Transcription - Episode 20

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Vincent Wilkin - Calmer votre système nerveux et augmenter vos capacités relationnelles grâce au Safe & Sound Protocol - #20

Caroline : Alors Vincent, merci de prendre ce temps aujourd’hui. Tu es un ancien médecin passionné par la musique et aujourd’hui nous allons parler du Safe and Sound Safe and Sound Protocol.

Vincent : Oui. En fait tu dis un ancien médecin, mais techniquement je suis toujours médecin.

Caroline : Toujours médecin, pardon. C’est vrai.

Vincent : En fait, j’ai travaillé presque plus que dix ans, juste dans la musique, donc juste après mes études de médecine.Mais après j’ai quand même remis un pied dans la médecine en travaillant comme assistant en chirurgie. Et ça j’ai arrêté récemment en fait pour me consacrer entièrement au Safe and Sound Protocole et aussi à d’autres techniques liées au nerf vague dont on va parler plus tard, et à la musique. Voilà.

Caroline : OK. Et si jamais maintenant on peut rentrer dans le Safe and Sound Protocol ?

Vincent : Alors, si je veux t’expliquer le Safe and Sound Protocol, je suis obligé d’introduire le système nerveux autonome. Est-ce que ça te dit quelque chose comme ça, à priori, le système nerveux autonome ?

Caroline : Alors moi, oui. Mais je veux bien quand même que tu redéfinisses pour les auditeurs.

Vincent : OK. Donc, si on veut schématiser, on peut dire que le système nerveux autonome, c’est tout ce qui n’est pas volontaire.Mais pour moi, là, ça peut même être un sujet à discussion parce que quand on voit des gens comme par exemple, comme Wim Hof, the Iceman, c’est quelqu’un qui peut contrôler sa température corporelle ; si on voit des gens comme les gens qui font de l’apnée en eaux profondes, ils peuvent très bien contrôler leur diaphragme, leur rythme cardiaque ; mais schématiquement, on va dire que c’est tout ce qui est n’est pas volontaire. Et donc quand on pense à pas volontaire, on pense à la digestion, on pense à la circulation sanguine, on pense au muscle cardiaque, on pense aux glandes endocrines (Thymus, glandes surrénales, hypothalamus, et cetera), on pense à la respiration, donc en gros le système nerveux autonome, c’est tout ce à quoi tu ne penses pas pendant la journée en fait, et qui fait que tu restes en vie.

Caroline : C’est notre mode automatique.

Vincent : Voilà. Et si je peux parler un petit peu plus du système nerveux autonome, je peux parler de son anatomie, mais de manière super succincte, parce que les exercices vont faire appel à cette anatomie. Et donc globalement, on va dire qu’on a le tronc cérébral, donc le tronc cérébral, qui est à la base du cerveau, on a les nerfs crâniens, qui sont en fait des nerfs qui partent plus ou moins de la même zone à la base du cerveau, et on a certaines parties de nerfs rachidiens, ou appelés nerfs rachidiens qui partent de la colonne vertébrale. Donc c’est important que j’introduise un petit peu l’anatomie, parce que les exercices sont en fait… en faisant les exercices, vous allez comprendre un peu mieux comment ça fonctionne ce système nerveux autonome. Et donc, pour aller encore plus loin dans le système nerveux autonome, on a un monsieur qui s’appelle Porges, donc docteur Porges, qui a introduit un modèle qui s’appelle le modèle polyvagal. Je ne sais pas si tu en avais entendu parler déjà avant.

Caroline : Non.

Vincent : Non ? OK. Globalement, souvent quand on pense au système nerveux autonome, traditionnellement on dit qu’il y a « Fight-or-flight », donc courir ou se battre. Et à notre opposé, on dit qu’il y a « Freeze », donc s’immobiliser, se geler. Et le docteur Porges, il est venu avec une troisième notion, qu’il a appelée le système ventral.

Caroline : Oui.

Vincent : Et, il y a un petit exemple que je donne quand je fais le protocole avec mes clients, c’est le conte de Boucle d’or. Dans le conte de Boucle d’or, on a Boucle d’or qui va dans la forêt, qui rentre dans la maison, il y a trois bols de soupe. Il y en a un qui est un peu trop chaud, l’autre qui est un peu trop froid, et le troisième il est à la parfaite température. Puis il y a les lits ; il y a trois lits, il y a le lit beaucoup trop dur, il y a le lit beaucoup trop mou et il y a celui qui est entre les deux. Et en fait, on aime bien pour expliquer le système ventral, parler de cet état intermédiaire en fait, qui est juste comme il faut. Et donc, ce docteur Porges, il introduit ce modèle polyvagal. Pourquoi Polyvagal ? Parce que, il a dit que le nerf vague a deux branches. Je vais introduire le nerf vague plus tard, mais il a dit que dans ce nerf vague, il y a une branche ventrale, et c’est de là que vient cet état ventral. Et l’état ventral, c’est l’état dans lequel on est actuellement. En fait, on est en communication, on a un équilibre, on n’est pas trop énervé et on n’est pas trop relâché non plus. On est un peu dans un état qui nous permet de… on est vivant, on est calme, et on est en communication. Ça, globalement, on va dire que ça, c’est un état ventral. Et donc, dans ce modèle polyvagal de docteur Porges, ça reste un modèle, donc, il y a plein de gens qui disent « oui, mais biologiquement, ce n’est pas exactement correct, et cetera ». Mais donc c’est un modèle. Donc c’est une description de la réalité qui nous permet d’interagir avec ce système. C’est vraiment un schéma. Donc, quand je dis donc d’un côté on a le côté « Fight-or—flight » donc activation, de l’autre « Freeze », immobilisation, et entre les deux le ventral, ça reste un schéma. Et bien sûr, on a des états qui sont des états hybrides. Donc si par exemple tu es en train de faire du sport, tu es en pleine action, tu es en communication avec tes partenaires de jeu en fait ; là, tu as une espèce d’état hybride entre activation et ventral. Quand on voit par exemple un joueur ou un sportif qui s’énerve et qui commence à taper les autres, il est sorti du ventral en fait. C’est le ventral qui permet d’avoir cet état d’activation de « Fight-or-Flight », mais en même temps, d’être dans la communication. C’est aussi les boxeurs à la fin du match qui se prennent dans les bras, c’est un peu ça. De la même manière, quand on est à l’état donc « Freeze », l’état para sympathique, on peut très bien être en communication, donc tu es dans un hamac, tu es dans ton jardin, tu communiques avec tes enfants, avec le voisin. Donc c’est un état hybride en fait qui n’est pas un état dépressif, « on est mobilisé, on ne peut plus rien faire, on est complètement immobilisé ». Donc, en fait, cet état ventral, il est aussi intéressant pour avoir une espèce d’hybridation entre ces différents états extrêmes. Et dans les exercices que je vais proposer plus tard, et dans le Safe and Sound Protocol, en fait ce qu’on cherche, c’est ça.

Caroline : C’est l’état ventral.

Vincent : Voilà. En fait, du moins, on cherche à l’activer pour que la personne, pour que le mode par défaut de la personne soit tempéré et une nouvelle voie d’équilibre en fait. Parce qu’on a globalement un état de… on fonctionne, quand je regarde un peu, ça fait quelques mois maintenant que je fais ce protocole, on a tous un état un peu par défaut. Par exemple moi, je sais que quand ça ne va pas, je vais me mettre en retrait, je vais fermer la porte, je vais me mettre au calme, je ne veux pas avoir de stimulation ; il y a d’autres gens, ils vont avoir besoin de parler, d’échanger et de sortir ou d’aller courir. C’est vraiment… on a un état par défaut et en fait, ce qui est intéressant, c’est de proposer aux gens un troisième état qui est cet état ventral, qui va un peu rééquilibrer leur état par défaut. Parce que toujours par exemple, toujours réagir dans l’action, dans l’hyper action, ce n’est pas forcément bon parce qu’on ne réfléchit pas trop, et peut-être qu’il y a des choses qui nous échappent au niveau de la perception. De la même manière, s’enfermer, ce n’est peut-être pas toujours la bonne solution ; il vaut mieux rester en communication avec la situation, avec le problème ou la personne, plutôt que de s’enfermer. Donc, ce qu’on cherche à faire dans, donc un peu toutes les modalités issues du modèle polyvagal, c’est introduire cette modalité ventrale en fait.

Caroline : OK. Et ça c’est l’objectif du Safe and Sound Protocol.

Vincent : C’est l’intention, c’est de créer cet équilibre, et d’activer le ventral en fait. Alors si tu veux, je peux expliquer encore un peu plus loin le… je peux un peu détailler si tu veux comment ça fonctionne et par là on pourra…

Caroline : Oui, c’est ce que j’allais te demander.

Vincent : Donc je vais introduire un autre mot qui est issu de Porges, c’est le « Social engagement system », c’est le système d’engagement social donc en français. Et en fait, le système d’engagement social est considéré comme un système avec plusieurs composantes qui sont, comme son nom l’indique, engagées dans tout ce qui est la communication. Et tout ce qui est la communication, si je te regarde, si tu me regardes, on se fait face, c’est les yeux, c’est le visage, c’est l’attitude corporelle. Et dans ce système d’engagement social, il y a ces fameux nerfs crâniens donc qui partent de la base du crâne, donc je vais un peu les détailler sans aller trop loin. Donc, on a par exemple le cinq, trijumeau, qui est impliqué dans la sensibilité du visage, qui est impliqué aussi dans le fait de mâcher, d’avaler, et qui est impliqué, qui innerve un petit muscle dans l’oreille moyenne qui s’appelle le tenseur du tympan, je reviendrai plus tard là-dessus. Mais c’est important parce que, on voit la sensibilité de la face, on voit le tenseur du tympan, ce sont autant de portes d’entrée pour accéder à ce système d’engagement social. Donc là, j’ai parlé du cinq, le trijumeau. Tu peux parler du sept, qui est le nerf facial, qui est aussi impliqué…

Caroline : Quand tu dis le cinq ou le sept…

Vincent : C’est parce qu’ils sont numérotés, les nerfs. Le nerf cinq, le nerf sept, ce sont des nerfs crâniens et ils sont numérotés. Et là, je t’introduis ces nerfs crâniens qui sont impliqués dans le système d’engagement social. Parce que quand on les connaît, on peut d’une part, peut-être avoir accès à l’état de la personne, quel est son état d’activation, au contraire d’immobilisation ou ventrale d’une part, et d’autre part, ce sont aussi autant de portes d’entrée pour aller influencer ce système d’engagement social en fait. Donc quand je parlais du nerf sept, donc on l’appelle aussi nerf facial, il est impliqué dans le mouvement du visage, dans la mastication, dans la salivation, et il va aussi informer un autre muscle de l’oreille moyenne qu’on appelle stapédien. Donc ça c’est important parce que, ces deux nerfs, on va en fait aller les activer dans le Safe and Sound Protocol. Je vais expliquer un peu plus après. Je continue donc avec mes nerfs crâniens. On a le neuf, le glossopharyngien qui est impliqué dans la déglutition notamment. Et puis on arrive au dix, le nerf vague qui a deux branches : une branche ventrale qui va aller au niveau de l’œsophage, le tiers supérieur, les muscles donc du pharynx, donc la voix, la parole, et cetera, qui va aller au niveau du cœur, au niveau des bronches ; et puis on a sa branche dorsale au nerf vague, qui va aller informer les deux tiers inférieurs de l’œsophage, de l’estomac, les glandes digestives, le foie, la vésicule biliaire, le côlon. Donc on voit que ça va très très loin en fait, ces nerfs crâniens. Ça part du crâne, mais ça va aller très très bas. Donc en tout cas, pour le nerf vague, il est assez long. Et je termine avec le nerf spinal accessoire, qui va notamment innerver les muscles qui font qu’on peut tourner la tête. Ça, c’est super important, parce que quand je regarde tout ce système d’engagement social, avec tous ces nerfs crâniens, comme je l’ai dit plusieurs fois, ce sont des portes d’entrée pour donner à ce système nerveux des informations de sécurité. Parce qu’en fait c’est ça qu’on cherche. Donc pourquoi, je ne sais pas moi, intuitivement on va aller masser les épaules de quelqu’un au niveau du trapèze ? En fait là, on est dans une porte d’entrée du nerf onze, le spinal accessoire, on donne une information de sécurité, on dit à la personne « Ça va ? », « Tout va bien ». C’est vrai que c’est hyper détendant juste ce mouvement. Et c’est vraiment quelque chose qu’on peut se faire à soi, et ça ne prend pas de temps. Et on a déjà accès à ce système d’engagement social. Et comme ce système d’engagement social il fonctionne comme un tout et que tout s’influence, quand on va aller, juste je vais donner cet exemple ici des épaules, du trapèze, eh bien on va engager le ventral en fait. Le ventral, le nerf ventral, le nerf vagal ventral, donc le dix, la branche ventrale dont j’ai parlé, elle va s’activer aussi. Donc à partir du moment où on donne de la sécurité, on active ce système d’engagement social. Donc tout ça, je parle… c’est un modèle hein, c’est un modèle théorique, qui permet d’appréhender et on va dire, ce n’est pas hyper précis scientifiquement, qu’autant d’études aient prouvé en double aveugle que ci, cela, c’est vraiment un modèle pour appréhender les choses et essayer de comprendre et avoir des interventions, je dis ça pour les auditeurs qui aurait vraiment un background très scientifique.Donc ici, je parle vraiment d’un modèle. En tout cas moi, qui dans ma pratique, marche, fonctionne, et peut être utilisé par des gens qui ne sont pas forcément dans des démarches thérapeutiques. Donc je ne sais pas si jusqu’à présent le modèle est clair pour toi.

Caroline : Je veux bien… Est-ce qu’on peut récapituler vraiment en synthèse comment ça s’articule ? Et quel est l’objectif ? Enfin, l’objectif du Safe and Sound Protocole, c’est donc un protocole, ça on l’a bien répété, qui permet d’aller agir sur le système ventral, et on agit sur ce système ventral par différents biais, et on va faire des actions sur différents nerfs. En gros

Vincent : En gros, c’est plus ou moins ça. En fait, l’idée à retenir, au-delà du protocole en fait, parce que le protocole va agir sur ces deux petits muscles de l’oreille, donc j’ai cité le stapédien et le tenseur du tympan, et va leur donner des fréquences, donc en fait il y a de la musique qui est filtrée dans une certaine zone de fréquence qui correspond aux zones de fréquence de la voix en fait.

Caroline : OK. Ça, on n’avait pas cet élément. C’est important, peut-être important de partir de ça.

Vincent : Oui donc en fait, je vais partir de là pour revenir au modèle comme ça, tu vas voir que tout ça s’articule. En fait, dans l’oreille moyenne, donc l’oreille externe, c’est l’oreille que tu vois, c’est là où tu vas mettre ton coton-tige, et puis tu as le tympan ; et puis entre le tympan, le cerveau et l’oreille interne, tu as l’oreille moyenne, une petite cavité. Dans cette oreille moyenne, tu as toute une série, c’est ce qu’on appelle d’osselets, qui font en fait transmettre la vibration depuis le tympan jusqu’à l’oreille interne, c’est-à-dire au cerveau en fait. Et ces petits osselets évidemment, ils doivent être maintenus à une tension assez précise pour réguler les fréquences qui arrivent au niveau du tympan.

Caroline : D’accord.

Vincent : Donc c’est… je ne sais pas si tu as déjà vu ces tambours dont on peut tendre et détendre la peau, qui ont un son différent. Non ? Tu n’as jamais vu ça ?

Caroline : Non.

Vincent : En fait, ce sont des tambours, avec une peau, dont on peut tendre et détendre la peau, qui font un son différent selon la tension. Schématiquement, on peut dire que le tympan aussi, sa tension peut être augmentée et diminuée. Mais ce petit muscle, par exemple le stapédien, il régule cette tension ; le tenseur de tympan… en fait j’essaie d’être super schématique, pas rentrer dans les détails. Pour faire super schématiques, ces tout petits muscles, tenseurs de tympans et Stapédiens, ils jouent sur la tension au niveau de ces osselets de l’oreille moyenne, ce qui permet aux sons qui arrivent au niveau de l’oreille d’être filtrés entre guillemets. Donc, quand ces muscles ne fonctionnent pas bien, la tension n’est pas bien régulée ; quand la tension n’est pas bien régulée, en fait, on entend, on va dire on entend mal, on n’entend par exemple que les basses, si on est dans une salle qui est remplie avec énormément de gens qui parlent et de la musique, mais on ne va pas pouvoir filtrer les sons de telle sorte qu’on peut entendre la voix

Caroline : D’accord. Et donc c’est… En fait, j’essaie si tu veux de, par rapport à ce que tu expliques, de comprendre l’impact que ça va avoir pour un individu. Parce que là je comprends un petit peu… Donc, comment ça fonctionne ? En gros, j’aimerais vraiment qu’on revienne sur comment… Quel est l’objectif ? L’objectif, c’est d’activer le système ventral. Comment on y arrive et à quoi ça sert derrière ? Pourquoi est-ce que c’est important pour un être humain d’avoir son système ventral qui est bien actif ? Et c’est plus que tu vois… je comprends ces sons, je comprends qu’il y a une action, et cetera, mais j’ai du mal à tout remettre ensemble. Je ne sais pas si tu comprends.

Vincent : Oui, j’y arrive, j’y arrive, ne t’inquiète pas. Ce n’est pas du tout facile à comprendre, mais j’y arrive. Donc je reviens, Je reviens à mes petits muscles dans l’oreille moyenne. Si tu es dans un une situation de panique ou si tu as par exemple de la fièvre, tu es malade par exemple, eh bien ces muscles, ils vont être dans une tension qui n’est pas optimale pour te permettre d’entrer en communication avec les autres êtres humains, c’est-à-dire de filtrer les sons qui sont dans la fréquence de la voix. OK ? Donc tu es en panique, je ne sais pas ce genre, tu viens d’avoir un accident de voiture ; tu sors de ta voiture, tu es en panique, on va te parler, tu ne vas même pas entendre qu’on te parle souvent. Souvent même dans les films tu as ce son « Woooooo ». OK ? Donc ces muscles, pour être à une tension qui est optimale pour la communication, il faut aussi que ton système nerveux autonome, donc, que j’ai introduit, soit aussi en fait dans un état ventral. Tout est connecté. Donc quand c’est ventral, ces muscles sont à une tension optimale pour permettre la communication.

Caroline : D’accord.

Vincent : OK ? Et si je pense dans l’autre sens, ce que fait le protocole c’est amener des fréquences de sons, qui sont pour ces muscles les mêmes fréquences que la voix, qui sont pour ces muscles des, si tu veux, des stimuli de sécurité.

Caroline : D’accord.

Vincent : Donc on dit, c’est comme si tu… on disait au cerveau « Tu es en sécurité », « Tu es en sécurité », « Tu es en sécurité ».

Caroline : C’est ça. Est-ce que c’est faux de dire qu’on amène grâce à la musique des signaux à notre cerveau pour lui faire comprendre qu’il est en sécurité ?

Vincent : C’est exactement ça, c’est juste. En fait, tu vois, qu’on pense dans un sens ou dans l’autre, c’est-à-dire si tu es vraiment extrêmement stressé et que tu es en panique, eh bien ces muscles ne vont pas être à la tension optimale pour filtrer les sons qui sont associés à la voix et la communication, ils vont plutôt t’amener dans les basses. Et Porges explique ça d’une manière évolutive, donc en prenant l’évolution comme modèle ; en disant que c’est parce que quand tu étais un chasseur primitif, tu es en situation de chasse, tu es en situation de stress, donc il vaut mieux pour toi entendre un prédateur, un lion, un ours, c’est plutôt des fréquences très basses.

Caroline : Ok.

Vincent : Bon, ça, c’est une manière de voir les choses. Est-ce que c’est vrai ? Est-ce que ce n’est pas vrai ? C’est une manière de voir les choses en prenant l’évolution comme un point de départ de réflexion. Mais l’idée, c’est que, si on est dans une situation de stress, généralement, on va plus entendre les basses, on va plus entendre un bruit de fond que la voix. Donc si tu es dans une salle avec énormément de bruit et que tu es hyper stressé, que tu ne vas pas bien, et cetera, tu vas entendre « Brouuuuuuuuu », tu ne vas pas entendre cette voix, et les sons qui sont associés en fait à la communication et à la parole. Et donc…

Caroline : Est-ce que c’est, il y a une certaine fréquence de son ?

Vincent : Oui. Oui.

Caroline : Et c’est quoi cette fréquence ?

Vincent : La fréquence, exactement, il faudrait que je vérifie quelles sont les fréquences utilisées dans le protocole. Je t’avoue, je ne sais pas exactement par cœur ce qu’ils ont utilisé comme fréquence. Mais c’est, on va dire schématiquement, c’est les médiums en fait.

Caroline : OK.

Vincent : C’est plutôt dans les médiums. Donc ils ont éliminé tout ce qui est bas, tout ce qui est… Et donc en fait, c’est de la musique, comme ça, c’est de la pop américaine. Mais c’est comme si tu vois, je mets ma main comme ça devant ma bouche, eh bien les sons sont filtrés, c’est un peu le même principe. Ou comme si tu écoutais de la musique à travers ton téléphone sans baffles, sans écouteurs, tu as toute une série de sons qui sont en fait éliminés du spectre. Donc c’est le même principe et au fur et à mesure du protocole, il fait bouger sa fréquence et les énergies de plus en plus. Donc on va du truc le plus sécure, à un truc qui se rapproche de plus en plus de toute la gamme de fréquences en fait.

Caroline : Et toi aujourd’hui tu t’en sers avec des patients, des personnes que tu accompagnes. Dans quel objectif ? Pour apporter du bien-être ? Pour permettre à ces personnes de se sentir plus en sécurité ?Quelle est ton utilisation aujourd’hui de ce protocole ?

Vincent : En fait, c’est très très très très large parce que, moi je pars du principe qu’on est tous plus ou moins déréglés, y compris moi.

Caroline : Déréglés pourquoi ?

Vincent : Pour plein de raisons ; parce que nos vies sont stressantes, parce que, par exemple si on vit en ville, je pense que c’est de base dès qu’on sort, on est dans un environnement qui va créer assez de stress pour nous déséquilibrer, et parce qu’on n’est pas forcément dans une démarche où on se rééquilibre en permanence donc, on n’a pas tous des pratiques d’hygiène de vie qui font qu’on restabilise en permanence ce système nerveux autonome.Donc, je pars du principe que tout le monde peut bénéficier du protocole. Maintenant, moi j’ai eu vraiment des profils hyper variés. Depuis une personne qui fait des crises de panique de manière chronique à tel point qu’elle doit être hospitalisée, qu’elle doit prendre des médicaments antipsychotiques, et cetera ; donc ça, c’est une personne qui est vraiment en souffrance très avancée ; là je lui amène quelque chose qui est plus ventral pour que tous les processus thérapeutiques qu’elle fait par la suite, que ce soit thérapie de la parole ou autres, en fait, soient plus efficaces. Parce qu’en fait, on considère que ce protocole n’est pas une thérapie, mais une préparation à la thérapie. Donc, Porges, il a cette expression, il dit « From the bottom up » donc du bas vers le haut. Son idée c’est que, en allant justement agir au niveau de ces zones primitives du cerveau, donc le tronc cérébral, les nerfs crâniens, et cetera, donc le système nerveux autonome, on donne la capacité aux gens d’être plus résilients, donc de pouvoir mieux réagir au stress. Donc en fait, on ne leur dit pas « Vous n’allez plus jamais être stressé » ou « Vous n’allez plus jamais être déprimé ». En fait, ce qu’on leur dit c’est que, on veut en fait dans ce protocole amener les gens à avoir un système nerveux autonome plus résilient, c’est-à-dire qu’on va avoir cette ressource ventrale qui va pouvoir s’activer quand on en a besoin en fait. Et ne pas être coincé dans un mode ou l’autre, ne pas être coincé, que ce soit en « fight » ou en « freeze », mais d’avoir cette espèce d’intermédiaire qui est disponible et qui nous permet en fait de tenir debout. Si on pense par exemple un trépied, le fait d’avoir ce troisième pied nous donne plus d’équilibre et par là on peut s’asseoir et peut-être commencer à discuter, aller vers des thérapies de la parole, aller vers des interventions émotionnelles ou corporelles. Si je prends un exemple ; donc une des patientes que j’avais, elle allait faire des thérapies genre massage, fasciathéraphie, ostéopathie, et cetera, mais elle en ressortait beaucoup plus paniquée en fait.

Caroline : Pourquoi ?

Vincent : Mais, pour elle qui avait un système nerveux qui était très peu résilient parce qu’il était tout le temps en panique, mais vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le fait d’aller activer le système en fait aggravait la situation. À partir du moment où on lui donne du ventral, on lui donne une troisième voie, elle peut aller faire une manipulation, faire un massage, et cetera, et le système ventral peut s’activer, la personne peut bénéficier beaucoup plus de ce soin en fait. Donc l’idée, ce n’est pas une panacée, ce n’est pas une solution à tout, mais l’intention, c’est de créer ce troisième pied, quand je parle du trépied pour que quand on s’engage dans une modalité thérapeutique, une intervention, on est beaucoup plus résilient en fait, parce que cette troisième voie est activée.

Caroline : Mais ça peut servir dans le quotidien, peu importe qu’on soit aussi dans une démarche thérapeutique ou non ?

Vincent : Tout à fait. Moi j’ai des personnes qui n’ont pas de problème du tout, et qui souhaitent juste expérimenter cette modalité en fait. Et qui, par exemple, j’avais quelqu’un qui va très bien, qui a une vie tout à fait équilibrée, mais qui avait, qui ne savait pas prendre l’avion sans avoir de crise de panique. Après avoir fait le protocole, là elle peut prendre l’avion sans problème parce que dès qu’elle a cette petite crise d’anxiété qui commence, elle a cette ressource qui est disponible parce qu’on l’a activée.

Caroline : Et c’est ce que j’allais te demander. En fait quand tu dis après avoir fait le protocole, aujourd’hui elle est donc autonome, et donc ça veut dire que tu travailles avec ces personnes pendant un temps donné pendant certaines séances, différentes séances pour activer le système ventral, et après c’est quelque chose, c’est une ressource qu’elles ont, qu’elles savent aller chercher ? Ou tu donnes des outils où il y a de la musique qui vient derrière ? Comment ça s’articule ?

Vincent : Dans le protocole en soi, il dure entre vingt et vingt-cinq heures, et c’est réparti sur deux mois. Donc on a en fait cinq heures d’écoute avec une pause de deux semaines, puis de nouveau cinq heures d’écoute et ces cinq heures d’écoute sont divisées en dix sessions, donc dix sessions de trente minutes parce qu’avant l’écoute, il y a des échanges, il y a des exercices. Les exercices que je vais proposer juste après. Ces exercices visent en fait à déjà activer les ressources de la personne pour que dès qu’elle rentre dans la musique, elle soit déjà en ventral, et que aussi, pendant le protocole, si on a par exemple une suractivation, ça peut arriver, il se pourrait qu’il y ait soudainement une suractivation de son système, on a déjà une ressource disponible, qu’elle peut faire, qu’elle connaît, et ça permet de la réguler. Et entre les sessions d’écoute, moi ce que je propose aux gens, mais c’est moi qui travaille comme ça, c’est de faire les exercices assez fréquemment pendant la journée, pour continuer à activer ce ventral en continu. Donc ça, ça m’a amené à travailler parce qu’en fait les gens qui font le protocole viennent vraiment d’horizons différents. On peut avoir des médecins, on a des ORL, on peut avoir des kinés, c’est vraiment, on peut avoir des psys, ça vient de plein de… c’est des gens qui généralement ajoutent ça à leurs pratiques. Moi mon idée, quand je fais ça, c’est plutôt dans une démarche de coaching entre guillemets, et aussi pour permettre aux gens d’aller vers d’autres modalités thérapeutiques, qu’ils se sentent bien pour aller vers d’autres choses en fait. Donc ma manière de travailler c’est, pas mal de petits exercices, pendant la session et entre les sessions, vraiment ancrer le changement en fait.

Caroline : Et vous ancrez le changement pendant les séances grâce à, donc des ambiances musicales peut-être, on peut appeler ça ?

Vincent : Non. Donc ça, le protocole, l’écoute de la musique ça pendant ce temps-là moi je n’interviens pas, la personne écoute. Généralement. Sauf s’il y a quelque chose qui arrive, tiens la personne veut me dire « Tiens j’ai mal au ventre », on arrête, on fait un petit exercice, « C’est passé ? Ce n’est passé ? », « Oui c’est passé », hop on continue. Le son en soi est une intervention… c’est une intervention en soi. Moi les exercices que je propose c’est en dehors, pour en créer ou pour stabiliser si besoin.

Caroline : OK. Et est-ce que tu peux nous donner du coup des exercices ? Ces quelques exercices qu’on pourrait, pour essayer de se connecter à ce système ventral. Et d’ailleurs, est-ce qu’on sait, une fois qu’on arrive à se connecter un petit peu au système ventral ? Est-ce qu’il y a des choses qu’on sent ? Est-ce qu’il y a des choses qu’on ressent peut-être ?

Vincent : Oui. Oui, oui,. Alors pour ça, j’ai… en fait, moi j’utilise une espèce d’échelle. Donc ce que je peux proposer aux auditeurs de faire, c’est d’imaginer une échelle entre zéro à dix. Le zéro ce serait, on va dire la dépression profonde, on est au fond du lit, on n’a pas envie de sortir. Le dix, c’est la panique totale, c’est l’hyper activité, on ne réfléchit pas, on a le cœur à 200, on respire très très mal, en tous les cas, prendre de zéro à dix, et puis à cinq on aurait l’état ventral, l’état dans lequel on est à présent. Et donc on peut se mettre sur cette échelle, on se dit « Tiens, je suis à combien ? » donc, je ne sais pas, à présent moi je dirais que je suis à quatre, entre quatre et cinq. Donc les gens peuvent faire la même chose, se demander où ils sont à ce moment précis. Et après l’exercice essayer de réévaluer, « Tiens, est-ce que ça a bougé ? ». C’est une manière « objective » parce que c’est quand même super subjective, et ça reste une manière d’une part de communiquer avec soi.

Caroline : Oui.

Vincent : Et aussi si on utilise, je ne sais pas moi, si on… on peut aussi utiliser ça quand on est en communication avec quelqu’un, si c’est un mode de communication qu’on décide d’utiliser. Je ne sais pas moi, en couple je dis « Mais là tu es à sept, on ne peut pas communiquer », elle dit « Ah oui attends, je me remets à cinq ». C’est quelque chose qu’on peut utiliser aussi pour communiquer en fait.

Caroline : Et là par exemple, quand tu dis « OK attends, je me remets à cinq », ça veut dire que quoi ? Tu prends un petit temps de recul, un petit temps de repos et tu pratiques ces quelques exercices pour t’aider à te remettre vers le système ventral ?

Vincent : Ouais.

Caroline : Un petit peu comme ce qu’on peut faire avec de la méditation en fait.

Vincent : Ouais, tout à fait.

Caroline : OK.

Vincent : Oui, ça pourrait être comme de la méditation. Juste l’idée de cette petite horloge, c’est juste pour pouvoir communiquer, avec soi ou avec les autres.

Caroline : OK.

Vincent : Donc voilà. Donc ça, vous pouvez le faire. Maintenant pour savoir est-ce que mon ventral est activé ou pas, je dirais que ça, c’est une question d’habitude parce que moi je prends mon cas, je ne vais pas mentir avant de découvrir le protocole, je pense que je n’étais quasiment jamais en ventral. J’étais tout le temps soit en hyperactivité, soit en dorsale donc en… plutôt du côté de la sous-activation. Et j’ai découvert le ventral, au fur et à mesure, j’ai pu mettre un nom sur des états : « Tiens, là je ne suis pas énervé », « Je ne suis pas stressé », « J’ai envie d’entrer en communication ». Donc ça aussi c’est un signe. Il y a un signe souvent qui arrive chez les gens qui rentrent en ventral c’est « Tiens, j’ai envie d’aller vers les autres ». C’est des petits signes comme ça, « Tiens, j’ai envie de parler » par exemple, ou « Tiens, j’ai envie de dessiner », «  J’ai envie de créer un truc ». C’est aussi une manière de communiquer. Le ventral c’est souvent associé à l’envie d’aller vers les autres. Donc on apprend à le reconnaître petit à petit quand on le vit. Et donc je vais rentrer dans les exercices. Donc si les gens ne se sentent pas bien pendant les exercices, qu’ils arrêtent tout de suite. Donc, je propose, vous pouvez essayer de le faire, vous pouvez le faire, mais si vous ne vous sentez pas bien, vous vous arrêtez immédiatement. Moi, d’habitude, je fais ça avec les gens, en présence des gens donc je peux voir s’ils réagissent bien, s’ils ne réagissent pas bien. Là comme je ne peux pas voir les gens, je vous dis allez-y prudemment, si vous ne vous sentez pas bien, déjà à la base, s’il y a des problèmes de santé, je ne vous conseille pas de le faire en dehors de supervision. Donc là voilà. Ça, c’est le petit discriminant. Donc il y en a un qui est super simple.

Caroline : Et juste avant que tu les détailles, est-ce qu’on peut les refaire ? Tu vois par exemple, si on sent que ça nous fait du bien, est-ce qu’on peut les rappeler, les refaire de manière récurrente tous les jours ?

Vincent : Oui, oui, bien sûr.

Caroline : Pour aussi, essayer de se mettre dans une meilleure disposition, par exemple, je ne sais pas, je me dis je vais essayer de les faire tous les jours pendant deux semaines et voir dans quel état je me retrouve pendant deux semaines.

Vincent : Oui, oui. Moi j’encourage vraiment les gens à faire ça. Et aussi de pouvoir documenter lesquels marchent mieux. Parce qu’on est tous différents et donc nos points de sensibilité sont différents. Et donc il y en a qui vont très bien marcher avec certaines personnes et d’autres, ça ne va leur faire rien du tout.

Caroline : OK.

Vincent : Donc il faut pouvoir aussi « Tiens, celui-là marche bien, je vais le garder ». Comme tu dis, le garder comme une routine quotidienne, c’est une super bonne idée.

Caroline : D’accord.

Vincent : Et avant que j’oublie, il y en a beaucoup qui sont dans un livre que tu pourrais mettre en référence.

Caroline : Avec plaisir.

Vincent : D’un thérapeute qui s’appelle Stanley Rosenberg. Il y en a pas mal qui sont dans le livre et qui sont bien détaillés pour les gens qui s’intéressent.

Caroline : Super. Je mettrais la référence, oui.

Vincent : Oui. Alors, pour commencer, je veux dire qu’en règle générale, le toucher c’est une porte d’entrée du ventral qui est magnifique. Donc tout ce qui est touché. Donc par exemple, bêtement, fermer les yeux et se toucher le visage tout simplement, ça déjà pendant trente secondes.En tout cas pour moi ça, ça a un effet. Je l’ai fait en direct donc que peut-être voilà…

Caroline : Moi aussi.

Vincent : Ça, je trouve que c’est hyper simple. On peut le faire partout. Pour moi, ça a un effet calmant et ça me « ventralise ». Et j’ai parlé des nerfs crâniens. J’avais parlé notamment du nerf cinq, le trijumeau. Mais en fait, on accède déjà à un système d’engagement social, juste, on met les mains sur le visage, on couvre tout le visage, on ferme les yeux, on attend un petit peu trente secondes. Vraiment déjà la respiration, elle se calme automatiquement. La pensée aussi, ça ralentit. Je ne sais pas si tu le sens.

Caroline : Oui, je me sens détendue. Mais en fait c’est ce que j’allais te dire. Est-ce que ce n’est pas lié au fait qu’on prenne un petit temps de pause, et donc que notre respiration change ?

Vincent : Si. En fait tout est…

Caroline : Tout est lié.

Vincent : Oui, tout est interconnecté. Donc en fait, l’idée c’est d’aller entrer par une porte, et par cette porte en fait on influence l’ensemble du système. Donc là voilà, ça c’est tout bête. Alors il y en a au niveau du toucher, on peut poser une main sur la poitrine au niveau du cœur, vous posez l’autre main sur le ventre, au niveau du nombril. Juste respirer, se laisser, être juste touché. Déjà là, c’est un stimulus, de se toucher le ventre et la poitrine. En fait, on revient au corps, parce qu’on soit dans l’état dorsal ou dans l’état de, on va d’immobilisation ou l’état d’hyperactivation, on a tendance à sortir de soi en fait. On a tendance à sortir de la connexion à soi-même, à son corps. Et donc, juste toucher comme ça, que ce soit le visage comme on l’a vu, ou cœur et ventre, boum, je sens déjà l’énergie en fait. C’est hyper simple, on peut le faire dans les transports, on peut le faire au boulot. Enfin je veux dire, ça passe tout à fait inaperçu. Moi je sais que si je suis dans un endroit où il y a énormément de monde, je ne me sens pas hyper bien. Je sais que je vais mettre mes deux mains l’une sur l’autre, sur le ventre, comme ça. C’est la position des gardes de sécurité. Mais en fait, c’est aussi une position qui donne du confort, parce qu’on rentre dans le corps, juste par le toucher. C’est hyper simple. Alors un troisième c’est, donc quand on est… on a donc une main sur le cœur, une main sur le ventre, c’est simplement de faire un inspire, et de mentalement se dire « ici », et à l’expire, mentalement se dire « maintenant ». Ça, ça ressemble très fort à… comme de la méditation ou le mindfulness c’est, juste le mot à l’inspire « ici », à l’expire « maintenant », on est déjà en train de focaliser la pensée sur un mot. Donc on a l’aspect « toucher », qui va aller agir au niveau du système d’engagement social, on a l’aspect « rentrer dans le corps » et on a l’aspect « focalisation de la pensée ». Généralement, quand on fait dix fois « ici » et « maintenant » comme ça avec le toucher, on a un effet immédiat en fait. Enfin, pour moi en tout cas, personnellement. Je le vois aussi sur…

Caroline : Oui, je trouve que par rapport à des exercices en effet de respiration, la dimension qu’apporte le toucher est un cran au-dessus. Ça permet vraiment de se recentrer encore un petit peu plus par la respiration. En tout cas-là d’expérience, par rapport à ce que je viens de vivre, l’exercice qu’on vient de faire, j’ai cette sensation qu’en fait c’est aussi, je ne sais pas comment l’expliquer, mais que, comme si… pas comme si on me faisait un gros câlin, mais un petit peu comme si on venait m’englober, m’envelopper, et ce n’est pas seulement mes pensées, ma tête qui se calment, mais c’est aussi… oui, un petit peu plus dans les tripes, que ça se calme. Je ne sais pas comment le dire.

Vincent : Mais c’est exactement… en fait, tu as résumé ce podcast en fait. Parce qu’en fait c’est le but, c’est d’entrer en connexion avec ces systèmes corporels. Plus que d’entrer en communication avec, on va dire une émotion ou une pensée, bien que tout est lié, mais ce que tu as dit, c’est exactement ça. En fait on essaie d’aller dans ce circuit primitif, dans les tripes. Parce que, l’idée c’est que tu n’auras pas le même impact, si tu commences une thérapie émotionnelle ou de la parole, tu n’auras pas le même impact si le corps n’est pas OK en fait. Ici l’idée c’est d’aller… tu vois juste le toucher, le toucher t’ouvre cette porte au corps qui est hyper puissant, avant de commencer à aller dans autre chose faite. Alors donc tu as ce truc : inspire « ici », expire « maintenant ». Alors il y en a un autre qui est sympa, qui est un petit peu plus complexe bien que ce ne soit pas hyper compliqué. C’est qu’on va modifier la durée de l’inspiration. Donc, ce qu’on va faire, on va faire un inspire, ce que je conseille c’est si on n’a pas le nez bouché, c’est de le faire par le nez. Inspire, expire par le nez. Pour plein de raisons. Je ne vais pas expliquer ça maintenant, c’est un autre dossier. Si on a le nez débouché, c’est bien de le faire par le nez. Donc, inspirer en cinq temps, donc on compte jusqu’à cinq : un, deux, trois, quatre, cinq. On expire naturellement. On laisse expirer puis on inspire, on compte jusqu’à quatre : un, deux, trois, quatre. On expire normalement. Puis on inspire trois : un, deux, trois. On expire. On inspire trois de nouveau : un, deux, trois. On expire. On inspire trois, deux, et cetera. Donc en fait, on passe de cinq à trois et on reste plusieurs cycles sur des inspirations plus courtes. Ça, ça a un effet hyper calmant aussi, toujours en gardant les mains au niveau du ventre et du cœur. Moi, ce que je peux conseiller aux gens c’est d’essayer, voir, « Tiens, est-ce que ça marche pour moi, ça ? ».

Caroline : Moi ça m’a stressé.

Vincent : Bah voilà. Eh bien c’est comme ça. Il y a vraiment des exercices, ça peut être paradoxal. Donc…

Caroline : J’étais stressée de compter, de… et puis je ne sais pas, de devoir accélérer, décélérer.

Vincent : Ouais. OK. Il y a des gens qui vont se trouver là-dedans, d’autres pas. Donc c’est super que tu montres l’exemple.Il y en a qui ont l’effet paradoxal.

Caroline : OK.

Vincent : Donc, c’est tout à fait cool. Il y en a un autre que j’aime beaucoup. C’est comme tu avais dit, tu avais dit un gros câlin, te sentir accueilli. C’est simplement de prendre le poignet, par exemple, prendre le poignet de la main gauche avec la main droite, et de le serrer, mais de le serrer doucement. Comme on serrerait…

Caroline : Oui. On est bienveillant avec son poignet.

Vincent : Oui, c’est ça. Donc juste ça, on reste, on peut rester trente secondes comme ça. En respirant tranquillement. Voilà. Ensuite on fait la même chose avec le coude. Donc on comprend le coude, vraiment on vient accueillir le coude, l’articulation

Caroline : on garde le coude du même bras que le poignet qu’on a serré.

Vincent : Voilà. Exactement, oui. Et on le prend comme une attelle, comme une attelle prendrait le coude en fait. On reste comme ça, on peut rester trente secondes, on peut rester plus longtemps. Si si, c’est juste que comme c’est de l’audio, on ne peut pas rester trop longtemps. Ensuite on fait la même chose avec l’épaule, du même côté. On va faire la même chose avec l’autre épaule, de l’autre côté. On va l’enserrer, l’accueillir, lui donner du confort, lui donner un contenant. Ensuite avec le coude de l’autre main. Ensuite, le poignet. Voilà. Puis on va faire la même chose aussi, on ne nous voit pas le faire, mais prendre le genou comme ça avec les deux mains et l’enserrer, donnée aussi une espèce de confort, donc on va juste poser les deux mains sur les genoux. Et puis on peut faire la même chose avec la cheville, et on fait le tour. On fait les deux jambes comme ça.Généralement, quand on a fait le tour des articulations, ça a un effet hyper calmant. Et c’est le même processus. Ça a un effet de revenir au corps, activer, donner des stimuli de sécurité. Tout va bien. Et…

Caroline : Je ne sais pas si ça m’a calmé, mais j’ai l’impression d’avoir un petit peu plus d’énergie.

Vincent : Ok, super. En fait, c’est ça qui est super dans un travail, c’est que c’est « intelligent », c’est-à-dire que, si on est un peu trop, donc si je reviens à l’horloge si on est à trois par exemple et qu’on active le ventral, on va aller vers quatre, cinq.

Caroline : Même toute à l’heure j’ai noté que j’étais à deux.

Vincent : Ah, OK. Waouh, je suis… à ce point !

Caroline : Non, non, non, non. C’est que je suis vraiment fatiguée.

Vincent : OK. C’est super. En fait tu démontres cet effet du ventral. C’est ça qui est super, c’est que quand il est activé, il t’amène du bon côté en toi.

Caroline : OK. C’est hyper intéressant.

Vincent : Ouais.

Caroline : Je suis vraiment prêté à l’exercice. J’ai vraiment respecté ce que tu disais et fait tes exercices, et noté aussi bien évidemment donc là où je me trouvais sur cette fameuse échelle. Donc oui, je me suis noté à deux parce que j’ai un gros rhume depuis une semaine qui me prend énormément d’énergie. Donc c’est assez difficile depuis quelques jours. Donc deux. Et je n’ai pas eu cet effet calme et apaisant là avec ce dernier exercice, j’ai vraiment eu cette sensation d’un petit peu de, je ne sais pas, un petit coup de boost tout mignon. Tu vois un petit, un petit peu comme si on me prenait et qu’on me portait un petit peu plus haut avec un tout petit peu plus d’énergie. Pas une énergie débordante, mais quelque chose juste de plus doux, un tout petit peu plus d’énergie, un petit peu plus douce.

Vincent : OK, mais c’est absolument… C’est super en fait. C’est génial. Parce que, ce que tu décris, ce serait, imagine-toi un enfant qui est à l’école et qui est un peu boudeur, on connaît un peu cet état ; ou bien tu es dans une fête, tu n’as pas envie de parler aux gens, et puis soudainement, tu as ton meilleur ami qui arrive et qui dit « Allez, viens, on va jouer » et tout d’un coup paf, la communication. En fait c’est ça.

Caroline : Tout à fait.

Vincent : C’est ça le ventral, c’est la communication. Donc que tu sois d’un côté ou de l’autre, quand on active, ça va avoir tendance à t’amener plutôt du côté… parce que quand tu es à deux, bon tu n’as pas envie de… tu n’as pas tellement envie d’interagir, c’est plutôt juste envie d’écouter en fait.

Caroline : Complètement.

Vincent : Ce qui n’est pas mal en soi, mais si tu es à l’unif ou quoi et que tu es à deux, en fait tu t’endors quoi. Et donc, passer à… activer le ventral ça, chaque… j’ai plus envie de rentrer en communication.

Caroline : Super intéressant. Même, tu vois pour… peut-être pour essayer aussi d’expliquer pour les auditeurs, par rapport à ce que j’ai ressenti en tout cas, grâce aux exercices. Tu vois, on décrivait, on parlait beaucoup de situations de stress en début d’épisode, mais là, je comprends vraiment aussi cet aspect par rapport à ce que tu disais sur… comment tu as appelé ça ? Je reprends. Je veux reprendre le bon terme. Voilà, le système d’engagement social. Ce côté engagement social, c’est qu’en fait, quand on est stressé aussi, on n’a pas envie d’avoir d’interaction. Et c’est vraiment le côté d’interagir avec les autres humains et donc les autres personnes de notre espèce quelque part, pour… ça nous permet oui, dans un sens ou dans un autre, de rentrer en communication de manière peut-être plus facile. Je ne sais pas si c’est clair, ce que je raconte, mais…

Vincent : Si tout à fait. Mais c’est là que le modèle est puissant parce qu’il permet d’expliquer beaucoup de choses et aussi d’améliorer sa vie d’une manière assez simple. Pour revenir à ma propre expérience, moi je suis quelqu’un qui était très très solitaire depuis l’enfance, et j’ai découvert un peu la puissance de l’interaction à travers ce modèle. Donc, j’ai découvert que je me sentais beaucoup mieux quand j’avais plus d’interactions, évidemment pas de manière exagérée, mais je veux dire, par exemple, moi je résous, j’ai toujours, je résolvais toujours mes problèmes seul ; et depuis que j’ai fait le protocole et vraiment je l’ai fait énormément de fois parce que je le fais en même temps que les gens aussi souvent. Et je fais des exercices aussi donc, je suis en thérapie constante. Mais ce que je veux dire, c’est que, maintenant quand j’ai un problème, je vais chercher de l’aide. Et de l’aide, de la connexion, même parfois de la connexion suffit pour amener un changement en fait. Et donc c’est la puissance du modèle, c’est de montrer que, comme tu le dis, être en communication, a déjà un effet énorme. Mais ça peut-être aussi, quand tu vois la thérapie avec les animaux, c’est un peu le même principe.

Caroline : Complètement.

Vincent : Un animal, un chien, un cheval, c’est hyper expressif, c’est hyper… ça cherche la communication naturellement en fait. Et donc c’est aussi une belle porte d’entrée pour les gens qui ont des traumas ou qui ne sont plus tellement capables d’entrer en communication avec d’autres êtres humains, d’entrer en résonance et d’avoir ce ventral qui s’active. Donc ça a une puissance, juste la communication en soi, quand elle est avec des personnes bienveillantes, évidemment, elle a déjà une… elle a déjà pour moi des vertus curatives en fait.

Caroline : Oui, ce que je trouve vraiment accentué par rapport au travail qu’on vient de faire, c’est que c’est non seulement une communication avec les autres, mais c’est aussi et avant tout, en premier, une communication avec soi.

Vincent : Oui, tout à fait. C’est… en fait c’est un retour au corps, à la communication avec, avec comme tu dis avec soi, avec ton corps, avec ton ressenti. C’est un peu aussi l’idée qu’on trouve dans le mindfulness, de revenir à ses propres sensations. C’est là…

Caroline : Mais là où, enfin, sans qu’il y ait d’opposition, mais sur la respiration et sur le mindfulness, ça peut être parfois difficile à percevoir tout de suite, les bienfaits qu’on ressent. Là où je trouve qu’avec le toucher, ou en tout cas peut-être que j’ai juste très bien réagi par rapport aux exercices qu’on vient de faire, mais on a un apaisement instantané pratiquement. Et le fait de toucher et donc de s’apporter un peu de réconfort personnel, ça aide tout de suite, c’est pratiquement instantané, enfin, c’est instantané quelque part.

Vincent : Et il y a aussi une troisième composante qui est super importante, c’est qu’en fait, là on est en communication tous les deux. Donc puisqu’on se voit, donc on ne fait pas que s’entendre, on se voit aussi et en fait, c’est pour ça qu’en Safe and Sound Protocol moi je suis présent sur tout le protocole. Il y a des praticiens qui laissent les gens écouter pas mal en solo. Bon, ça dépend, chaque personne fait comme elle le sent, mais, la présence de la personne qui est en ventral, c’est 50 % du travail en fait. Donc tu pourrais écouter en solo, avoir des effets, mais pour moi, selon moi, et c’est ce qu’on nous explique dans la formation aussi, et moi j’ai pu le voir aussi, parce que j’ai fait les deux, j’ai écouté en solo, j’ai écouté avec des praticiens aussi pendant la formation, le fait d’être en communication avec une personne qui est en ventral, ça a un effet exponentiel sur ton propre état ventral. Là je suis en ventral, tu es en ventral, tu me vois, je te vois, en fait on se… c’est une bombe atomique en fait. Voilà. C’est, vraiment on se potentialise donc, deux personnes en ventral, si tu amènes une troisième, elle va avoir tendance aussi à se mettre en ventral. En fait, la connexion potentialise le ventral. Moi je suis en ventral, toi tu es en ventral, ça fait vraiment une explosion en fait. Donc moi j’étais en train de faire l’exercice, c’est pour ça que je le fais aussi tout le temps avec les gens parce que, au plus je passe en ventral, ça se voit sur le visage, ça se voit sur l’expression, ça se voit sur la prosodie, c’est-à-dire le l’intonation ; donc si je parlais comme ça du début à la fin et que je t’expliquais quelque chose, donc soit tu passerais en hyperactivité soit en dorsale. Mais la prosodie aussi, si tu veux l’intonation, le fait d’avoir une musicalité dans la voix, est aussi quelque chose qui fait rentrer en ventral. Et c’est aussi une manière de voir si la personne est ventrale ou pas. Est-ce que son ton est monocorde ? Est-ce qu’il y a de la musicalité dans sa voix ? C’est une très bonne manière de voir, enfin d’entendre plutôt, si la personne est plutôt ventrale ou hyperactive, et comme ça « Blblblblblblbl », ou comme ça. Enfin on connaît, on a tous des exemples de…

Caroline : Complètement.

Vincent : Oui. Donc le ventral immédiatement, et j’ai parlé du glossopharyngien, parlé des nerfs crâniens, sont aussi impliqués dans tous ses… dans la voix, dans la parole, tout ça. Donc, le fait d’avoir une musicalité dans la voix, déjà dans l’interaction, on a une influence sur la personne, qui va plutôt aller vers le ventral. Et il y a des trucs, par exemple moi je fais ça si je suis seul et que je ne me sens pas au top, j’aime bien mettre un podcast justement en fond, parce que pour moi c’est un stimulus de sécurité d’avoir quelqu’un qui parle en fait. Je pense que ça… pour moi en tout cas, écouter des gens qui parlent, quand le sujet m’intéresse et que la personne a justement de la musicalité dans la voix et est impliquée dans son sujet, un peu de passion, pour moi c’est hyper intéressant au niveau du système nerveux. Moi, ça me régule en fait. Donc c’est aussi un truc que je peux donner aux gens. C’est chercher des podcasts intéressants, mais, j’imagine, voilà, c’est déjà le cas. Ou des musiques, des musiques par exemple, qui sont dans le spectre de la voix, des choses simples ; par exemple, on a la bossa-nova, genre Gilberto par exemple, c’est juste lui et sa guitare, c’est de vieux enregistrements qui sont… juste lui en train de se susurrer dans l’oreille. C’est des trucs pour moi, ça, c’est hyper réglant en fait. Moi, ça me régule. Ou aller écouter un concert acoustique. « Fin, on a aussi cette porte d’accès du son en fait, sans spécialement devoir entrer dans le Safe and Sound Protocol, trouver aussi “Tiens, dans tout ce qui est son, qu’est-ce qui me fait du bien ?”. Pour moi ici, je ne sais pas si on l’entend au micro, mais j’ai un jardin rempli d’oiseaux, je trouve ça génial.

Caroline : On entend.

Vincent : Ouais. Je ne sais pas faire un enregistrement ici.

Caroline : Non, c’est agréable. C’est très agréable.

Vincent : Mais en fait c’est ça aussi. Donc, pouvoir reconnaître ces sons, “Tiens, qu’est-ce qui me fait du bien ? C’est plutôt Gilberto ? Est-ce que c’est Mozart ? Est-ce que c’est les oiseaux ?Est-ce que c’est ma grand-mère qui raconte une histoire ? C’est…”. Donc il y a cette porte d’entrée du son qui est hyper importante aussi. Et aussi peut-être éliminer les sons qui sont au contraire perturbateurs, dont on n’a peut-être pas conscience, mais qui sont un bruit de fond. Donc il y a aussi… donc là en fait ça fait partie des exercices donc, trouver les sons, les choses qui au niveau de l’audition ont un impact régulateur en fait.

Caroline : Et ton regard de médecin, par rapport à ce que tu as découvert, est-ce que tu peux un petit peu nous en parler ?

Vincent : Mais… c’est difficile à… J’ai même du mal à comprendre la question entre guillemets.

Caroline : En fait j’aimerais…

Vincent : Oui ?

Caroline : Non, dis-moi. Dis-moi.

Vincent : Non, non, vas-y. Dis-moi. Quelle est ta… essaie de me poser.

Caroline : Non c’était plus, je trouve ton parcours très intéressant. Le fait que tu sois médecin apporte une dimension peut-être supplémentaire ou pas ? Et en fait, c’est ça qui m’intéresserait. Juste que tu nous expliques un petit peu ton regard par rapport à ça en fait. Elle a un truc qui peut être très scientifique. Pardon.

Vincent : Disons que c’est plutôt, en tant que musicien, ce protocole m’a vraiment ouvert les yeux, m’a un peu transformé. C’est que donc pendant plus de dix ans à… j’ai fait presque exclusivement de la musique. Et, c’est mon expérience personnelle, ce n’est pas l’expérience générale, mais quand tu es musicien, simple musicien, au niveau du statut social, de l’argent, de tout ce qui est lié à la reconnaissance, tu es un peu en bas de l’échelle quoi. C’est-à-dire si tu ne passes pas à la radio et que tu ne te fais pas plein d’argent en faisant ça, il n’y a pas vraiment de considération. Tu joues dans des bars, le gars, le gérant de bar, il est content parce qu’il donne vingt balles, il ne sait pas que tu as bossé six mois sur un truc. Donc mon introduction c’est que quand tu es musicien, tu galères un peu. Tu es vraiment en bas de l’échelle et tu as l’impression… si tu n’es pas bien accroché et que tu n’es vraiment pas dans… je crois, pas très fort à ton projet, très vite, tu pars très vite dans un truc “Ça ne sert à rien, la musique c’est juste un truc sur le côté, c’est un petit loisir, et cetera”. Mais d’avoir découvert cette dimension du son et de son impact sur la santé, en le voyant de mes propres yeux parce que moi-même je suis étonné des résultats que j’ai, parce que moi je découvre les résultats.Je n’ai pas vraiment d’attentes. Moi je fais le protocole avec les gens, je fais du mieux que je peux, mais les effets du protocole je les découvre en temps réel en fait. Donc ça m’a offert une vision de la puissance de la musique et de l’importance que ça peut avoir sur la vie des gens. L’importance aussi de la connexion parce qu’en fait, quand tu fais de la musique, tu es en connexion avec les gens ; le fait de rassembler les gens aussi autour de la musique. Si en plus maintenant tu rentres dans la danse, que ce soit je ne sais pas moi, danse de couple, danse traditionnelle, et cetera, tu as en plus le contact physique associé à la musique. Donc là on est en plein dans du ventral. Pour moi, ça a reconnecté la santé à cette modalité d’expression artistique, que ce soit la musique ou la danse en fait. Donc ça a une puissance et si on regarde la société moderne occidentale, quelle est la place de la musique, ou de la danse, ou de la connexion sociale, si tu la compares à d’autres pays ? Bon, moi j’habite en Bulgarie par exemple. Ici, la musique et la danse traditionnelle, c’est hyperpuissant, c’est partout. Mais ça a une puissance de… pour moi ça a une puissance thérapeutique, au niveau même d’un peuple, au niveau d’un collectif, ça a une puissance de rassemblement. Et, je peux l’expliquer par ce modèle polyvagal, ce modèle ventral. On se connecte, on a du son, on est en connexion avec soi, on est en connexion avec les autres. C’est hyper puissant au niveau de la santé. Donc si tu veux ma perspective de médecin, c’est de découvrir des gens qui ont des transformations en temps réel, pour moi mesurable, que je vois, donc ce n’est pas de la spéculation. C’est aussi les échanges que j’ai avec d’autres gens qui pratiquent ça, parce qu’il y a très souvent de réunions de praticiens, qui sont aussi super intéressantes. Donc ce regard de médecin, c’est plus l’orientation thérapeutique, mais aussi la compréhension du modèle, parce que j’ai des bases anatomiques. Aussi quand les gens m’expliquent “j’ai ça, j’ai ça, j’ai ça”, je peux… on peut discerner si c’est plutôt une migraine, est-ce que je ne pourrais pas plutôt envoyer cette personne vers un neurologue, et cetera. Donc ça permet aussi au niveau médical de, moi quand je suis dans le rôle du Safe and Sound Protocol, pour moi c’est un rôle de coaching, ce n’est pas un rôle de médecin. Mais, j’utilise mes connaissances médicales si besoin. S’il faut par exemple référer quelqu’un à un professionnel, parce qu’en fait là on est plutôt dans quelque chose qui a besoin d’une intervention médicale.Donc si tu veux, moi je me sens coach dans ce rôle de Safe and Sound Protocol, praticien, et ma connaissance médicale, je l’utilise pour un peu discerner là où s’arrête justement le protocole. Ne pas essayer d’aller, de devenir un apprenti sorcier et d’aller dans des zones qui en fait, ne me concerne pas.

Caroline : Et pourquoi tu dis coach ?

Vincent : Parce que je n’ai pas l’impression que dans ce protocole je suis en train de faire quelque chose, je suis en train d’accompagner la personne dans son processus en fait.

Caroline : D’accord.

Vincent : J’ai l’impression que je donne des outils à la personne pour évoluer dans son processus. Pour moi, j’associe ça à un rôle de coaching/enseignement, on va dire, c’est comme ça que je le vois en tout cas.

Caroline : Oui. Que tu le vois. OK. C’était super clair. Non, c’est vrai. C’est une approche complètement différente et très intéressante qui explique, “fin, moi je travaille, j’aime beaucoup travailler avec de la musique, j’ai de la musique très régulièrement dans mon quotidien ; pour travailler aussi beaucoup avec des podcasts, dans le monde du podcast, je sais que parfois j’ai trop d’informations vocales et que mon cerveau a besoin de se mettre en pause. Et donc j’écoute de la musique plutôt que d’écouter des podcasts, tu vois à l’inverse de ce que tu disais, toi tu aimais justement avoir des sons, enfin on va dire une conversation. Moi, c’est la musique vraiment qui, je sens, et en fonction de l’humeur qu’on a en effet, et je pense si on revient à cette échelle dont tu parlais, si on est entre zéro et cinq, plutôt entre cinq et dix, on ne va pas aller chercher la même musique pour s’apporter un certain apaisement. Et je trouve ça très intéressant d’avoir une explication qui n’est pas tout à fait scientifique, mais quand même, qui explique pourquoi ça nous fait cet effet-là, et des exercices très simples, très applicables, et des outils en fait pour être, pour se rapprocher le plus au quotidien de ce milieu, qui soit bon en fait et agréable.

Vincent : Oui, oui. Tout à fait.

Caroline : Super. Merci !

Vincent : De rien, merci à toi !