un état qui est sans à une cellule active d'un cycle cellulaire, se multiplier et permettre donc une régénération des tissus. On voit même dans certains tissus une revascularisation avec des vaisseaux qui réapparaissent. Donc ça permet vraiment de passer d'un état, on va dire inerte à un état actif.

Caroline : Donc elles aident les cellules déjà existantes et aussi la multiplication de nouvelles cellules quelque part ?

Idriss : C’est cela, elles partent des cellules existantes. Et ces cellules existantes se multiplient.

Caroline : OK, mais écoute, c'est super clair. En fait, je suis intimement convaincu de la lumière rouge et je trouve ça génial. L'exemple que tu donnes avec les plantes, j'ai trop envie de tester.

Idriss : C'est vrai que c'est hyper intéressant et en fait, c'est la NASA qui l'a utilisé au début pour faire pousser les plantes sur la Station internationale.

Caroline : En fait, il fait partie, je pensais, puisque tu as mentionné la NASA tout à l'heure, mais je pensais que c'était pour la récupération des astronautes qu’ils s'étaient intéressés à la lumière rouge

Idriss : Pour les deux. Et en faisant les expériences, c'est eux qui ont été les premiers à publier sur ce sujet.

Caroline : Donc, aujourd'hui, il y a beaucoup d'experts où ça reste comme je te disais, voilà vraiment en cherchant, c'est parce que je lis pas mal de littérature en anglais et donc américaine que j'ai découvert ça, mais en France, c'est vraiment, j'ai l'impression que ce n'est pas du tout quelque chose qui est connu.

Idriss : Ça commence à se démocratiser, comme je disais, les gynécos commencent à avoir des appareils, les kinésithérapeutes, les dermatologues, les oncologues. Donc ça commence à se démocratiser. Et bien évidemment, c'est des gens, c'est des personnes, des médecins ou des paramédicaux qui se forment, c’est des personnes qui ont envie d'avoir des traitements complémentaires en plus des traitements conventionnels pour aider au mieux les patients. Et en effet, ce que je disais aussi, ce qui a mis aussi un peu un frein à cette évolution, c'est qu’il faut tomber sur les bons appareils avec des appareils qui fonctionnent. Parce qu'en effet, si on investit d'énormes sommes dans un appareil où on voit qu'il n'y a pas de résultats cliniques, forcément les médecins comme les patients vont être déçus et ça ne va pas permettre l'essor de cette discipline, donc oui, en effet, c'est ça qui est un peu, je pense, qui fait ralentir un peu l'essor de la photobiomodulation, c'est que demain, on peut chacun créer son appareil et qu’après, si on n'a pas le bon, ça ne va pas donner envie aux autres collègues d'acheter ce type d'appareil

Caroline : et donc disais : regarder, faire attention au fait que ce soit modifié et réglementé, c'est eux. Mais est ce qu'il y a peut-être un spectre auquel il faut faire attention ?

Idriss : Après, c'est vrai qu'il y a eu, il y a pas mal de données. Disons des doses que la lumière rouge infrarouge va délivrer une énergie spécifique. Mais je pense que le plus important, c'est vraiment de vérifier par rapport aux utilisateurs. Voir aussi si jugé aussi dans le domaine médical et quels sont les centres qui sont équipés et quels sont les retours des centres qui ont ce type d'appareil. Et c'est le plus important. C'est de voir que c'est déjà un appareil qui est reconnu et qui est produit on connait les normes, qui a été certifié, voilà. Donc il y a vraiment plein de données et c'est vrai qu'il faut bien se renseigner.

Caroline : Et petite question tu l’utilises toi ?

Idriss : Alors il m'est arrivé de l'utiliser pour une tendinite, en effet, où j'ai eu une récupération assez rapide de cette tendinite et aussi au niveau cutané lorsque je me suis blessé en tombant, j'avais donc une cicatrice au niveau de la peau et ça a permis de ne pas avoir de cicatrice inflammatoire ou de régénérer beaucoup plus rapidement au niveau cutané. Donc oui, j'ai utilisé

Caroline : Tu es utilisateur…

Idriss : j'en suis très content.

Caroline : ça marche, et bah merci beaucoup Idriss, c’était une bonne source sur la photobiomodulation, ça permet de reposer un petit peu des bases sur ce que c'est, à quoi ça sert ? Quels sont les traitements ? Les domaines dans lesquels on l'utilise aujourd'hui ? Et je t’avoue c’est rassurant de voir aussi que ce n'est pas forcément dangereux. Au pire, ça ne fera rien. Ça, c'est chouette,

Idriss : au pire, ça ne fera rien. Et surtout, attention de bien protéger ses yeux quand on l'utilise. Voilà les deux conseils.

Caroline : Top, merci beaucoup.

Idriss : Merci à toi!