Transcription - Episode 4

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Magali Walkowicz - Améliorer ses performances grâce au régime cétogène : le gras c’est la vie - #4

Caroline :  Bonjour Magali, je suis ravie d'échanger avec vous aujourd'hui sur le régime cétogène.

Magali : Bonjour Caroline, ravie aussi de participer à ce podcast

Caroline : C'est un plaisir. Donc, Magali, je vais vous laisser vous présenter, expliquer un petit peu votre background et puis me dire aussi comment vous êtes tombée dans le régime cétogène.

Magali : Oui, je suis diététicienne, nutritionniste, spécialiste des régimes pauvres en glucides en général, pas uniquement cétogènes, mais je travaille bien sûr avec le régime cétogène la majorité du temps puisque c'est pour cela que je suis le plus sollicitée. J'ai un parcours assez atypique par rapport aux autres diététiciennes. C'est-à-dire que j'ai commencé par des études de philosophie, puis je me suis orientée vers le journalisme. En journalisme, au départ, j'ai travaillé un petit peu dans différents domaines et rapidement, je me suis intéressée à la santé et à la nutrition en particulier. Donc c’était à la base pour approfondir mes connaissances, pour être une meilleure journaliste.

Caroline : OK,

Magali : J'ai alors décidé d'entamer des études de diététicienne. Et puis, finalement, j'ai décidé de travailler en tant que diététicienne. Donc j'ai abordé mes études avec une autre approche, je pense que les autres étudiants, puisque j'étais bien au fait des résultats des dernières études scientifiques, des contradictions qu'il pouvait y avoir dans ce qu'on disait de manière classique, dans ce qui était répandu au niveau de la diététique. Donc, j'ai entamé mes études de manière assez critique finalement, avec la volonté d'acquérir des connaissances dures sur le corps humain, sur la science des aliments, etc. Mais pour la partie régime, je les ai abordés, ces études-là, de manière assez critique, avec un certain recul. Et évidemment, j'ai pu voir qu'il y avait des choses qui n'allaient pas dans les régimes qui étaient prescrits, dans les recommandations qui étaient données, dans la formation qu'on recevait, nous, en tant que professionnels de santé et de l'alimentation. Donc naturellement, quand j'ai commencé à exercer, j'ai décidé d'exercer plus avec les résultats de la recherche scientifique et donc plus avec des régimes low carbs qu'avec d'autres régimes, puisque la recherche dans tous les domaines nous montre qu'il faut aller vers une restriction des glucides pour être en bonne santé.

Caroline : Oui, je vous interromps juste. En effet, pour peut-être revenir sur la définition du régime cétogène, dont on a parlé au tout début et du régime low carb, ce qu'on appelle. Est ce que ça vous embête une définition ?

Magali : Non. Alors, un régime local, c'est un régime qui est pauvre en glucides. Donc, c'est un régime dans lequel on exclut tous les aliments qui sont de forte source de glucides, donc la majorité des fruits, les féculents, le pain, le sucre et tout ce qui est tout ce qui est dérivé. En fait, tous les aliments sucrés, les viennoiseries, les gâteaux, etc. Et où, on se concentre sur les aliments peu glucidiques, donc, les fruits les moins glucidiques, les légumes, tout ce qui est viande, poisson, œuf, tout ce qui est dans les alternatives végétales, tofu, seitan, etc. Tout ce qui est graisse, finalement, graisse pure, l'huile, aliments gras comme les crèmes, les crèmes fraîches, le beurre, les oléagineux. Donc ça, c'est vraiment pour. On se concentre sur ces aliments-là. On fait surtout attention à exclure tous les aliments qui sont de fortes sources de glucides. Le cétogène, c'est une version lowcarb de l'extrême. On va dire qu'on se concentre sur les mêmes aliments. Donc, on exclut toujours tout ce qui est forte source de glucides. On garde la viande, le poisson, les œufs, on garde les oléagineux, on garde les graisses, on garde aussi les légumes et on garde aussi éventuellement certains fruits. Mais tout ce qui contient des glucides parmi ces aliments-là, c'est à dire les légumes, les oléagineux, certaines crèmes végétales, par exemple, on va les quantifier de manière stricte, de façon à apporter très, très peu de glucides à l'organisme.

Caroline : Et quand vous dites très, très peu, donc je sais que c'est en règle générale, on conseille moins de 20 grammes de glucides ?

Magali : Moins de 50,

Caroline : Moins de 50, Ok

Magali : Moins de 20 grammes, c'est vraiment dans un régime cétogène extrême, qu'on utilise éventuellement pour lancer une perte de poids, qu'on utilise aussi pour des personnes qui ont de gros problèmes de gestion de la glycémie, dans le cadre de certains diabètes, dans le cadre de résistance à la perte de poids sur le long terme. Ensuite, pour certains profils, on peut aller tout à fait jusqu'à 50 grammes de glucides par jour, il n'y a pas de souci. En fait, un régime cétogène, c'est un régime qui va amener un état de cétose. C'est ça la définition du régime cétogène. Amener l'état de cétose peut se faire de différentes manières, on peut y arriver avec 20, 30, 40, 50, voire 60 grammes de glucides dans certains cas. Tout dépend du profil du patient. Mais dans tous les cas, il faut qu'il y ait cette restriction glucidique là. Il faut qu'il y ait un apport de gras assez important parce que le but, c'est que le corps se mette à carburer aux graisses transformées en corps cétoniques et non plus aux glucides, non plus au glucose.

Caroline : Pourquoi vous êtes orienté plus sur ce régime cétogène par rapport à vos recherches et par rapport à ce que vous avez pu lire et aux recherches scientifiques, notamment, qu’un régime alimentaire normal basé sur ce qui ne fonctionne pas à base de glucose et de glucides ?

Magali : Tout simplement parce que c'est un véritable régime thérapeutique

Caroline : Pourquoi ?

Magali : Très peu de régimes sont thérapeutiques, beaucoup de régimes ont beaux être des régimes pour limiter des symptômes, mais véritablement thérapeutiques, il y en a très, très peu et le cétogène, c'est un outil thérapeutique dans de nombreuses pathologies. Déjà, à la base, c'est un régime qui a été mis en place pour les enfants épileptiques. On arrive à stopper les crises d'épilepsie sans aucun médicament, dans de nombreux cas, pas dans tous les cas. Il y a des cas où il y a des épileptiques qui sont résistants, mais dans de nombreux cas, on arrive à stopper les crises d'épilepsie sans médicaments. Le fait que les neurones s'alimentent de corps cétoniques au lieu de s'alimenter de glucose, en fait, ça amène cette action thérapeutique là. Dans le même ordre d'idée, on arrive à traiter les migraines avec un régime cétogène. On arrive à les traiter sans prise de médicaments. Il y a des similitudes entre la migraine et la crise d'épilepsie. Donc, c'est la raison pour laquelle le régime, puisqu'il fonctionne sur les crises d'épilepsie, va fonctionner également sur les migraines. C'est un régime avec lequel aussi, on peut traiter le diabète de type 2 assez facilement et assez rapidement. D'ailleurs, c'est le

Caroline : C’est le diabète qui est un diabète qui survient quand une personne s'est, entre guillemets, mal alimentée ?

Magali : Oui, exactement. Après, il y a une prédisposition génétique aussi assez forte, mais c'est ce qu'on appelle le diabète sucré en fait. C'est exactement ce diabète de type là, en laboratoire, pas qu'en laboratoire, il y a des équipes de recherche même, qui ont montré qu'on arrivait à venir à bout du diabète de type 1 avec un régime cétogène très, très stricts. Bon, là, c'est vraiment un cas particulier, ça a été vu pour le moment, vraiment, au cours d'études scientifiques menées sur des animaux, soit sur l'humain. Mais pour le moment, je ne peux pas dire que moi, j'ai pu voir, avoir ce résultat là en cabinet. Par contre, pour un type 2, c'est très facile à inverser avec un régime cétogène. Il y a d'ailleurs des cliniques qui travaillent avec au Canada et les cliniques Reversa, qui inverse le diabète de type 2 avec un régime cétogène.

Caroline : J'allais justement vous demander sur le régime cétogène, qui est un régime alimentaire avant d'être un régime diététique. Je crois qu’à la base, c'est surtout, en effet des scientifiques, qui se sont intéressés à cette alimentation. Et donc, j’allais vous demander, en effet, les preuves quelque part, les études qui ont pu être faites. Est ce qu'on a du recul sur ces études-là ? Et est ce qu'il y a eu plusieurs études, vraiment plusieurs vagues pour démontrer que oui, le régime cétogène pouvait être un régime thérapeutique aussi bien chez les diabétiques que chez des personnes souffrant de migraines ou que chez des enfants ayant des crises d'épilepsie. Quel est le recul scientifique par rapport à cela ?

Magali : Il existe pas mal d'études scientifiques qui ont été faites soit directement sur le régime cétogène. Beaucoup ont été faites sur des lignées de cellules sur des modèles animaux, mais quelques études ont été faites sur l'humain. Actuellement, dans le cadre du cancer, il y a des études qui sont faites sur l'humain, après de bons résultats sur des modèles animaux. En fait, les études démarrent sur des modèles, sur des patients et on va avoir les résultats d'ici peu. Il y a quelques études qui ont été faites sur l'humain qui ont été déjà publiées. Il y a notamment l’équipe de… Ce sont des chercheuses allemandes, elles ont écrit un livre qui s'appelle : « Le régime cétogène contre le cancer ». J'ai oublié le nom …

Caroline : Je mettrai les références, ne vous embêtez pas

Magali : En fait, elles ont fait une étude sur des patientes atteintes de cancer du sein avec d'excellents résultats. Il y a d'autres études qui ont été faites aux Etats-Unis. Toutes ces études-là sont facilement consultables parce que les études scientifiques sont publiées en ligne. A partir du moment où elles ont été validées, elles sont publiées. Elles sont publiées en ligne et facilement accessibles. Après, il y a d'autres études. Je pense notamment dans le cadre du cancer, où il y a parfois des études qui ne montrent pas forcément, comment dire, qui n'ont pas été faites sur le régime cétogène en lui-même, mais qui sont des preuves que le régime cétogène est une bonne chose. Par exemple, des études qui ont été faites, qui ont montré le lien entre le niveau d'insuline élevé et cancer, entre glycémie élevée et cancer. Vous voyez ? Et ensuite, il y a plein d'études qui montrent qu'une glycémie élevée est plutôt défavorable aux patients dans le cas d'un cancer. Des études qui montrent qu'avoir un taux d'insuline élevé est défavorable pour un patient atteint de cancer et le régime cétogène est un régime qui abaisse fortement la glycémie, qui affecte fortement le niveau d'insuline. Il n'y a pas d'autre régime qui abaisse autant ces paramètres-là. Vous voyez donc, même si ce ne sont pas des études qui ont été menées sur le régime cétogène, ce sont des études qui montrent que les bienfaits qu’amène le régime cétogène sont des bienfaits qui sont favorables à un patient atteint de cancer.

Caroline : Justement, pour rentrer dans les bienfaits du régime cétogène, qu'on soit atteint d'une pathologie ou pas, quels sont ses bienfaits ?

Magali : Les premiers bienfaits, en fait, ça va être le fait d'avoir une glycémie qui va rester assez stable, donc une glycémie qui est assez stable, ça veut dire moins de fringales sur la journée et une meilleure concentration sur la journée. De meilleures performances intellectuelles, ça aide. Tout le monde le dit, toutes les personnes suivant un régime cétogène, sentent qu’il y a quelque chose au niveau de l'intellect, en fait, qui se passe. Il va y avoir, en général, une meilleure digestion, moins de lourdeurs, un meilleur sommeil dans la majorité des cas, plus d'énergie sur la journée. Pour les personnes qui souhaitent perdre du poids, en règle générale, quand le régime est bien cadré, il permet une perte de poids et donc d'avoir un poids, soit stabiliser le poids, soit perdre du poids. Gagner du poids avec un régime cétogène est un peu plus difficile. Ce n'est pas impossible, mais c'est beaucoup plus difficile. Voilà en fait : un mieux-être général.

Caroline : Est-ce que vous avez des patients qui viennent, voire qui vous consultent, qui ne savent pas que, quelque part, vous pratiquez ou vous faites ce que vous faites, peut-être qui pratiquent déjà d'autres régimes que le régime cétogène ? Est-ce que parmi les patients qui viennent vous voir, il y en a qui ne sont pas au courant ou auxquels vous allez proposer une alimentation cétogène ? Est-ce vraiment eux-mêmes ? Vous avez des témoignages de personnes qui sont sincèrement bluffés par un régime cétogène ?

Magali : En fait, ça m'arrive plus au début quand je travaillais avec le régime cétogène, qui était moins popularisé, où j'étais peut-être aussi moins connue pour ce régime-là. Mais ça m'arrivait d'avoir des patients qui ne connaissaient pas du tout ce type d'alimentation et que je pouvais être amené à mettre sous cette alimentation. C'est quelque chose de très dur à faire en revanche, quand le patient arrive, qu’il n'en a jamais entendu parler. C'est très dur parce qu'il y a un travail à faire avant. C'est un régime qui, je pense qu'on ne peut pas mettre en place si on ne le connaît pas, si on n'a pas déjà une certaine culture, si on ne s'est pas déjà renseigné. Et oui, ça m'est arrivé de mettre un patient au régime cétogène sans que celui-ci, en fait, n'y ait pensé, ne connaisse le régime et qui ait été bluffé par les résultats. Mais maintenant, c'est rarement arrivé parce que, comme je vous disais au départ, c'était assez difficile de mettre un patient au régime cétogène sans que lui s'y soit intéressé au préalable. Donc déjà, ça reste quelque chose d'assez, d'assez marginal. Et maintenant, je n'ai plus du tout de recul là-dessus parce que je n’ai que des patients qui me sollicitent pour avoir un régime cétogène ou pour avoir un régime low carb ou autre pour cette spécificité-là en fait.

Caroline : D’accord, et des patients, peut-être, atteints de pathologies qui viennent, qui vous sollicitent pour le régime cétogène mais pour lesquels vraiment vous avez eu des évolutions assez bluffantes ?

Magali : Alors ça oui. De toute façon, la plupart de mes patients sont des patients qui ont des problèmes de santé graves. Je suis sollicitée pour la minceur, ça arrive, mais le plus souvent, c'est je suis sollicitée dans le cadre de cancers en fait. C'est vraiment le plus gros de ma patientèle. Après, j'ai également des pathologies neurodégénératives en seconde intention, avec des résultats assez bluffant. Dans le cadre du cancer, je vois bien qu'il y a. J'ai travaillé en oncologie, il y a déjà des années et je vois bien que le régime apporte énormément de bénéfices, même si à la fin, quand il y a les résultats des examens qui sont bons, on ne peut pas vraiment dire c'est la chimio qui a marché, c'est le régime qui a marché. C'est très compliqué de séparer et de dire c'est ça qui a marché le plus, mais n'empêche qu’à ce que je vois et ça c’est avec l’expérience que je vais parler, c'est que ce sont des patients… Je n'ai pas l'impression d'avoir systématiquement des patients malades en face de moi. Quand je travaillais en oncologie, je trouvais que la maladie, les patients portaient davantage la maladie. Les patients qui sont sous régime cétogène, sont plus en forme, ont un meilleur moral. Ça aussi, c'est l'effet des corps cétoniques, il y a un des trois corps cétoniques qui a un effet euphorisant. Ce sont des patients qui maintiennent mieux leur état nutritionnel. Beaucoup de médecins sont effrayés par ce que peut faire le régime cétogène sur l'état nutritionnel du patient et leur disent : vous allez être dénutris, vous allez perdre trop de poids… Non, justement, non. Avec le régime cétogène, on prend le contrôle de l'alimentation, c'est à dire que tout est finement calculé. L'apport de protéines, l'apport de glucides, l'apport de lipides. À partir du moment où je prends le contrôle de tout ce que va manger le patient et des quantités qu’il va ingérées, il n'y a pas de risque de dénutrition puisque l'apport de protéines… « La dénutrition en fait, c'est quand le patient perd trop de muscle, c'est à dire n'a pas assez de protéines, il perd trop de muscle et du coup s'affaiblit et lutte moins efficacement contre la maladie ». Garder un bon état nutritionnel, ça passe par une quantité suffisante de protéines. L'apport de protéines est finement calculé. Il n'est pas en deçà pour justement éviter la dénutrition. Il n'est pas non plus au-dessus, ce qui pourrait favoriser aussi le cancer, c'est un autre discours mais, il faut faire attention aussi aux protéines. Si je décide que le patient perd du poids, conserve du poids ou gagne du poids, tout ça, je le traduis en fait en termes de quantité de lipides et de glucides. Donc, tout est finement cadré. Donc déjà, il n'y a pas de risque, le patient garde un bon état nutritionnel, garde une bonne immunité aussi. Ensuite, ce sont des patients qui ont en général plus rapidement, de meilleurs résultats lors des examens de contrôle. Tout ce qui est facteurs de l'inflammation, ce qui est très important dans le transfert restent à des niveaux plus bas, les glycémies sont mieux maintenues, le taux d'insuline est mieux maintenu, il y a les marqueurs qui ne régressent plus. Les marqueurs du cancer qu’on teste et après ça dépend des types de cancers, il y a des marqueurs qui sont spécifiques aux marques, au cancer du sein, d'autres cancers du foie et d'autres… Ensuite aux examens d'imagerie médicale, en règle générale, les choses s'améliorent plus rapidement. Après, c'est très difficile de dire, je le redis, c'est le régime cétogène, c'est la chimio ou si c'est le traitement classique. Mais en tous les cas, quand il y a une combinaison de tous ces éléments, quand le patient est à la fois aux traitements classiques et des à-côtés comme le régime cétogène, une hygiène au niveau de l'activité physique, une prise en charge du bien-être général, du stress, etc. Quand il y a tous ces à-cotés-là, on voit que les choses vont mieux plus rapidement. Dans le cadre où c'est assez spectaculaire, est là où on sait de manière claire que c'est le régime cétogène finalement qui donne d'excellents résultats, c’est dans le cadre de Parkinson ou d'Alzheimer. Ça peut être bluffant ! Les résultats obtenus peuvent vraiment être bluffants.

Caroline : Et pourquoi pour ces deux maladies là, on est presque certain que réellement, c'est le régime cétogène qui fait la différence ?

Magali : Alors, tout simplement parce que ce sont des maladies qui ont des symptômes qu'on ne peut pas nier, qui sont là ! Des symptômes forts et que c'est à l'introduction du régime qu'il y a une régression.

Caroline : D’accord, c'est vraiment le seul paramètre, on va dire qu'on change dans l'approche de prise en charge du patient ? Ça va être son alimentation. On met simplement en place un régime cétogène et on voit tout de suite ou quelque peu, peu de temps après, des impressions ?

Magali : En général, trois à quatre semaines après, on commence à avoir des premières améliorations. Il y a des patients sur lesquels il n'y a aucun effet, des patients où la maladie se met à évoluer moins vite, où il y a des petits effets positifs, mais on sent qu'il y a une évolution qui ralentit chez d'autres patients. C'est spectaculaire !

Caroline : Et quand vous dites spectaculaire, c'est spectaculaire par exemple, quelqu'un qui a Alzheimer va commencer à se ressouvenir de certaines choses dont il ne se souvenait pas ?

Magali : Oui, j'ai le cas d'une dizaine d'une patiente, qui a d'ailleurs pas mal témoigner à ce sujet, même auprès de France Alzheimer, même les médecins, finalement, avaient du mal à … Cela a été assez spectaculaire ! Je pourrais, même si des fois vous voulez la joindre, je pourrais vous donner ses coordonnées. Au début, elle venait me voir avec son infirmière maintenant… Alors c'est une dame qui était vraiment, plus de souvenirs immédiats, incapable de se faire à manger, incapable de conduire. Cette dame reconduit, donc, vous vous rendez compte elle reprend la voiture, elle reconduit. Elle a à nouveau sa mémoire qui fonctionne bien. Elle arrive à se refaire à manger. C'est impressionnant ! Et Même si elle a toujours les marqueurs d'Alzheimer qui sont présents, mais elle n'en a plus véritablement les symptômes. Et là, même si des fois ça vous intéresse, je pourrais vous communiquer le numéro, le mail de son infirmière parce que là, il y a toutes les preuves.

Caroline : Oui, ça m'intéresse de voir un cas concret de pouvoir échanger avec quelqu’un…

Magali : Il y a toutes les preuves. Et voilà, c’est spectaculaire ! C'est une dame qui, par contre, a eu la chance d'être bien entourée pour le démarrer. Parce que le problème des patients atteints d'Alzheimer, c'est que s'ils ne sont pas entourés, ils ne peuvent pas le mettre en place tout seul leur régime. Donc, elle a eu cette volonté là, mais elle a eu toute une équipe médicale autour qui l'a entouré.

Caroline : Et j'allais vous demander justement : qui a proposé à cette dame ? Je ne pense pas que ça vienne d'elle ?

Magali : Si, ça vient d'elle dans un moment de lucidité. En fait, cette dame était hospitalisée dans une clinique : clinique du Souffle parce qu'elle avait des problèmes d'asthme. Et dans cette clinique, il y a un médecin qui a donné une conférence.

Caroline : D’accord, alors elle l’a entendu par un médecin

Magali : Elle l'a entendu parler et c'est parti de là. C'est elle qui m'a envoyé le premier mail. C’est elle vraiment qui m'a contacté avec ses mots à elle. Et là dernièrement, les dernières lettres qu'elle m'a écrites, c'était vraiment… assez impressionnant

Caroline : Je suis intéressée de savoir justement, creuser le fait qu'en hôpital, on ait pu tenir une conférence sur le régime cétogène parce que j'ai l'impression, en tout cas d'un point de vue très extérieur et absolument pas dans le secteur de la santé, que c'est quelque chose qui n'est pas très en avant.

Magali : Oui, ce n’est pas reconnu dans toutes les cliniques privées. Et oui, ce n'est pas du tout reconnu parce que ça fait peur. En fait, ça fait peur dans le sens où on est très loin du manger cinq fruits et légumes par jour, manger des produits laitiers à chaque repas, attention aux graisses et au sel. On est à l'opposé de tout ça et malheureusement, mais c'est comme pour tout, je crois, ce qui n'est pas connu, effraie. Et même si on attend du corps médical qu'il soit ouvert à tout, ce n'est pas le cas. En fait, c'est plus facile de rejeter ce qu'on ne connaît pas que d'accepter de dire je ne connais pas, je vais m'y intéresser parce qu'il y a une forme de mépris aussi dans le refus de ce régime.

Caroline : Oui, complètement.

Magali : Le côté méprisant, mais en fait, c'est plus facile d'être méprisant quand on ne sait pas que d'avouer qu'on ne sait pas.

Caroline : Et si je ne dis pas de bêtises, il me semble qu'en Suède, je crois, ou en République Tchèque, je suis à peu près sûre de moi, c'est passé comme étant le régime alimentaire au niveau du gouvernement. En tout cas, ils ont changé les directives nutritionnelles d'État, il me semble ou pas ?

Magali : Ça, je ne sais pas… En Suède, dans tous les cas, il y a eu des recommandations qui datent d'il y a déjà longtemps où le conseil scientifique en fait, qui travaille sur les recommandations, avait dit que finalement, les régimes les plus sûrs pour la perte de poids, c'étaient les régimes low carbs, pauvres en glucide. Que c'était la restriction glucidique qui donnait de meilleurs résultats, qui donnait des régimes tenables sur le long terme. Voilà, des régimes avec de meilleurs résultats sur le long terme, au niveau poids, au niveau santé. Voilà la Suède.

Caroline : D'accord. Et tout à l’heure, vous avez mentionné le fait qu’il y ait un des trois corps cétoniques. Donc, je ne savais pas qu’il y a trois corps cétoniques alors ça m'intéresse de revenir sur ces notions-là. Est-ce que vous pourriez définir les trois corps cétoniques ?

Magali : Alors là, je ne les ai même pas, je n’ai pas les noms en tête là. Il y en a 3, il y en a un qui …  je vous les donnerai tout à l'heure.

Caroline : OK, Top ! Est ce qu'on peut, à la limite, peut-être revenir sur une analyse du régime cétogène dans le cadre de personnes qui ne sont pas atteintes de pathologies et donc dans le quotidien d'une personne. Qu'est-ce qu'on peut mettre en place ? Comment le met-on en place et quelles peuvent être les valeurs, les bénéfices dont on a déjà un peu parlé, mais qu'une personne devrait ressentir relativement rapidement après avoir mis en place un régime, etc.

Magali : Première semaine, il va y avoir ce qu'on appelle la grippe cétogène. La grippe cétogène donc, la première semaine ne va pas être agréable, ça va être plutôt des maux de tête, de la fatigue, des nausées. Il y a tendance à avoir des allergies, des symptômes allergiques beaucoup plus fort, y a tendance à avoir des douleurs, des douleurs chroniques, des douleurs beaucoup plus fortes au départ. Ensuite, au bout d'une semaine, on commence à ressentir un mieux-être, moins de fatigue, moins de faim, moins d'envie de manger entre les repas pour ceux qui ont tendance au grignotage. Ce sont ces principaux bénéfices-là qui vont arriver. Une perte, par exemple, des personnes qui font de la rétention d'eau, il va y avoir une perte de cet excès d'eau puisque le fait de maintenir l'albumine à un niveau bas, en fait, ça va faire, pas l'albumine, pardon. Le fait de l'insuline à un niveau très bas au niveau du sang, ça va faire que les reins se mettent à rejeter beaucoup plus d'électrolyte, notamment du sodium et les liquides de l'organisme suivent le sodium. Donc il y a une fuite d'eau assez importante. Et chez les femmes, ça, c'est très intéressant puisque nous, on a tendance à retenir beaucoup d'eau. Ensuite, il y a une perte de poids qui s'amorce quand il y a un besoin de perte de poids. Ça va être une meilleure concentration, déjà tout ce qui est effet sur l'intellect, on va le sentir très rapidement

Caroline : Et vous avez dit perte. Donc grâce à l'insuline, on a un niveau plus bas et beaucoup plus d'électrolytes. Est-ce que juste, on peut donner une petite définition des électrolytes pour ceux qui ne savent pas ?

Magali : Le sodium, potassium, magnésium, calcium, tous ces ions-là en fait, c’est cela les électrolytes.

Caroline : Et quel est leurs rôles ?

Magali : Alors là, il n'y a pas qu'un rôle, il y a des tas de rôles, ils rentrent en jeu dans tout. Dans toutes les fonctions de l'organisme. On ne peut pas donner un rôle précis parce qu’en fait ils jouent un rôle actif. Par exemple, le sodium, le potassium vont jouer un rôle sur l'équilibre des liquides de l'organisme. Mais après, ils jouent un rôle aussi sur le fonctionnement du cœur, les battements cardiaques, sur la tension artérielle, sur tout dans l'organisme, ils peuvent être en ondes tantôt des cofacteurs, tantôt avoir un rôle plus direct, c'est très vaste. On ne peut pas cibler un rôle précis en fait, ils jouent un rôle dans tout. On en a besoin et leur présence est essentielle dans l'organisme.

Caroline : Et si on a envie de débuter une diète cétogène, comment on s'y prend ?

Magali : Tout simplement, alors idéalement, il faut consulter. C'est quelque chose qui est recommandé parce qu'on lit beaucoup de choses sur Internet et tout n'est pas forcément juste ou justifié. Mais après, en fait, on y va direct. Ça ne sert à rien de passer par des étapes. On commence par supprimer tout ce qui est féculents, pain, sucre, produits sucrés. On repère les fruits. Si on veut continuer à consommer des fruits, on repère les fruits ou une part de fruits qui va amener moins de 5 grammes de glucides pour 100 grammes d'aliments. On commence à quantifier ces légumes en fonction de leur teneur. En fait, on commence à quantifier les légumes pour faire en sorte qu'ils n'apportent pas trop de glucides. Donc, soit on se sert d'un compteur de glucides pour quantifier les glucides et déterminer la part qu'on va manger, soit alors il y a des applications qui existent pour l'instant, elles ne sont pas toutes fiables parce qu'il y a beaucoup d'erreurs sur ces applications. Il faut apprendre à quantifier les protéines dont on a besoin. Donc ça, après, ça va dépendre en fait des objectifs si on a un objectif de perte de poids, de maintien du poids, … Le fait de déterminer les protéines, ça se fait en fonction du poids corporel qu'on fait. Par exemple, pour quelqu'un qui veut perdre du poids et qui pèse 100 kilos, cette personne devra … 100 kilos ça fait, c'est 1 gramme par kilo de poids corporel de protéines qu'il faut. Donc ça fait 100 grammes de protéines à ingérer par jour, sachant que, par exemple, 100 grammes de viande amènent seulement 20 grammes de protéines. Donc on détermine la part de protéines et ensuite, on détermine la part de liquide à ajouter, la part de gras ajoutée. Enfin, à ajouter la part de gras consommée, même plus globalement,

Il faut faire en sorte qu'il n'y ait que peu de glucides pour pas que le corps carbure au glucose, aux glucides digérées et faire en sorte que pas trop de protéines et suffisamment de lipides pour que le corps comprenne que maintenant, son carburant, ce sont les graisses. L'ajout de graisse va se faire. La quantité de l'ajout de graisses, en fait, va dépendre des objectifs. Quelqu'un qui veut perdre du poids devra seulement faire comprendre à son corps qu’il doit carburer aux graisses, mais pas tout lui donner via l'alimentation. Sinon, l'organisme ne va pas aller piocher dans les réserves de graisse pour fabriquer les corps cétoniques et va se contenter des graisses ingérées. Et ça, c'est l'erreur qu'on voit très souvent des personnes qui veulent maigrir et qui ajoutent du gras. Et quand elles n'arrivent pas à maigrir, elles en rajoutent encore plus parce que si c'est parce que je ne mets pas assez de gras, mais non, c'est parce qu'il y en a déjà trop que le corps s'en contente pour fabriquer les corps cétoniques et ne va pas piocher dans ses réserves de masse grâce à lui.

Caroline : Oui, c'est ce que j'allais dire. C'est un des gros intérêts du régime cétogène également, c'est que le corps arrive à fonctionner du coup grâce à l'utilisation des corps cétoniques et va être en autophagie et aller chercher lui-même ou dans ses graisses les corps cétoniques si jamais on ne lui en propose pas de nouveau ?

Magali : C'est ça exactement

Caroline : Très bien. Et si je ne dis pas de bêtises, il me semble qu’il y a également une répartition, en tout cas, qui est de l'ordre de 75% de lipides, 25% de protéines et 5% de glucides. Est-ce que ça, c'est quelque chose de vraiment général qu'on lit beaucoup trop sur Internet ou c'est quelque chose, vraiment il faut faire attention en fonction de l'objectif, de ce pourquoi on fait un régime cétogène ?

Magali : Il faut faire attention en fonction de l'objectif, parce qu'un régime cétogène, ce que vous venez de dire, ce n'est pas la définition d'un régime cétogène. C'est une manière de faire un régime cétogène, mais ce n'est pas la définition. Et finalement, un régime cétogène, c'est un régime qui amène un état de cétose. Et ça, ça peut passer par une répartition différente selon le patient et selon l'objectif. Le ratio que vous venez de donner, c'est un ratio qu'on met en place souvent pour les épileptiques. Mais quand on peut le mettre en place dans d'autres cas. Mais ce n'est pas un ratio qui va dire que c'est sain,

Caroline : Ce n'est pas ce ratio qui définit le régime cétogène.

Magali : Ce n'est pas ce ratio qui définit le régime cétogène. Il faut qu'il y ait de toute façon, cette tendance à peu de glucides et un apport normo protéiné. Ça veut dire quelque chose de différent, selon les cas. Toujours selon qu'on veut perdre du poids, maintenir le poids selon une dénutrition, pas selon qu'on est sportif ou pas, sportif de force ou pas. Voilà donc l'apport va être différent plus un apport de gras qu’on va déterminer en fonction des objectifs perte de poids, maintien de poids, pathologies neurodégénératives, cancer, diabète, épilepsie. Donc, au final, ça peut donner une répartition différente de celle que vous avez mentionné.

Caroline : C'est super clair. Beaucoup de personnes, quand on leur parle du régime cétogène, sont choqués parce que la majorité de ce qu'on va manger, ça reste quand même des lipides et se disent ce n'est pas possible d'ingérer autant de gras. Ils sont choqués en fait, par le fait que le régime cétogène, si je grossis très, c'est manger du gras. Qu'est-ce qu'on pourrait répondre à des personnes qui auraient peur de se lancer dans un régime cétogène ou de ce fait ?

Magali : En fait, déjà, premièrement, le gras ne fait pas grossir s'il n'est pas associé à des glucides. Comme dans le régime cétogène, on baisse l'apport glucidique, il ne peut pas y avoir de prise de poids avec les graisses ajoutées. Donc déjà, c'est la première peur. Ça va être ça pour les gens, ça va être de prendre du poids au lieu d'en perdre. Donc ça, déjà, il n'y a pas à avoir peur à partir du moment où on baisse les glucides. Aucun risque que la graisse fasse grossir

Caroline : Parce que c'est l'association du gras et des glucides qui, peu importe le régime qu'on pratique, va faire prendre des graisses ?

Magali : Oui, exactement. Une fois qu’on mange, on digère. Une fois qu'on a digéré le glucose issu des glucides digérés rentre dans le sang, génère un pic de glycémie. A  partir du moment où il y a un pic de glycémie, donc le pic de glycémie arrive principalement avec l'apport de glucose. Plus le pic de glycémie est élevé, plus le corps sécrète de l'insuline, plus le corps sécrète d'insuline, plus il va y avoir un stockage des graisses ingérées et des sucres ingérées sous forme de graisse dans l'organisme. C'est le chemin physiologique, en fait, s'il n'y a pas de pic de glycémie, il n'y a pas de pics d'insuline, il n'y a pas de stockage,

Caroline : Donc c'est l'association gras-glucides qui fait qu'on grossit. Et si jamais on partait sur un régime alimentaire où il n'y avait que des glucides puisqu'il n'y a pas de gras

Magali : Les glucides peuvent être stockés sous forme de graisse.

Caroline : D'accord, mais c'était comme on le dit : on associe le gras et le glucide, je me suis quand même dit s’il pouvait en faire d’autres

Magali : Les glucides, quand il y a un pic de glycémie, il y a sécrétion d'insuline. Il y a une partie des glucides qui vont être utilisés sur le moment sous forme d'énergie. Une partie qui va être utilisée, qui va être stockée sous forme de glycogène dans le foie et les muscles, c'est la réserve qu'on a. Et le reste va être stocké sous forme de graisse dans l'organisme. Et une fois qu'il est stocké sous forme de graisse ce sucre, il ne redeviendra plus sucre. Il va rester du gras, donc ça pourra être brûlé. Ensuite, ce gras pourra être brûlé, mais à condition qu'on garde la glycémie basse et qu'à un moment donné, le corps ait besoin de brûler des graisses pour fonctionner. Mais si quelqu'un qui a une glycémie toujours haute, ne va jamais se retrouver dans cette situation de brûler du gras parce qu’elle va continuer à s'accumuler?

Caroline : A partir de quel moment on estime que la glycémie est haute ou basse ?

Magali : En fait, ça après, ce sont les repères qu’on a sur une prise de sang. Mais on peut se baser sur la glycémie à jeun. Ça dépend, ça va dépendre des labos, mais une glycémie à jeun, qui est pour moi déjà supérieure à un gramme le matin, c'est déjà beaucoup trop. Il y a certains labos qui estiment qu'on peut aller jusqu'à 1,10. Ça fait déjà une glycémie à jeun qui est quand même assez élevée pour moi 1,10. Dans le cadre d'un régime cétogène, on a une glycémie qui va tourner aux alentours de, souvent entre 0, 70 et 0,86. C'est ce qu'on voit le plus souvent. Parfois, c'est un peu plus haut chez des diabétiques, par exemple, ou chez des personnes qui ont tendance à avoir une glycémie à jeun naturellement assez élevée, mais rarement plus en fait. Après, il y a d'autres paramètres qui vont influencer la glycémie. Ça, c'est le paramètre le plus commun, le plus évident. Après, chez certaines personnes, la protéine le soir également élevée, la glycémie va favoriser la fabrique de sucre à partir des protéines dans l'organisme. C'est pour ça qu'il faut faire attention aussi à la quantité de protéines mangée, consommée. Chez certaines personnes, les produits laitiers, y compris le fromage, ont élevé la glycémie parce que les protéines vont avoir un impact sur la glycémie à jeun, notamment parce que les protéines laitières sont insulinogènes. Donc, même le fromage qui ne contient pas de glucides a tendance à faire élever la glycémie chez certaines personnes. Ça, on le voit beaucoup chez les diabétiques.

Caroline : Et donc ça, c'est vraiment du cas par cas où il faut apprendre à se connaître et savoir si oui ou non, est ce qu’à part tester sa glycémie, on ne peut pas savoir autrement qu'en testant ?

Magali : Non, dans une alimentation, tout ce qui est régime alimentaire, ça s'expérimente. Même si c'est, ça peut être, ce n'est pas que ça ne doit pas être rassurant. C’est que quelque chose qui va être bon pour une personne, même un cétogène, ne sera pas bon pour une autre personne. Il n'y a pas qu'une manière de faire le régime cétogène et ce qui peut marcher pour vous, peut ne pas marcher pour une amie qui pourtant va avoir, en apparence le même profil, mais ça ne marche pas. Il faut déterminer pourquoi il y a des choses comme ça qui peuvent influencer aussi la glycémie chez d'autres personnes, pas seulement l'apport de glucides et donc de glucose. Ensuite, le glucose c’est les glucides digérés. Mais il y a aussi l'apport de protéines, le moment où on va consommer les protéines, l'apport de protéines laitières. Les produits laitiers font pleinement partie du régime cétogène d'ailleurs. Il plaît pour ça aussi parce qu'on peut manger du fromage, parce qu'on peut manger du yaourt à la grecque. Malheureusement, chez certaines personnes, cela ne va pas.

Caroline : Et donc, pour rassurer ces personnes qui voudraient, si on revient à la question que je vous ai posée, rassurer ces personnes qui voudraient se lancer dans un régime cétogène, mais qui ont trop peur d'ingérer du gras parce qu'on peut lire aussi parfois et d'ailleurs, c'est intéressant qu'on y revienne. Par exemple, le fameux café, le bulletproof café, comme on appelle cela, qui est un café avec une cuillère à café d'huile de noix de coco la plupart du temps, et où on explique que c'est bon pour le corps de rajouter de l'huile et de rajouter du gras parce qu'on n'en consomme pas assez. Et c'est vrai que pour avoir pratiquer le régime cétogène et pour avoir donc réparti mon alimentation de protéines, de glucides et de lipides, on se rend compte qu’on ne mange pas forcément facilement autant de lipides que nécessaire pour avoir son corps qui fonctionne avec cétose. Et qu'avoir une main un peu plus costaud en huile, ça peut faire peur. C'est vrai que c'est assez déroutant au début. Qu'est-ce qu'on pourrait avoir ? Ça m'intéresse de savoir pour ces personnes-là des conseils, des astuces ou même des explications vraiment très claires de pourquoi est-ce que c'est très bon et qu’il n'y a pas forcément de danger à partir sur ce type d'objet là ?

Magali : L'idée du café gras, elle, est très bonne quand on est dans le cadre d'un régime cétogène, puisque l'énergie vient du gras, puisque le corps se met à carburer aux graisses et que le café gras finalement, c'est un moyen de récupérer de l'énergie en cours de journée. Quand on suit un régime cétogène, c'est aussi un moyen de booster sa cétose et donc d'avoir finalement un régime avec de meilleurs résultats. Ce qu'on attend de ce régime parce que le café gras se fait avec des TCM, avec des triglycérides à chaîne moyenne avec de l'huile de coco, soit directement avec de l'huile TCM, soit avec du beurre clarifié. Et c'est une variété de graisse qui va justement booster la cétose parce que le corps a du mal à stocker ce gras et fait en sorte de s'en débarrasser au plus vite en le transformant en corps cétonique dans un contexte de régime cétogène. Ensuite, les personnes qui ont peur du gras, ont aussi peur du gras par rapport aux pathologies cardiovasculaires, mais bon les pathologies, manger du gras en excès par rapport à un régime classique, ça ne veut pas dire manger du gras n'importe comment. Ça veut dire respecter un certain équilibre. C'est entre les oméga 9, les oméga 3, les oméga 6. On apprend à favoriser les oméga 3 et en ingérer suffisamment. La population, en général, manque d'oméga 3 or, les oméga 3 sont essentiels à la santé cardiovasculaire, sont essentiels au fonctionnement cérébral, sont essentiels à l'humeur, entre autres choses, parce qu'ils entrent en jeu dans la fertilité, dans tout un tas de choses dans l'organisme et finalement, avec un régime cétogène où on va manger beaucoup de gras. Finalement, on a plus de chance d'atteindre les apports et les besoins en oméga 3 que dans le cadre d'un régime classique.

Caroline : Est-ce qu'on peut s'arrêter deux minutes sur cette distinction oméga 3 oméga 6 et rapidement redonner une petite définition avec les trois, quatre catégories d'huiles qui correspondent à chacune des catégories ?

Magali : Ce sont des graisses polyinsaturées, en fait, que l'organisme, essentielles dans le sens où l'organisme en a absolument besoin.

Caroline : Les oméga 3 ?

Magali : Oui oméga 3 et oméga 6, les deux, mais on ne sait pas les synthétiser. En fait, il faut les apporter via l'alimentation. Les oméga 6, on en reçoit suffisamment, naturellement en mangeant, on n'a pas besoin de se poser la question des oméga 6. On les a. Et en excès, ils ont tendance à générer une certaine inflammation dans l'organisme. C'est pour ça qu'on ne cherche pas à en rajouter parce que naturellement, on les mange ces oméga 6. Donc, il y en a, par exemple dans l'huile de tournesol, on en trouve dans l'huile d'arachide, dans les cacahuètes. Tout ça, ce sont des sources d'oméga 6. On ne cherche pas à forcer là-dessus. Mais les oméga 3, en revanche, on a du mal à en avoir naturellement. On ne se tourne pas naturellement vers les aliments qui sont riches en oméga 3. Donc là, il va falloir faire un effort. Donc des oméga 3, il y en a dans l'huile au niveau huile et il y en a dans l'huile de lin, dans l'huile de colza, parmi les plus classiques. Après, on trouve des oméga 3 dans les noix, par exemple, on trouve des oméga 3 dans les graines de lin, dans les œufs de poules nourries au lin, aussi élevés en plein air et nourries au lin, y a des oméga 3. Et ensuite, on va avoir aussi des oméga 3 de très bonne qualité dans les poissons gras comme la sardine, le hareng, tout cela. Les oméga 3 qu'on trouve dans les poissons gras et dans les œufs sont d'excellentes qualités et sont directement assimilables dans l'organisme. Ce sont les EPA et les DHA. Les oméga 3 qu'on va trouver dans les végétaux ne sont pas directement assimilables par l'organisme, sont les AAL et il faut que le corps les transforme, leur rajoute des atomes avant de pouvoir les utiliser. C'est pour ça que parfois, ils ont mauvaises presses parce que plus on avance dans l'âge, plus on a du mal à les transformer pour les assimiler et en excès potentiellement, ils pourraient générer un état inflammatoire.

Caroline : Et par exemple. Est-ce que vous pourriez donner deux ou trois exemples de cela ?

Magali : Quels exemples ?

Caroline : Des oméga 3, les AAL, je crois?

Magali : Oui, par exemple, l'huile de colza, l'huile de lin, tout ce qu'on trouve dans les végétaux, en fait.

Caroline : OK, d'accord.

Magali : C'est dans les produits animaux qu'on va avoir les EPA et les DHA principalement. Après, il y a certaines algues qui contiennent aussi des oméga 3 de bonne qualité. Ce sont des algues qui sont utilisées pour faire les suppléments nutritionnels pour les végans.

Caroline : D'accord, Très bien

Magali : Après il y a les oméga 9 qu'on trouve dans les avocats, qu'on trouve dans l'huile d'olive, qu'on trouve dans la graisse de canard. Donc là, on ne dit pas qu'ils sont essentiels, mais il faut quand même en récupérer via l'alimentation. Et donc, si vous voulez un régime cétogène, ça va être idéalement un régime qui va apporter beaucoup d'huile d'olive, qui va apporter régulièrement du poisson gras, des oméga 3 via des œufs, ou on peut utiliser des huiles qui sont source d'oméga 3, donc en complément de la consommation de poissons, d'œuf. Et puis, une part de TCM, qui va booster la cétose. Mais tout ça dans un certain équilibre, donc ce n’est absolument pas dangereux pour la santé cardiovasculaire. Et puis, on sait maintenant que ce n'est pas véritablement les graisses qui sont dangereuses sur la santé cardiovasculaire. La limite, ce qui peut être dangereux au niveau du gras, c'est le gras de très mauvaise qualité, avec des huiles ultra raffinées, avec des huiles dénaturées, avec des cuissons sous forme de friture. Vous voyez, voilà, ça peut être dangereux, mais après, c'est surtout l'apport de glucides qui va être dangereux pour la santé cardiovasculaire

Caroline : Parce qu'il y a des recherches dernièrement qui montrent qu’au final, c'est le glucide et pas les graisses qui est responsable des risques cardio-vasculaires.

Magali : Voilà exactement

Caroline : A cause toujours de ces pics de glycémie ou ?

Magali : à cause de ce pic de glycémie, à cause du phénomène de glycation, ça amène dans l'organisme. Après c’est à cause du syndrome métabolique, il y a tout un tas de choses qui vont découler de ce pic de glycémie, qui vont aller dans le sens de toutes les pathologies de civilisation.

Caroline : Est-ce qu'on peut revenir sur ce syndrome métabolique et expliquer un peu plus profondément ce que c'est ?

Magali : Alors le syndrome métabolique, on le voit chez des personnes qui vont avoir un tour de taille très élevé. Et ce tour de taille très élevé, cela signifie en fait que tout ce qui est voie métabolique dans l'organisme est perturbé. Ce tour de taille en fait, c’est, si vous voulez, on peut avoir un excès de poids, qui peut ne pas être dangereux pour la santé quand l'excès de poids se situe, par exemple dans les jambes et les bras, mais ne touche pas le tour de taille. Ce n'est pas un excès de poids qui va être dangereux. Par contre, une personne qui va avoir des jambes toutes fines, les bras tout fins, mais un tour de taille très élevé. Là, il va y avoir un danger pour le capital santé. On sait maintenant qu'un tour de taille élevé, ce sont des voies métaboliques perturbées, c'est un risque de diabète et un risque de pathologies cardiovasculaires, toutes pathologies cardiovasculaires confondues, c'est un risque dans le cadre de cancers.

Caroline : Qu'est-ce que c'est une voie métabolique ? Enfin, les voies métaboliques ?

Magali : La voie métabolique c’est, par exemple, la manière dont les sucres va être traitée, la manière dont les graisses vont être traitées, la manière dont les protéines vont être traitées.

Caroline : C'est le fonctionnement métabolique d'un être humain, en fait ?

Magali : Oui, c'est ça, exactement.

Caroline : Mais ce qui m'intéresse et qu'on n'a pas creusé à la limite, c'est ce côté performance du régime cétogène. On s'est beaucoup attardé sur le régime cétogène, comment ça fonctionne ? Qu'est-ce que ça implique les graisses, les glucides, etc ? Mais c'est vrai que, comme je vous l'ai expliqué, j'ai testé le régime cétogène, j'ai vraiment été bluffé. Je ne sais pas expliquer. Je n'arrive pas à l'expliquer quand on me le demande. Mais oui, j'ai trouvé qu'effectivement, j'étais vraiment plus performante et que mon cerveau fonctionnait très, très bien, que mes capacités cognitives, vraiment, elles étaient décuplées. Et j'aimerais qu'on s'arrête un tout petit peu sur cet effet positif du régime cétogène, sur les performances d'un être humain, en fait.

Magali : Est-ce que vous avez une question plus précise ou pas?

Caroline : C'est vraiment plus de voir pourquoi est-ce qu'on arrive à de tels résultats ? Est ce qu'on l'explique ? Comment ça s'explique ? Et qu'est ce qui fait que le régime cétogène permettrait d'être plus performant ?

Magali : Alors, il y a déjà le fait qu'il y ait moins de variations de glycémie, sans parler des corps cétoniques en eux-mêmes. Le fait qu'il y ait moins de variations de glycémie, ça permet de, si vous voulez, quand on mange des glucides, on a des pics de glycémie qui sont automatiquement suivis d’hypoglycémie réactionnelle. Rien à voir avec les hypoglycémies de diabétiques. Quand on connaît ces chutes, il y a une perte, il y a une fatigue qui arrive, il y a un manque de concentration qui arrive, il y a une perte d'envie qui arrive, il y a une faim qui arrive, un besoin de vite remanger, un sentiment d'être vidé de son énergie. C'est un besoin. Le corps a besoin de récupérer des glucides à ce moment-là, il récupère des glucides et hop! Rebelote ! En fait, c'est ça. C'est ce qui explique aussi que, par exemple, les enfants qui font des petits déjeuners sucrés perdent en concentration dans la matinée. Indépendamment des corps cétoniques, il y a ce phénomène-là qui a lieu quand on mange des glucides. Quand on ne mange pas de glucides finalement, il n'y a plus ces variations-là, donc l'humeur est stable, la concentration est stable, il y a moins de fatigue, de baisse d'énergie sur la journée. Donc déjà, ça participe. Ensuite, il y a les corps cétoniques qui eux-mêmes, donc il y en a un des trois qui est une molécule euphorisante. Je vais vous les dire, parce que ce corps cétonique-là va aider à rester plus alerte, plus à l’activité. Et ensuite, le fait que les neurones soient alimentés de corps cétoniques et plus de glucose, on ne sait pas pourquoi, mais finalement, c'est une nourriture qui semble être plus de choix pour le cerveau.

Caroline : Donc, il y a pour l'instant, on n’arrive pas à expliquer ?

Magali : Il y en a une par le fait. Il y a deux explications, qui entrent en ligne de compte, c'est le fait de maintenir stable la glycémie ou on évite les pics de glycémie. Donc, ce n'est pas directement le corps cétonique qui va être responsable de ces performances intellectuelles accrues, c'est tout simplement le fait de maintenir la glycémie. Ça, déjà c'est la première explication. La deuxième explication, c'est qu'il y a un des trois corps cétoniques qui est euphorisant et donc le fait qu'il soit euphorisant, forcément, ça va dans le sens d'un esprit plus vif. Et la troisième explication, mais là où on ne sait pas vraiment pourquoi, c'est que les neurones préfèrent les corps cétoniques que le glucose. Tout simplement !

Caroline : D'accord. Ça explique donc la performance sous régime cétogène ? Et donc, si vous aviez un ou deux conseils à donner à quelqu'un qui souhaiterait tester le régime cétogène ?

Magali : Alors, conseil, quelqu'un qui est déjà convaincu ?

Caroline : Alors on va faire quelqu'un qui, par exemple. Je sais que, quand j'en parle à certains amis, ils voient à quel point je suis moi-même persuadé de ce que je raconte parce que je l'ai vécu, parce que donc forcément, ça leur parle. Mais oui, vraiment, quelqu'un qui n'est pas convaincu, en fait, qu'est-ce qu'on pourrait lui dire ?

Magali : Quelqu'un qui n'est pas convaincu ? Déjà, je chercherai à le convaincre.

Caroline : Est-ce que c'est une bonne chose ? Je ne suis pas certaine.

Magali : Je ne suis pas certaine d'un point de vue. De mon point de vue où je suis professionnel de santé avant tout. Je préfère avoir des patients qui sont déjà convaincus. Je ne cherche pas forcément à convaincre. Après, disons que si j'ai un patient qui a surtout des pathologies, une pathologie lourde où le régime cétogène peut finalement faire partie de l'arsenal thérapeutique, que je vais lui expliquer en quoi ça peut être une option pour lui s'il en a envie de suivre ce régime cétogène-là. Donc vraiment, je dirais que l'information de ce que peut faire ce régime, ça va être pour moi ma manière de convaincre ou du moins d'informer le patient qui a cette possibilité-là.

Caroline : Donc pour quelqu'un de convaincu, maintenant ?

Magali : Pour quelqu'un qui est déjà convaincu, je conseillerai quand même de bien s'informer, de bien lire, de bien déterminer son profil avant de se lancer. Parce que, comme je vous dis, selon les cas, on peut mettre ou pas des protéines le soir, on peut mettre des produits laitiers ou ne pas en mettre. On va suivre. On va mettre telle quantité de protéines. Dans de tel cas précis, ce sera 0,8 gramme par kilo de poids corporel. Dans tel autre, 0,6, dans tel autre, 1. Dans tel autre 1,2. Arriver à déterminer tout ça.

Caroline : Comment on peut réussir à le déterminer, tout ça alors?

Magali : En fait, soit en ayant des lectures, des lectures assez poussées, soit en se faisant accompagner par un professionnel de santé, au moins sur une consultation, pas forcément pour un suivi, mais sur une consultation. Ensuite, ce sera essentiellement sur, par exemple, l'appli dont je vous parlais que je suis en train de développer avec Délice low-carb. Là, on aide les patients là-dessus à déterminer le profil parce qu'on s'est rendu compte que finalement, c'était très dur. Il y avait beaucoup de recettes standards qui étaient balancées sur Internet et qui ne sont pas adaptées. Donc voilà, il faut déterminer ça de manière précise, soit seul, en étant bien équipé, par exemple avec une bonne appli, avec beaucoup de lecture, avec une bonne compréhension aussi de son profil, soit consulté pour bien cadrer le régime, ne serait-ce que sur une consultation. Ce n'est pas grave s'il n'y a pas un suivi derrière, mais une consultation pour bien cadrer le régime et pour bien voir quel type de régime cétogène et combien. Donc finalement, mon conseil, ça va être d'être bien équipé. Régime cétogène, il y en a qui vont se dire bon, mais c'est telle répartition de lipides, glucides, de protéines, il faut absolument que je fasse ça. Je fais ça et on y va. Non, c'est bien plus subtil que ça, bien plus subtil. Et si on y va trop, certaines personnes qui vont y aller trop fort sur la restriction glucidique et sur l'apport de gras peut se faire du mal finalement. On peut déjà ne pas atteindre ses objectifs de perte de poids si le but est de la perte de poids, mais peut aussi se retrouver avec des problèmes digestifs, il y a toute une manière de faire. Ensuite, il peut y avoir besoin de supplémentation. Tout à l'heure, on a parlé de la perte d'électrolyte et cette perte de l’électrolyte-là, finalement parfois, il peut être nécessaire de la compenser. Pas de n'importe quelle manière. Il y a des personnes qui auront besoin… Le magnésium, c'est commun à tout le monde. Si je peux donner un conseil, vous démarrez un régime cétogène, prenez du magnésium. Là, c'est un magnésium avec une vitamine B de la taurine associée pour qu'il soit bien assimilé. Ça va être commun à tout le monde et il n'y a aucun danger. Le potassium, Ok il y a une fuite de potassium avec le régime cétogène. Ça ne veut pas dire qu'il faille automatiquement prendre du potassium. Il y a des symptômes qui indiquent qu'il faut en prendre ou qu'il ne faut pas en prendre. Il faut être vigilant. Donc, ça, c'est bien de se faire aider à la limite, parce qu'il peut y avoir un impact au niveau cardiaque avec une prise de potassium. Donc on fait attention. Le potassium, ce n’est pas systématique, ça se détermine idéalement en consultation. Le calcium, on ne prend jamais de la vie, du calcium si on n'a pas une carence avérée sur une prise de sang, sinon, on amène des problèmes cardiovasculaires derrière. Et parfois on peut trouver sous forme de supplément nutritionnel dans le cadre d’un régime cétogène, le super complément qui va réunir tous les électrolytes à prendre si l’on suit un régime cétogène. Ça, ça ne va pas parce que dedans, il peut y avoir du calcium alors qu’on n’a aucun manque. Il peut y avoir du potassium, alors qu’au final, on n’en a pas forcément besoin.  L’autre chose qu’on peut voir aussi, c’est le sel. On sale avec un régime cétogène. On ne doit pas manger sans sel parce qu’il y a une fuite de sodium. Mais il y a aussi, on lit souvent le conseil qu’il faut boire de l’eau salée ou manger telles quantités de sel, ça, malheureusement, ça ne va pas à tout le monde et dans certains cas, ça empêche la perte de poids. Ça génère de grosses rétentions d'eau chez des personnes qui y sont très sensibles et ça peut majorer une hypertension, ça peut, je le vois, j'ai des patients. Je récupère parfois des patients qui ont bu du sel pendant de l'eau salée pendant des mois et où on arrête ça et juste le fait d'arrêter ça, finalement, le patient dégonfle, perd du poids, sa tension se renormalise. Donc, en fait, il y a des choses comme ça qui font que parfois, il vaut mieux avoir une consultation ou deux pour mettre les choses en place de manière plus sécure.

Caroline : Et j'ai un dernier petit point, qui est quand on est gourmand et qu'on aime bien les pâtisseries ou des petits desserts ou se faire plaisir. Comment on fait quand on est en, pas en cétose parce que du coup, on ne va pas pouvoir maintenir l’état de cétose, mais qu'on applique un régime cétogène et le régime cétogène au quotidien, peut parfois être un petit peu compliqué. Donc, comment on arrive : 1- à se dépatouiller d'un régime cétogène au quotidien et 2. Quand on aime bien les petits desserts, les petits plaisirs sucrés, comment on peut y pallier ?

Magali : Malheureusement, quand on suit un régime cétogène, on ne doit pas casser la cétose. Mais courage. Et après, il y a des alternatives. En fait, des alternatives où on peut cuisiner des desserts cétogènes et on remplace les farines par des farines d'oléagineux, par des poudres d'oléagineux ou on remplace le sucre par de l’érythritol, par exemple. Donc, on peut trouver des… soit on les imagine ces recettes, on trouve des livres de cuisine cétogène, après ce n’est jamais, ça reste de l'imitation. Il ne faut pas s'attendre à avoir le même goût. Parfois, je vois des commentaires sur des recettes, ça me fait sourire ouah ouais ? Mais ce n’est pas un cookie, ça n’a pas le goût du cookie, ça a par la texture du cookie. Mais non, ça a le visuel du cookie, mais ce n'est pas un cookie, ce n'est pas la même farine, ce n’est pas. Faut pas s'attendre au même résultat. En fait, on ne peut pas. Alors, je dirais qu'au début, c'est compliqué à la transition. Mais peu à peu, le palais s'habitue. S’éduque et on apprend à aimer des choses qu'on n'aurait pas aimer au départ. Donc voilà, après, c'est peut-être bien au début, si on est gourmand, d'avoir des livres de recettes cétogènes où il va y avoir des desserts, où il va y avoir des gâteaux, des choses comme ça, parce que c'est fait par des personnes qui sont habituées à ces nouvelles techniques culinaires, à ces nouvelles saveurs et qui vont finalement être inspirant après, même pour soi pour créer de nouvelles recettes. Mais oui, ce ne sera jamais exactement la même chose. Il faut prendre du plaisir différemment. Il faut apprendre à s'éclater en mangeant moins de plats salés. Super bon,

Caroline : un bon morceau de fromage …

Magali : un bon morceau de fromage, oui. Après, on descend en plat de viande, en plat de poisson, plat de légumes à appartement, les graisses sont autorisées, il y a les saveurs qui sont là ; il y a toutes les techniques culinaires qui sont possibles. On peut faire des trucs super sympa, il faut arriver à avoir une satisfaction. C'est important la satisfaction quand on mange avec un plat salé et petit à petit se déshabituer du plat de quelque chose de sucré. Après, pour ceux qui sont vraiment gourmands, il faut savoir qu’on se déshabitue du sucre, au point que le sucre devient écœurant.

Caroline : C'est quelque chose que vous constatez vous ?

Magali : Ah oui, c'est sur ma patientèle, je le vois sur moi aussi. Je mange très peu de sucre. Et j'avoue que quand je vais vous prendre un exemple. Bon, là, actuellement, je suis chez moi, mais en Italie et ici, ça arrive de boire du café ginseng, c'est quelque chose de toujours un peu sucré, mais on ne sait pas plus ou moins. Hier, on m'a servi un café ginseng que je n'ai absolument pas pu avaler. Je n'ai pas pu l'avaler parce que c'était ma première gorgée, j'ai eu l'impression d'avoir un shoot de sucre. J'ai poussé. Ça m'a écœuré, mais c'est ça écœuré.

Caroline : Oui, je vois très bien. C'est ce qui a déclenché chez moi, en fait, l'envie d'aller découvrir le régime cétogène. Je me suis réveillée un matin. Je pense que j'ai fait un repas trop sucré la veille. Je faisais régulièrement attention à ce que je mangeais et un matin, en me réveillant. J'ai eu un refus de sucre, mais que je n'explique pas, juste un refus de sucre.

Magali : Oui, et c'est un peu si je peux faire une comparaison. C'est un peu comme les personnes qui se mettent à manger sans sel parce qu'elles y sont obligées pour des raisons de santé. Ces personnes-là, au début, ont un mal fou, n'aiment rien parce que tout est fade. Mais au bout de quelques mois de régime, déjà quelques semaines, mais surtout au bout de quelques mois, si on leur sert quelque chose de salé, elle n'aime plus parce que le seuil de perception s'est vraiment élevé. Et finalement, très vite, on sent le goût salé ou le goût sucré. Il y a des personnes qui ont une perception très faible du sucre, qui ont besoin de grosses doses pour sentir le sucre quand elles se mettent au régime cétogène. Ces personnes-là finissent par sentir le sucre dans les légumes sucrés. C'est donc qu'on voit bien que, finalement, c'est une éducation du palais qui se fait différemment. Et comme toute éducation, ça prend du temps. Mais une fois que c'est fait, c'est fait.

Caroline : On disait quand on est en état de cétose, il ne faut pas casser cette idée de cétose donc courage, mais j'ai pu, d’après les lectures que j'ai faites, voir que ce n'était pas recommandé non plus d'être tout le temps en état de cétose.

Magali : Alors, ça dépend. Et parce que là aussi, il n'y a pas de réponse. Il n'y a pas une seule réponse. Quelqu'un qui a Alzheimer, qui a Parkinson, qui fait des crises d'épilepsie, dès qu'il n’y a plus de corps cétoniques, aucun intérêt à stopper l'état de cet homme et a tout intérêt à continuer. Un patient atteint d'un cancer, par exemple. On sait maintenant qu'il vaut mieux faire des cycles de régime une alternance entre régime cétogène et régime low-carb pour que les cellules cancéreuses ne s'habituent à rien, ni aux corps cétoniques. Dans tous les cas, il ne faut pas un excès de glucides dans le cadre d'un cancer, mais la restriction va se faire différemment, c'est à dire qu'on va alterner phases de cétose, où il y aura production de corps cétoniques et phases de low-carb où il n'y aura pas de pic de sucre, mais où il n'y aura pas non plus de corps cétoniques. Ensuite, dans le cadre, par exemple, des migraines, où on a très peu de recul, on sait que ça fonctionne, mais là aussi, si des fois, à l'arrêt du régime, il y a des migraines fortes qui reviennent, je parle de migraines qui sont handicapantes au point de rendre la vie professionnelle, sociale difficile. Prenez bien que dans ce cas-là, il vaudra mieux garder le régime plutôt que de vivre avec ces migraines. Pour tout ce qui est perte de poids, maintien de poids, on est souvent sur des ratios assez faibles, des ratios cétogènes assez faibles. On ne compare pas. Ce n'est pas du tout le même régime entre un régime cétogène pour de l'épilepsie ou un régime cétogène pour une perte de poids. On n'est pas sur les mêmes ratios. Donc la production de corps cétoniques n'est pas du tout aussi intense. Dans les deux cas, si on se sent bien avec un régime cétogène, qui est cadré de manière assez légère, avec un petit ratio avec une certaine part de glucides, un peu moins de lipides. Pourquoi ne pas le tenir sur le long terme ? Tout dépend finalement de comment le régime est fait. Et le problème des études, c'est que souvent, elles vont se baser sur des répartitions avec un extrêmement fort taux de lipides, un très faible taux de glucides. Vous voyez ? Du coup, si on change ce rapport-là, l'étude n'est plus valable complètement.

Caroline : Ce qu'est ce qui m'intéressait, c'était aussi pour des personnes qui n'ont pas de pathologie particulière, qui ne cherche pas à perdre du poids, forcément. Un régime vraiment intéressé par les performances.

Magali : Un régime cétogène assez léger, finalement proche du low-carb, mais juste qui amène un petit état de cétose sera amplement suffisant. Il n’y aura aucun danger à le tenir sur du long terme.

Caroline : Et quand vous dites petit état de cétose, c'est ce n'est pas forcément quantifié ?

Magali : Petit état de cétose, c'est à dire qu'il y aura une petite production de corps cétoniques où on ne va pas viser le 3 millimoles de corps cétoniques dans le sang, où on va vraiment juste faire attention à une restriction glucidique, à une augmentation des lipides, mais sans que ce soit excessif, par exemple. Je parle d'un ratio 1:1 avec un apport d’au moins 30 grammes de glucides sur la journée, voire un peu plus. On va être dans juste au-dessus d'un régime low-carb, où le corps va produire un peu de corps cétoniques, mais pas dans l'excès.

Caroline : D'accord, donc, pour mesurer l'importance de l'état de cétose, on regarde le nombre de corps cétoniques dans le corps. Et à partir d'un certain nombre de corps cétoniques, on estime qu'on est plus ou moins élevé. Et donc, si jamais on avait des mesures justes pour donner vraiment des grands axes aux personnes qui nous écoutent. Un faible état de cétose, ce serait par exemple combien de corps cétoniques dans le corps ?

Magali : C'est déjà partir du moment où la production de corps cétoniques, contrairement à ce qu'on peut lire ou il faut attendre à atteindre un certain seuil, etc. Non, à partir du moment où il y a production de corps cétoniques, il y a une production de corps cétoniques et cela se sent sur l'organisme. Les patients sont unanimes là-dessus, ils en ressentent déjà les bénéfices, même s’ils n’atteignent pas le 1,6 millimoles de cétoses. Après un état de cétose fort tel qu'on peut le voir dans certaines pathologies, c'est du 3 millimoles. Et ça, c'est un état qui correspond très bien aux patients atteints de pathologies neurodégénératives, par exemple.

Caroline : Et comment on peut le mesurer ? Je crois qu'il y a des bandelettes urinaires ?

Magali : Les bandelettes urinaires vont tester les corps cétoniques qui s'échappent de l'organisme. Or, là aussi, contrairement à ce qu'on peut lire, ça reste efficace pour voir que le régime fonctionne, qu’il y a bien une cétose qui se met en place même si ce n’est pas ultra précis, ce n’est pas grave. Dans certains cas, on n'a pas besoin d'un résultat ultra précis, par exemple pour de la perte de poids. Vous faites un test, vous voyez que vous êtes en état de cétose, vous perdez du poids, vous vous sentez bien, bon, mais très bien, pourquoi aller chercher plus de précisions? On s'en fiche. En revanche, pour quelqu'un qui va avoir une pathologie neurodégénérative, le fait d'atteindre un certain seuil de cétose va être quand même important. Alors on peut se contenter des bandelettes urinaires au départ, si tout va bien, pareil si on voit qu'il y a un mieux-être, si on voit qu'il y a une régression des symptômes. Si on voit que tout se passe bien, on peut se contenter des bandelettes urinaires. Par contre, si on voit que malgré le régime cétogène, les résultats ne sont pas au top, on peut peut-être voir avec un bilan plus précis et tester avec un lecteur de glycémie cétonémie. S'assurer qu'on a une bonne cétose comme ça on voit que si le régime est bien cadré, vraiment ou pas. Voyez avec précision. Par exemple, si en testant dans le sang, on se rend compte que la cétose est faible, au lieu de se dire que le régime ne fonctionne pas. Finalement, ça peut être une mesure qui va nous aider, nous inciter à réviser le régime avant de l'arrêter. Oui, plutôt que de l'arrêter, de se dire bon, mais ça ne fonctionne pas, on essaie de voir si vraiment le corps a une bonne production de corps cétoniques, s'il y a beaucoup de corps cétoniques dans le sang. Si ce n'est pas le cas, on réajuste le régime et on voit jusqu'à atteindre un bon taux de cétose qui va être fiable. Et on voit si, à ce moment-là, on arrive à avoir de meilleurs résultats.

Caroline : OK, c'est très, très clair, super. Merci beaucoup, Magali, c'était vraiment très clair et merci.

Magali : Merci