Transcription - Episode 17

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Fabien Pagniez - Mesurer son niveau de confort et sa réponse à la douleur - #17

Caroline : Alors, on peut y aller. Fabien, est-ce que tu peux te présenter s’il te plaît ?

Fabien : Alors, moi, je m’appelle Fabien Pagniez. Je suis le président fondateur de la société Mdoloris Medical qui est une société française basée à Lille, qui a été créée en 2010 et qui maintenant s’exporte dans 76 pays sur tous les continents, y compris aux US, en Asie, évidemment en Europe. Donc nous on a développé… enfin en tout cas ce n’est pas nous en propre qui l’avons fait, mais c’est un laboratoire de recherche français, qui est lillois, qui est un laboratoire de recherche INSERM, et qui a étudié la possibilité technologique d’évaluer physiologiquement parlant, le ressenti douloureux des patients, pour faire très simple.

Caroline : Alors, ce n’est déjà pas forcément simple, mais en fait vous permettez d’évaluer la douleur.

Fabien : C’est un peu plus complexe que ça. On permet, lorsque les patients sont inconscients, donc lorsque le cerveau est déconnecté du cerveau reptilien ; le cerveau reptilien c’est le cerveau qui est localisé sous le cortex, ça s’appelle d’ailleurs le sous-cortex, et c’est le cerveau qui gère toutes les réactions non réfléchies de l’organisme, donc la pression artérielle, la sueur, la pousse des cheveux, etc. Et c’est ce cerveau reptilien, ça, c’est connu et archi-publié depuis 1960, c’est donc ce cerveau reptilien qui est responsable de la réponse à la douleur. Donc, si technologiquement parlant, on souhaite développer un « device », un moniteur qui permette d’évaluer la douleur des patients, il faut qu’on soit capable de regarder, d’analyser, d’évaluer la puissance de ce cerveau reptilien. Ce cerveau reptilien comporte deux composantes. L’une qui l’accélère, qui le met en alarme, on appelle ça le tonus sympathique, et l’autre qui le détend, on appelle ça le tonus parasympathique. Et il se trouve qu’il y a une balance dans l’organisme, qui est naturelle, entre les deux. Donc lorsque l’organisme décide d’activer un système de défense par exemple, donc le tonus sympathique, il doit désactiver en parallèle le tonus parasympathique. Moi j’essaye de faire aussi simple que possible. Et donc, la technologie qui a été développée et qui est commercialisée de manière exclusive par la société Mdoloris est une technologie qui est une première mondiale, et qui est capable d’évaluer la puissance du tonus parasympathique des patients. Alors il se trouve que dans l’équation d’interprétation du tonus parasympathique, il y a deux grosses inconnues. La première, c’est la douleur biologique, la douleur que ressent l’organisme en lui-même. Et la deuxième, c’est la façon dont le cortex va venir interpréter cette douleur biologique qui lui est transmise. Si par exemple, vous avez un background militaire, vous avez un seuil de résistance à la douleur qui est plus important que moi par exemple. Et donc vous allez… votre cerveau va réagir différemment à cette même information qui vient de votre corps, qui dit « Il se passe quelque chose en ce moment et on a mal ». Donc, quand on utilise la technologie Mdoloris, si on a affaire à un patient inconscient, c’est-à-dire un patient qui est endormi pour des raisons médicales, simplement parce qu’il y a une chirurgie en cours par exemple, ou alors en réanimation parce qu’on a des patients graves qu’on endort, artificiellement, dans ce cas-là, on déconnecte le cortex du sous cortex, on déconnecte le cerveau du cerveau reptilien, il n’y a plus qu’une inconnue dans l’équation, ce qu’on appelle cliniquement parlant la nociception, mais c’est bien la douleur biologique. Et dans ce cas-là, effectivement, vous avez entre les mains la toute première technologie au monde capable d’évaluer la douleur des patients inconscients. Par contre, quand vous utilisez cette technologie-là à un patient conscient, le stress du cerveau va venir influer le paramètre. Donc on parle d’une technologie qui est capable d’évaluer le confort et le bien-être des patients conscients. Alors nous, ça fait maintenant onze ans qu’on est sur le marché. On a une technologie pour les patients adultes, qui sont pour nous des patients de plus de deux ans, parce que ce cerveau reptilien est mature. Et puis on a une technologie pour les nouveau-nés, qui est typiquement une typologie de patients avec laquelle il est difficile de communiquer ; donc avec des moniteurs qui sont essentiellement utilisés en réanimation néonatale, là où les tout petits se retrouvent quand ils sont vraiment, vraiment fragiles. Et puis on a une dernière technologie qui est adressée aux marchés vétérinaires, pour les chats, les chiens, les chevaux en particulier, puisque de nouveau, on a affaire à une typologie de patients avec laquelle il est compliqué de communiquer quand on n’est pas le propriétaire familier du comportement de l’animal.

Caroline : Et qu’est-ce que vous voyez exactement ?

Fabien : alors sur le moniteur, on voit un indice, qui se réactualise chaque seconde, qui va de 0 à 100. Plus l’indice tend vers le chiffre 100, plus le patient a un tonus parasympathique dominant, et donc plus le patient va bien.

Caroline : D’accord.

Fabien : Et lorsque l’indice descend en dessous du seuil de 50, ça veut dire que le cerveau reptilien est en train de réagir à un événement extérieur. Si le patient est inconscient, c’est une douleur, donc il faut réinjecter des drogues antidouleurs au patient pour être certain que l’organisme va supporter correctement la chirurgie ; et si le patient est conscient, bon, et du coup on sait qu’il y a une situation de mal-être qui est soit dû à une douleur, soit dû à un événement de stress intense.

Caroline : Et vous avez fait des études, je suppose. Enfin… je trouve ça très intéressant. Je comprends très bien comment ça fonctionne chez un patient inconscient, comme il est coupé, il n’y a qu’une réaction biologique. Par contre sur les patients inconscients, vous avez fait des tests avec, je ne sais pas, une blessure qui était similaire sur deux patients, mais qui ont tous les deux une réaction, c’est sûr, on est sûr qu’il y a une réaction qui est différente en fonction de la personne.

Fabien : Oui oui, on a dans le process de calcul, on a une partie du process qui s’appelle la normalisation, de telle sorte qu’on puisse avoir les mêmes valeurs d’un patient à un autre, et donc la même façon d’interpréter le paramètre d’un patient à un autre ; d’un nouveau-né d’ailleurs à une personne âgée ou d’un cheval à un chien. On a effectivement, on a plus de 200 publications internationales là aujourd’hui. Donc on est clairement reconnu aujourd’hui comme la société de référence pour la mesure de la douleur peropératoire, pendant la chirurgie, mais également pendant la réanimation, les phases critiques de la réanimation lorsque les patients sont branchés à des respirateurs artificiels, notamment des patients covid d’ailleurs. Et on a aussi des publications de patients conscients avec une comparaison de ce qu’affichent le moniteur et le feed-back patient. Donc on demande au patient de situer son niveau de confort entre 0 et 100, 0 et 10, ça dépend des échelles visuelles analogiques que les hôpitaux, et des pays, que les hôpitaux utilisent pour les nouveau-nés, c’est des smileys… pardon, pour les enfants c’est des smileys, et pour les nouveau-nés ce sont des scores comportementaux qui sont connus des cliniciens en réanimation néonatale, donc on regarde le nouveau-né et puis on regarde s’il est plutôt stable, s’il pleure, s’il crie, s’il bouge, s’il dort correctement, et on en déduit un score. En France et en Europe, c’est essentiellement le score EDIN qui est utilisé, et on a effectivement une corrélation entre ce qu’affichent le moniteur néonatal et le score EDIN. Sauf que le score EDIN, c’est très subjectif. Ça dépend de l’investigateur. Est-ce que c’est un médecin familier des nouveau-nés ou pas ? Est-ce que c’est une infirmière familière ou pas ? Et en fonction de ces différents profils, on a des scores complètement différents et ça a été publié. Et du coup, un même nouveau-né pour une même pathologie, peut recevoir des drogues antidouleurs par un clinicien ; et le même nouveau-né, au même moment, ne rien recevoir par un autre. Alors que nos moniteurs fonctionnent sur une mesure physiologique, qui, elle ne peut pas se tromper.

Caroline : Et comment ça fonctionne ? Enfin, quel est le…

Fabien : Le principe physiologique, non ? Alors c’est… l’ensemble des technologies qu’on a développées sont toutes basées sur le même principe, à savoir que chez les mammifères, c’est la raison pour laquelle on a des moniteurs pour les vetos, mais chez tous les mammifères, il existe une boucle réflexe, et celle-ci s’appelle la boucle réflexe parasympathique ; donc cette boucle réflexe commence dans les poumons, qui enregistre la dilatation pulmonaire, et puis les récepteurs qui enregistrent la dilatation pulmonaire envoient l’information au thalamus, qui fait partie du système nerveux autonome, qui fait partie de ce cerveau reptilien, et le thalamus, en fonction de cette information, va venir contrôler, accélérer ou décélérer le cœur.

Caroline : D’accord.

Fabien : Pour faire simple. Si vous êtes dans une situation confortable, cette boucle est très puissante. Et donc lorsque vous inspirez, la boucle joue son rôle et accélère le rythme cardiaque, et quand vous expirez, la boucle joue son rôle et ralentit le rythme cardiaque. Par contre, si vous êtes dans une situation de stress intense ou de douleurs aiguës, votre organisme va se protéger, et donc va activer la deuxième composante, la fameuse composante sympathique, et il va désactiver la composante que nous on mesure, la composante parasympathique. Et donc on va voir l’indice chuté à ce moment-là, parce que l’influence de la respiration sur le cœur va être beaucoup moins importante.

Caroline : Mais concrètement, l’appareil se présente comment ?

Fabien : L’appareil se présente… ça se présente comme un i pad, pour faire simple, ça se présente comme i pad tactile, c’est à peu près le même format d’ailleurs, c’est un peu plus épais. Et puis ça se connecte aux patients via des électrodes ECG qui récupèrent l’activité électrique du cœur. Et du coup, à partir de ces électrodes ECG, de ce signal électrique qu’on récupère, on remonte la boucle réflexe parasympathique pour aller voir ce qui se passe au niveau du cerveau reptilien.

Caroline : Et aujourd’hui, c’est vraiment à destination des médecins, des cliniques, et est-ce qu’en tant que particulier, on pourrait se le procurer ?

Fabien : Alors, jusqu’à il y a deux ans à peu près, c’était exclusivement médical. C’est un « device médical », on est régulièrement audité, on est sujet à toutes les normes médicales en vigueur dans tous les pays qu’on couvre. Mais il y a deux ans, une nouvelle typologie de médecins s’est intéressée à notre technologie, pour des patients conscients, mais incapables de communiquer, et pour lesquels, connaître leur niveau de confort est critique et pour la famille et pour les médecins. Je parle ici des patients polyhandicapés, je parle des autistes, j’étais hier en présentation dans une association de prise en charge de l’autisme, qui est extrêmement intéressée par ce nouveau produit qu’on développe, je parle aussi de la médecine palliative en fin de vie, c’est quand même… c’est essentiel de savoir que ma fille, ma femme, ma grand-mère, vivra ces dernières heures de vie avec un confort optimisé. Or, la plupart du temps, 80 % d’entre nous allons perdre la faculté de s’exprimer dans cette phase critique de la fin de vie, et les médecins ne nous connaissent pas depuis dix ans, donc les médecins ne savent pas exactement quel est notre niveau de bien-être et de confort pendant cette phase, encore une fois critique. Et nous, Mdoloris, grâce à cette technologie-là, on est sûr et certain de pouvoir répondre à cette question-là. Donc en fait, ce qu’on a fait et ce qu’on fait en ce moment, ce qu’on est en train de finaliser plus exactement, c’est qu’on a développé un brassard basé sur une technologie textile intelligente, qu’on positionne sur le bras du patient, qui va communiquer sans fil avec une application smartphone, et sur l’application smartphone, vous verrez chaque seconde s’afficher le niveau de confort de votre proche, où que vous soyez sur terre, puisque ça va fonctionner avec une technologie cloud. Donc à partir du moment où vous aurez accès à Internet, vous saurez comment va votre fils, votre mère, votre frère handicapé ou votre père autiste.

Caroline : Et pour des personnes qui n’ont pas de problèmes particulièrement médicaux, est-ce qu’on pourrait envisager une application… une utilisation par exemple pour des sportifs ?

Fabien : En fait, oui. Nous, la technologie qu’on a développée est extrêmement pointue sur l’évaluation de la puissance du tonus parasympathique. On a été contacté, c’est très récent, on a été contacté il y a un mois par des chirurgiens à Strasbourg, qui se sont équipés du coup depuis, des premiers protos, et leur postulat est que, un chirurgien apprenant une nouvelle chirurgie l’apprend mieux, et l’exécute mieux s’il est confortable, s’il n’est pas stressé.

Caroline : En fait, c’est là que je voulais en venir.

Fabien : Et du coup, c’est comme ça que c’est utilisé en ce moment à Strasbourg. J’ai été contacté hier, alors c’est un truc complètement particulier, mais, par des Japonais, des cuisiniers japonais, qui veulent… c’est une vérité, c’est vrai, qui veulent dans une école de cuisine, qui veulent mesurer le niveau de confort en cuisinant de leurs élèves. Donc effectivement, nous on peut faire ça. Mais oui, on peut imaginer plusieurs applications un peu plus exotiques, oui.

Caroline : Oui, oui, complètement. On pourrait… enfin, par exemple, pour le confort de bien être des salariés…

Fabien : Oui aussi, exact, exact.

Caroline : Sur un salarié vraiment stressé, et ce qu’il raconte n’est pas… en fait, ça permet d’accéder à la vérité quelque part, par rapport à…

Fabien : C’est encore plus intéressant que ça parce que, les études sont quand même assez nombreuses sur le sujet, mais, le tonus parasympathique est égal à votre puissance de vie. Alors, ça veut dire que, aujourd’hui admettons que vous vous mesurez, vous avez un tonus moyen, on va parler du coup du tonus moyen, vous aurez un tonus moyen aux alentours de je ne sais pas, 60. Et puis vous décidez de manger équilibré, vous décidez de faire du sport, vous décidez de dormir à des heures convenables, et cetera, vous allez voir que vous allez pouvoir augmenter votre tonus parasympathique moyen. C’est également utilisé d’ailleurs par des médecins qui pratiquent l’hypnose.

Caroline : D’accord.

Fabien : Puisque lorsqu’on pratique l’hypnose, l’idée c’est d’avoir un tonus parasympathique à 100 %. Et donc, j’étais hier en discussion avec un médecin très connu en France qui pratique de l’hypnose, et qui s’est également équipé, et qui ne jure que par la technologie Mdoloris, qui s’appelle le docteur Emmanuel Boselli, comme ça je le cite.

Caroline : D’accord. Pardon. Je vous ai coupé du coup, je vous demandais son nom.

Fabien : Il s’appelle Emmanuel Boselli.

Caroline : D’accord, super, j’irais regarder. Donc on pourrait complètement imaginer en fait une application quotidienne. Et est-ce que, si par exemple moi aujourd’hui, je mettais ce brassard, je ne serais pas à cent pour cent ?

Fabien : Non, personne ne peut… oui, une personne normale ne l’est jamais puisque l’organisme garde toujours en réserve environ 30 % de tonus sympathiques, pour pouvoir vous protéger d’une agression soudaine extérieure. Vous savez, quand vous avez une porte qui claque, vous sursautez, ou quand vous perdez légèrement l’équilibre, votre corps vous redresse immédiatement. Et ça, c’est le tonus sympathique qui est d’un seul coup réactivé. Par contre, si vous faites du yoga ou des exercices de respiration, la relaxation, et cetera, dans ces conditions-là, vous allez être capable vous-même de monter votre parasympathique à 100 %. Donc là vous êtes en confort optimal, mais vous perdez la faculté de vous défendre d’une agression extérieure.

Caroline : D’accord. Et donc, à peu près une mesure correcte c’est donc 70.

Fabien : C’est 70, oui c’est ça.

Caroline : Et en dessous de 50, ça commence à devenir embêtant.

Fabien : Alors, en dessous de cinquante c’est qu’il y a un sujet, oui il y a un problème.

Caroline : Pas forcément, grave du coup…

Fabien : Non, non…

Caroline :… mais il y a un sujet.

Fabien : Non, non. Si vous portez le brassard qu’on est en train de développer et que vous vous disputiez violemment avec votre conjoint, vous verrez l’indice chuté en dessous de 50.

Caroline : Et, quelle serait la corrélation avec le rythme cardiaque ? Parce que j’imagine qu’il y en a une quand même.

Fabien : Non.

Caroline : Ah non, il n’y en a pas ?

Fabien : Non, non. On a… l’algo qui a été développé, c’est ça qui est génial, c’est qu’il est indépendant de la variation de fréquence cardiaque et indépendant de la variation de fréquence respiratoire. Parce que vous pouvez avoir ce qu’on appelle une tachycardie, donc une augmentation de la fréquence cardiaque qui est due à autre chose que la douleur, ça peut être due à une infection, un sepsis ou autres, et c’est justement ça qui est intéressant dans cette technologie-là, c’est que ça permet aux médecins, d’avoir un point de vue extrêmement sensible, d’une seule composante, qui est ce qu’on appelle l’analgésie donc, la réponse à la douleur.

Caroline : Alors, pour en revenir par exemple, si je prends l’exemple de mes salariés, comme on analyse la douleur, je pensais par exemple, dans une situation stressante, un salarié qui serait stressé, il aurait quand même une réaction de son système parasympathique.

Fabien : Oui, oui, oui. Là c’est parce qu’on parle d’une situation où il est stressé. Et moi je confirmerai qu’il est stressé. Mais votre salarié qui revient d’un footing, il aurait une fréquence cardiaque élevée, pourtant il n’est pas stressé.

Caroline : D’accord, OK. C’est ça que je voulais vérifier en fait. Et si on s’intéresse un petit peu plus à la douleur en elle-même, est-ce qu’on explique aujourd’hui, comment elle naît ? Et qu’est-ce qui se passe ? C’est vraiment ces deux réactions biologiques et par rapport à notre capacité, et on ne sait pas, on ne l’explique pas, donc la biologie qu’on a toute la même en fait si je comprends bien.

Fabien : Qu’on est supposé tous avoir identique, oui.

Caroline : Oui, parce que, on n’en est pas sûr ?

Fabien : Je ne suis pas médecin donc je ne me permettrais pas de m’avancer sur un terrain dont je ne suis pas spécialiste. Moi, enfin nous, notre compétence chez Mdoloris médical c’est la mesure du cerveau reptilien.

Caroline : D’accord.

Fabien : On n’est pas pertinent dans la mesure de la douleur.

Caroline : D’accord, OK. Et, alors, si on revient sur ce cerveau reptilien, est-ce qu’il y a des choses qu’on peut mettre en place, qui peuvent avoir… l’influencer de manière positive ou négative…

Fabien : Ah oui, clairement.

Caroline :… pour l’aider avec le yoga, la respiration, et cetera parce que oui…

Fabien : Vous le savez ; mettez-vous à boire comme un trou et à fumer quatre paquets par jour et puis vous verrez bien votre cerveau reptilien va réagir.

Caroline : Et ça vous le mesurez vraiment concrètement ?

Fabien : Oui, vous allez avoir un tonus parasympathique qui va être largement diminué.

Caroline : Et donc moi je ne fume pas. Demain je me mets… allez, me mettre à fumer ça va être compliqué, mais, on va dire j’ai une hygiène de vie assez correcte, mais je me fais… juste je pars en soirée en fait. Je prends quelques verres avec des amis et là je vais voir que ça diminue.

Fabien : Oui.

Caroline : D’accord.

Fabien : Dans le process de calcul, ce qu’on a aussi d’intéressant, c’est qu’on est capable de calculer la puissance du système nerveux autonome.

Caroline : OK.

Fabien : Alors, c’est-à-dire…

Caroline : Un petit peu plus de détails là-dessus.

Fabien : Oui. Donc ce cerveau reptilien il a le sympathique et le parasympathique, et cetera, mais on n’est pas tous égaux, et on a… certains ont un cerveau reptilien qui est très puissant, d’autres qui est plus fragile.

Caroline : D’accord.

Fabien : Et, c’est cette puissance du système nerveux autonome qui est intéressante dans ce cadre-là. Parce que si effectivement votre rythme de vie ou qualité de vie ou façon de vivre se dégrade, vous allez dégrader la puissance de votre système nerveux autonome.

Caroline : D’accord. Et ça, on arrive donc à voir le changement et à voir qu’on augmente ? Ou comment ça se passe ?

Fabien : Alors moi j’ai déjà vu de mes yeux, sur des sportifs de haut niveau, le cerveau reptilien est très puissant.

Caroline : D’accord.

Fabien : Sur moi il l’est moins. Pourtant je fais un peu de sport.

Caroline : D’accord, OK. Donc, vraiment c’est, ça pousse en tout cas d’avoir ce type de mesures à avoir une vraie qualité de vie.

Fabien : Si on peut avoir cette prétention-là, oui. Mais en tous cas ça vous permet de savoir où vous en êtes.

Caroline : Bah quand même. Enfin c’est… je trouve ça fou. Moi je trouve ça vraiment fou de pouvoir se dire… parce que, analyser son rythme respiratoire, on sait qu’on le sent de toute façon, on respire plus vite, et cetera donc… mais voir des corrélations en plus entre les deux, ça veut dire que si ça se trouve, il y a des situations qui me mettent en inconfort, mais pas si en inconfort que ça. Et ça, c’est très intéressant. Et de même, savoir quelle situation me met en inconfort, et donc de pouvoir la travailler, d’améliorer ma qualité de vie au global, c’est assez dingue.

Fabien : Maintenant, ce que je trouve encore plus intéressant, c’est d’avoir exactement les mêmes questions, mais au sujet de ma mère, de ma fille, de ma grand-mère avec qui je ne peux plus parler. On a positionné le système sur un garçon autiste quand j’étais dans l’association hier, et ils se demandaient s’il allait bien ou pas. Ils étaient incapables, pourtant ils sont habitués, c’est un métier, ils étaient incapables d’être certains de son niveau de confort. Ils étaient extrêmement surpris par combien confortable il était.

Caroline : OK.

Fabien : Et après, ils ont appris, devant moi, qu’il venait de sortir d’une séance de massage qui celle-ci s’était très très bien passée.

Caroline : D’accord.

Fabien : Et du coup, bon, ce qui vient confirmer qu’il était au-dessus du seuil des 70 %, qu’il allait très bien et qu’il était encore dans la phase postmassage très détendue.

Caroline : Je ne me rends absolument pas compte aujourd’hui dans le secteur médical, est-ce qu’il y a beaucoup de personnes qui utilisent vos outils, ou ce n’est vraiment pas encore trop développé ?

Fabien : Nous on est dans 76 pays, rien qu’en France on a pratiquement tous les CHU qui sont équipés. On a un peu plus de 4000 moniteurs sur le terrain, et c’est un peu plus de 350 000 patients qui ont bénéficié du savoir-faire de Mdoloris. Puisque bon, là, les moniteurs dont je parle sont les moniteurs historiques ; là ce dont on parlait à l’instant, c’est le futur produit qu’on va lancer l’année prochaine. Mais, les moniteurs historiques existent déjà. Ils sont utilisés au bloc opératoire et en réa, dans l’intention de personnaliser la quantité de drogue antidouleur dont chacun d’entre nous a besoin au moment où on en a besoin, pour éviter les effets indésirables du surdosage de drogue antidouleur qui sont très connus, et les effets indésirables qui sont encore pires du sous dosage. Donc là, enfin les médecins ont un altimètre avec lequel ils peuvent doser exactement la quantité de drogue antidouleur dont chacun d’entre nous avons besoin.

Caroline : C’est incroyable. Je trouve ça incroyable. Et je trouve ça incroyable qu’on ne voit pas, qu’on ne sache pas c’est… en tout cas oui bravo.

Fabien : Merci.

Caroline : Non, je trouve ça fantastique. Et même oui, sur la communication avec des enfants comme dit, des personnes avec qui il est difficile de communiquer, voire impossible de communiquer, de savoir que ces personnes vont bien, ça doit être extrêmement rassurant, je pense, pour plein de familles.

Fabien : J’ai vu de mes propres yeux, et nombreux seraient les mamans qui pourraient le confirmer au CHU de Lille, puisqu’on a l’hôpital Jeanne de Flandre par exemple, qui est équipé, mais pas que, c’est parce que la société est basée à Lille que je pense à Jeanne de Flandre, mais quand un nouveau-né qui est très fragile se retrouve en réanimation néonatale, quand la maman rentre dans la pièce et commence à coucouner le bébé, on voit directement sur le moniteur la courbe de confort du bébé qui s’améliore de seconde en seconde. Et quand la maman prend son bébé en peau à peau, on voit l’indice vraiment monté au plafond. Et d’ailleurs, l’indice de la maman, parce qu’on a aussi regardé ce qui se passait chez la maman, et la maman va aussi mieux quand elle est en présence de son nourrisson.

Caroline : Et vous avez comme ça d’autres exemples, de test que vous avez pu faire réaliser ? Je pense par exemple aux enfants autistes ; on sait que tout ce qui est sonore leur plaît énormément…

Fabien : Mais, on commence à peine sur ce sujet-là. Donc il y a énormément d’idées, et oui effectivement, on va être capable de savoir par exemple si telle ou telle musique apaise, on va être capable de savoir si telle ou telle température apaise, si telle luminosité apaise, et cetera, et cetera, et cetera. Telle alimentation d’ailleurs aussi.

Caroline : Sur l’alimentation, bah oui, de toute façon, il n’y a pas de raison. On le voit sur l’alcool et la cigarette. Donc il n’y a pas de raison que l’alimentation, ça ne marche pas. Et, il n’y a pas eu d’exemples encore, non, j’imagine, enfin…

Fabien : Non, non, non. Pour le moment, pour ce qui est des patients conscients, le corps médical s’est déjà intéressé à savoir si c’était fiable. Donc c’est toutes ces études dont je viens de vous parler, pour les enfants, les adultes, les nourrissons où on a fait des études comparatives pour savoir exactement si c’était corrélées, ce qui est le cas, et puis, ensuite on a quelques études qui sont sorties, qui ont comparé le confort des nourrissons avec un respirateur artificiel nouvelle génération qui est très silencieux, versus un vieux modèle qui est très bruyant, et ils ont effectivement mis en évidence qu’il y avait une incidence sur le confort du nourrisson. Et il y a d’autres études du type qui sont parues, mais c’est… on est vraiment en balbutiements sur ce sur ce point-là.

Caroline : OK. Je trouve ça fantastique. Merci beaucoup. Merci Fabien de ce partage et c’était, en fait c’était tellement clair, les explications étaient vraiment, je trouve ça très, très clair, et dit en termes simples. Alors je ne sais pas est-ce que c’est parce que tu n’es pas médecin, mais en tout cas, le message est impeccable.

Fabien : Bon, bah super. Je suis ravi.

Caroline : Donc merci beaucoup !

Fabien : Merci à toi. C’est un plaisir !