Transcription - Episode 26

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La médecine fonctionnelle : une approche personnalisée de la santé - Sina Gombert • 26

Caroline : Sina. Tu es avec moi aujourd’hui et je t’en remercie, pour échanger sur la médecine fonctionnelle. Est-ce que tu peux commencer par te présenter et puis nous expliquer un petit peu ce que c’est ?

Sina: Oui, bien sûr. Donc, je m’appelle Sina Gombert. J’ai trente-huit ans depuis peu. Et j’ai fait la formation en médecine fonctionnelle il y a quatre ans, où je l’ai faite aux États-Unis, à l’institution qui s’appelle The Institute for Functional Medicine. Et en fait, c’est là où la médecine fonctionnelle a été créée en tant que telle, a été définie en tant que telle, par une équipe de chercheurs et des médecins qui ont voulu apporter une formation médicale continue aux professionnels de santé aux États-Unis, qui permettrait d’enrichir un peu la mallette des outils qu’on a pour aider les gens. Et, la façon de laquelle ils l’ont défini, c’est qu’ils voulaient travailler sur une approche qui va se pencher beaucoup plus sur les facteurs qui vont participer à l’installation d’un problème de santé, d’une maladie, et de travailler sur la correction de ces facteurs ou de ce qu’ils appellent les causes profondes, les « Root causes », qui pourraient jouer pour un déséquilibre, voilà, d’une personne. Et la raison en fait pourquoi ça a été aussi important pour eux, c’est tout simplement parce qu’ils ont vu qu’un même problème, une même maladie, un même problème de santé, peut avoir finalement des facteurs ou des causes différents chez les personnes différentes, et vice-versa, le même facteur peut être associé à des symptômes différents chez les personnes différentes.

Caroline : Est-ce que tu aurais des exemples, peut-être, comme ça ?

Sina: Bien sûr. Par exemple, on sait aujourd’hui que les choses comme l’inflammation, l’inflammation c’est quelque chose qui peut s’exprimer en tant que symptôme différent chez une personne. On voit que les personnes qui souffrent de dépression, elles peuvent avoir un état inflammatoire associé, les personnes qui souffrent de diabète peuvent avoir un état inflammatoire associé, les personnes qui ont des problèmes d’articulation, d’arthrite, ont un état inflammatoire associé, et la même chose pour beaucoup d’autres maladies. Donc, c’est le même facteur, le facteur d’inflammation, mais qui ne se montre pas forcément et qui ne s’exprime pas de la même façon chez les différentes personnes. Et, donc on a dit inflammation peut être associée au risque de dépression. Mais vice-versa, la maladie de dépression, elle ne va pas être uniquement associée à l’inflammation ; c’est-à-dire qu’on sait que pour la prise en charge de dépression eh bien la personne va être conseillée de travailler sur son vécu, avec des psychothérapies ou d’autres approches ; on sait que certains déséquilibres hormonaux peuvent être en cause de syndrome dépressif, comme par exemple déséquilibre de la thyroïde ; dans les études, on voit aussi que, par exemple, la carence en vitamine D est associée avec un risque plus important de dépression. Donc, c’est-à-dire que c’est difficile à dire, voire presque impossible de dire à quel pourcentage chaque facteur va jouer pour la personne, pour être important dans la perturbation de sa santé. Mais on sait que ces facteurs, on sait de la science, des études, on sait qu’il joue un rôle. Donc l’idée, c’est à ce moment-là de faire un état des lieux : Quels peuvent être de différents facteurs dans le mode de vie, dans l’alimentation, dans le vécu, dans… peut-être présence de certaines toxines comme les perturbateurs endocriniens ? Quels peuvent être les différents facteurs qui ont pu jouer un rôle dans l’installation d’un certain problème de santé ? Et à ce moment-là, de travailler sur ces facteurs pour équilibrer le mode de vie, jouer au niveau de l’alimentation, aider à diminuer la charge des molécules toxiques dans la vie de la personne. Donc l’idée est de voir un peu un réseau des choses potentielles qui ont pu jouer un rôle dans la santé de cette personne. Donc c’est comme ça que cette approche, la médecine fonctionnelle, a été définie. Et donc, comme je l’ai dit, aux États-Unis, aujourd’hui, elle est agréée comme formation médicale continue. Malheureusement, ça ne s’étend pas à la plupart des autres pays, notamment en Europe, la médecine fonctionnelle n’est pas agréée comme spécialité médicale ni comme pratique médicale. Donc même si c’est une médecine fonctionnelle, ce n’est pas de la médecine, mais peut-être qu’un jour il y aura des formations qui iront dans ce sens. Qui sait ?

Caroline : Et qu’est-ce qui t’a toi poussé à s’intéresser à la médecine fonctionnelle ? Est-ce qu’il y a eu un élément déclencheur ou quelque chose qui fait que t’as été cherchée des raisons, des explications, des causes ?

Sina: Eh bien, il y a eu effectivement un élément déclencheur dans ma vie, même si c’étaient des choses auxquelles je me suis déjà passionnée avant, ça a toujours été un intérêt qui était là, mais vraiment ce qui m’avait poussé à chercher une formation et à me former, c’était suite à la naissance de mon premier garçon qui est né avec une maladie génétique qui est très rare et très complexe, qui nécessitait une prise en charge médicale qui était lourde, et qui reste lourde aujourd’hui. Et c’est là où j’ai vu que les progrès de médecine eh bien clairement ils ont sauvé la vie de mon fils, mais qu’il y avait des choses, notamment dans le quotidien, où on… ce n’était pas les limites de la médecine, mais c’est juste que ce n’était plus les choses dont l’équipe médicale, paramédicale s’occupait, ou en tout cas pas, ce n’était pas suffisant en fait par rapport à notre demande. Donc il y avait des choses où on voyait que ça serait bien de pouvoir les améliorer, ça serait bien de pouvoir mieux comprendre l’alimentation qu’il faut à Maxime. De comprendre peut-être est-ce qu’il y a des compléments alimentaires ? Est-ce qu’il y a des choses qu’on peut faire nous ? Nous en tant que… on n’est pas ses soignants, en fait, on n’est pas son équipe, nous, mais nous en tant que parents, est-ce qu’on peut faire des choses ? Et c’est de là où j’ai voulu savoir bon, où est-ce que je peux me former ? À quoi je peux me former ? Et après de longues recherches, ce que j’avais trouvé en France, c’était très intéressant. Mais, en tout cas à l’époque, pour moi, ça n’allait pas assez loin et donc j’ai voulu faire cette formation.

Caroline : Est-ce que tu peux peut-être revenir sur les différences qu’il y a entre la médecine intégrative et la médecine fonctionnelle ?

Sina: Oui. Donc la médecine intégrative, c’est un grand titre qui va incorporer toutes les approches parallèles, complémentaires, douces. Et la médecine fonctionnelle, son but est de comprendre et d’équilibrer les causes profondes d’un déséquilibre chronique. Donc la médecine fonctionnelle va se spécialiser uniquement sur les problèmes chroniques de la santé, sur l’optimisation de la santé. Problèmes de longue date, problèmes non définis, mal définis, pas de diagnostic trouvé, tous les soucis un peu complexes où on va, en plus de vouloir apaiser le symptôme, on va se concentrer surtout qu’est-ce qui est en dessous de l’eau ? Donc sur cet iceberg, qu’est-ce qui est la partie qui n’est pas émergée de l’eau ? Quels sont les causes sous-jacentes, les facteurs qui ont permis à cette maladie de s’installer, à ce symptôme de s’installer ? Et donc on va chercher à corriger ces différents facteurs.

Caroline : Et comment tu travailles pour identifier justement ces causes profondes ? Est-ce qu’il y a des choses que tu vas regarder plus spécifiquement que d’autres pour vraiment comprendre comment ça fonctionne en fait ?

Sina: Eh bien, tout d’abord, il faut beaucoup plus de temps. Comme on va chercher plus loin, les consultations habituelles de même vingt minutes ne sont plus possibles. Après, bien sûr que chaque médecin fonctionnel va faire à sa façon. D’ailleurs, en France, pour l’instant, on n’est pas beaucoup. Mais typiquement, il nous faut un interrogatoire très poussé, un parcours de vie très détaillé, parce qu’on regarde le vécu émotionnel, le vécu traumatique, le vécu psychologique d’une personne ; On regarde ses habitudes de vie aujourd’hui, mais aussi ses habitudes de vie le long de sa vie ; On regarde les facteurs de son enfance : Comment cette personne a été élevée ? Comment elle était alimentée ? À quoi elle était exposée ? Peut-être qu’elle a habité à côté des champs traités par des pesticides, peut-être qu’elle a habité dans une maison qui était un peu humide, où il y avait beaucoup de moisissures, tout ça joue un rôle ; On va donc regarder les expositions toxiques de cette personne ; On va regarder : Est-ce qu’il y a pu avoir des infections qu’on appelle « latentes », donc les infections qui ne sont pas vraiment présentes en aiguë, qui sont un petit peu cachées dans le corps ; On va passer beaucoup, beaucoup de temps d’abord à identifier qu’est-ce que dans la vie de cette personne a pu participer à créer son problème, et qu’est-ce que dans la vie actuelle peut participer aussi. Donc ça commence d’abord par un interrogatoire. Moi typiquement, c’est que les patients ils arrivent, ils ont eu quatre questionnaires à remplir et tout un dossier à préparer, ce qui leur prend déjà beaucoup de temps en amont. Et par la suite, on va chercher à travailler sur chaque facteur. Il y a la plupart du temps des choses à ajouter, optimiser dans le mode de vie, dans leur hygiène alimentaire : Comment il mange ? Qu’est-ce qu’il mange ? Quand il mange ? ; dans la façon de laquelle ils vont se préparer pour le sommeil : Comment est-ce qu’il se prépare le soir ? Comment il se réveille le matin ? ; dans la façon de laquelle ils vont vivre leur journée : Est-ce qu’ils se prennent le temps pour gérer le stress du quotidien ? Est-ce qu’ils se prennent le temps pour poser, pour souffler ? Est-ce qu’ils se prennent le temps au juste ? Et par la suite, il y a des, une fois qu’on va dire que l’hygiène de vie est travaillée, on travaille après ou en parallèle, souvent, sur les autres facteurs qu’on a trouvés. Est-ce que la personne a pris pendant longtemps un médicament qui a dû appauvrir certaines réserves de vitamines, de micronutriments, de minéraux ? Et donc on a besoin d’insister un petit peu au niveau alimentaire ou parfois par un complément alimentaire pour redonner au corps tout simplement ces matériaux de construction et de réparation. Par exemple, une personne qui a pris pendant des années la pilule, elle aura très probablement des carences en certains nutriments. Une personne qui a pris pendant très longtemps un médicament contre l’acidité de l’estomac, parce qu’elle avait un reflux et donc on lui a proposé ça comme traitement, elle aura typiquement de grands changements au niveau de son microbiote, et il y aura une absorption moins bonne de certaines vitamines, de certains minéraux. Donc on va finalement se concentrer sur chaque facteur et équilibrer de… on ne peut pas toujours faire la marche arrière, mais on peut en tout cas aujourd’hui réparer ce qui a dû être influencé par ce facteur.

Caroline : Est-ce que, peut-être, tu peux aussi expliquer la différence entre une maladie, enfin, tu disais tout ce qui est aigu, et les problèmes chroniques ? Qu’on comprenne bien la différence également entre ces deux termes

Sina : Oui. Je pense que c’est effectivement une question très pertinente. Donc, en définition officielle, tout ce qui est chronique est défini comme un problème qui est soit présent depuis plusieurs mois, trois mois ou plus, et des fois six mois, selon la maladie, soit c’est un symptôme qui n’est pas présent en continu, mais qui est récurrent ; par exemple, quelqu’un qui souffre des migraines, une migraine j’espère ne va pas durer trois mois, mais si depuis plusieurs mois, ces migraines sont récurrentes, plusieurs fois par mois, plusieurs fois par semaine, des fois même plusieurs fois par jour, eh bien quand c’est récurrent, on va aussi parler de quelque chose chronique. Donc soit c’est présent tous les jours pendant plusieurs mois, soit c’est présent sur un temps plus court, mais c’est récurrent, et ça continue à être récurrent depuis plusieurs mois. Donc ça, c’est chronique. Et tout ce qui est aigu va être quelque chose de récent. Typiquement là-dedans on a un rhume, une otite pour un enfant, une infection urinaire si elle n’est pas récurrente, là-dedans on peut avoir une lombalgie, une douleur du bas du dos, on peut aussi avoir une migraine aiguë si ce n’est pas quelque chose qui revient toutes les quelques semaines, tous les quelques jours. À partir du moment où c’est récent, ça va être considéré comme aigu. Et là, c’est très important de ne pas forcément tout de suite penser à qu’est-ce que je dois changer de mon alimentation, mais de consulter le médecin pour qu’il puisse identifier quel est le problème, est-ce qu’il y a quelque chose de grave où il faut agir de manière plus poussée, il faut peut-être envoyer la personne à l’hôpital, aux urgences, il faut peut-être faire un examen, une prise de sang, un examen d’imagerie. Donc tout ce qui est aigu, là on ne pense pas forcément au mode de vie, à ce qu’on a mangé, qu’est-ce que sont nos habitudes, comment on dort, et cetera. La médecine fonctionnelle va travailler sur… elle va viser le fonctionnement optimal du corps, parce qu’à partir du moment où on donne à notre corps ce dont il a besoin, il va pouvoir se réparer et optimiser tout seul. Je compare ça, des fois, pour expliquer, avec une fracture. Quelqu’un qui s’est fait une fracture d’une jambe au ski, qu’est-ce qu’on va faire ? On va mettre l’os dans la bonne position, on va apaiser la douleur, et après c’est tout. On ne fait plus rien. On ne donne pas de choses pour dire à l’os de se reconstituer. Le corps le fait tout seul parce que l’os est dans la bonne position, parce que la personne est apaisée, et donc elle peut commencer la réparation, la guérison. Eh bien pour les choses chroniques, c’est un peu plus complexe. Mais finalement, l’idée est la même. On remet le corps, le système nerveux, la digestion, le système hormonal, on le remet dans la bonne position, on lui remet la façon de laquelle il doit fonctionner, on lui donne ce qu’il faut pour pouvoir fonctionner correctement, on travaille sur l’apaisement, sur le système nerveux, et à partir de là, tout se fait tout seul.

Caroline : Ça me fait penser du coup à une question qui n’a rien à voir avec ce qu’on vient de dire, mais, chez les personnes qui ont décidé de fonder ça aux Etats-Unis, est-ce qu’il y a eu pour elles, des éléments déclencheurs ou qui expliquent leur intérêt pour les causes extérieures ?

Sina: Alors je n’ai pas parlé directement avec les fondateurs. Des fondateurs comme Jeffrey Bland, Mark Hyman, ce sont des personnes qui sont assez connues. Mark Hyman c’est un… il a sorti aussi beaucoup de livres qui ont reçu de très bonnes critiques, cependant dans… enfin, Mark Hyman il faisait partie des formateurs, mais on va dire qu’on n’a pas échangé suffisamment. Cependant, qui aussi fait partie des formateurs, c’est Terry Wahls. Terry Wahls, c’est une interniste aux États-Unis, donc médecin en médecine interne. Et elle, elle a aussi sorti un livre qui est assez connu, qui s’appelle « Wahls Protocol ». Et elle fait aussi une étude clinique avec son « Wahls Protocol » pour les personnes qui souffrent de sclérose en plaques. Et dans son étude clinique, où il y a déjà eu plus de dix mille personnes, donc c’est une grande étude, les personnes qui souffrent de sclérose en plaques sont proposées un protocole alimentaire, donc, alimentaire et hygiène de vie, alimentaire, mouvement selon accessibilité, voilà, hygiène du sommeil, voilà tout ce qui est hygiène de vie, et on voit que les symptômes diminuent drastiquement. Il y a beaucoup de personnes qui récupèrent complètement, donc c’est vraiment impressionnant. Sachant que Terry Wahls elle-même, elle était au fauteuil roulant, elle avait perdu presque complètement la…

Caroline : La mobilité ?

Sina: La force, la mobilité. Elle avait un stade très évolué de sclérose en plaques. Elle ne pouvait plus se déplacer qu’en fauteuil roulant avec deux soutiens de la tête. Donc elle était vraiment dans un état très difficile. Et aujourd’hui, elle fait du vélo tous les jours donc, et en pleine santé, et en nettement meilleure santé que je pense, certaine de ses congénères. Donc pour elle, clairement elle le dit dans son livre qu’elle a suivi les meilleures thérapies médicales qui étaient là, mais qui n’ont malheureusement pas pu l’aider de ralentir suffisamment la progression de maladie. La maladie progressait, elle avait une forme qui était probablement assez agressive. Et, avec l’alimentation, avec son protocole, eh bien, elle a récupéré de manière impressionnante. Et, donc avec elle, j’ai échangé parce que j’ai eu un moment où on a pu échanger. Cependant, je fais partie aussi d’un groupe des personnes qui ont été formées, qui sont… c’est un groupe vraiment qui est international, même si la plupart sont aux États Unis. Et dans ce groupe, il y a Dale Bredesen et Kat Toups qui ont fait énormément de recherches dans la maladie d’Alzheimer. Il y a Neil Nathan, qui est un des pionniers pour tout ce qui est problème de mycotoxines. Il y a des spécialistes des maladies compliquées comme des maladies neurologiques, Lyme, autisme. Et donc on échange régulièrement. Et c’est que, on a vu, c’est que quand il y a des échanges qui vont aller sur le personnel, eh bien, chez tout le monde, il y a une histoire similaire ; une histoire où on n’a pas pu avoir le résultat souhaité avec le suivi médical classique, aussi bien qu’il l’était, que ce soit pour soi-même ou que ce soit pour une personne proche, donc typiquement c’est un enfant, un parent, un frère et sœur, à qui on a voulu aider et on a vu les limites, et on s’est dit eh bien « Et si on ajoute quelque chose qui n’est peut-être pas à 100 % médical, mais qui pourra peut-être à ce moment-là aussi jouer un rôle ? Donc il y a toujours une histoire qui va être un peu similaire à la mienne, c’est-à-dire qu’il y a eu un souci de santé important qui a été pris en charge, mais qui n’a pu être réglé autant qu’on voulait.

Caroline : Et ces personnes du coup étaient de formation médicale, elles aussi ? Enfin, elles étaient, ouais…

Sina: L’IFM forme les professionnels de santé. Donc, majoritairement, ce sont des médecins qui se forment, tout simplement parce que la formation, elle est complexe. Donc quand on n’a pas le background, on va dire les, certaines connaissances de base, eh bien ça veut dire qu’il faut les rattraper, donc ça fait beaucoup de, peut-être, plus de travail. Mais il y a aussi des dentistes qui se forment. Il y a des diététiciens. Il y a des psychologues. Donc il y a des… aux Etats-Unis, les ostéopathes, ce sont forcément des médecins, donc il n’y a pas des ostéopathes non-médecins. En revanche, il y a les chiropracteurs qui sont réglementés en tant que professionnel de santé, donc il y a des chiropracteurs qui se forment. Il y a des naturopathes ; aux Etats-Unis, la naturopathie est une formation réglementée par les États, donc les naturopathes ont cinq ans de formation, une sorte d’internat, clinicat, et donc ils sont aussi considérés comme professionnels de santé. Donc IFM forme les professionnels de santé, même si majoritairement ça reste des médecins.

Caroline : D’accord.

Sina: Avant, je sais qu’avant c’était, au début c’était presque 100 % médecins. Au bout de, parce que ça fait quand même plus de… ça fait plus de vingt ans qu’elle est agréée comme formation médicale continue, et ça fait plus de trente ans qu’elle forme, donc au début c’était presque exclusivement médecin, mais par la suite, je crois qu’aujourd’hui c’est à peu près 60 % médecins et 40 % autres professionnels.

Caroline : OK. Et est-ce que tu as vu, peut-être avec justement ces personnes que tu accompagnes, des choses, tu vois qui sont assez générales, qu’on pourrait pratiquement tous appliquées, qu’il faudrait peut-être tous appliquées pour déjà être un petit peu mieux et en meilleure santé ?

Sina: Oui, c’est les choses qui reviennent tout le temps, tu veux dire ?

Caroline : C’est ça, exactement.

Sina: Oui. Eh bien, ce sont des choses que j’essaie de transmettre sur ma page Instagram. Les conseils que je vais être amenée à dire, souvent, ça dépend bien sûr d’où on commence. Une personne qui tombe sur ce podcast et qui n’a pas forcément été intéressée par le monde de santé, eh bien on commencerait peut-être pas de la même façon que chez quelqu’un qui a déjà beaucoup d’intérêt, qui a peut-être beaucoup écouté, beaucoup lu, beaucoup mis en place. Les choses qui reviennent très souvent, c’est que je vois notamment pour les femmes, plus pour les femmes que pour les hommes. Et pour les femmes notamment, il y a la pratique du jeûne intermittent qui va être problématique, notamment quand elle est pratiquée le matin, c’est-à-dire quand on saute notre repas du matin, notre petit déjeuner, donc ça c’est quelque chose que je suis amenée à expliquer souvent que si on n’a pas une santé bien robuste et bien équilibrée, le jeûne intermittent peut être un facteur de… ça augmente les hormones de stress dans notre corps, ça c’est bien documenté, ça, à ce moment-là, ça peut être un facteur qui finalement perturbe plus qu’il ne fait du bien. Donc ça, ça va être une des choses que je vais expliquer. Le jeûne intermittent, il a beaucoup de bénéfices, mais pour en profiter au mieux, il est mieux de le faire le soir, c’est-à-dire manger un dîner léger tôt quand on peut, c’est peut-être pas forcément tous les jours, plutôt que le faire le matin. Ça, c’est quelque chose qui revient beaucoup.

Caroline : Et pourquoi plus chez les femmes ? Est-ce que tu as des explications là-dessus ?

Sina: Ah oui, c’est assez simple. Les femmes ont un équilibre hormonal qui est plus complexe. En fait c’est, biologiquement, une femme est faite pour faire quelque chose de très complexe, c’est-à-dire fabriquer un bébé à partir de seulement deux cellules, donc de le soutenir avec les nutriments, de le soutenir avec plein de choses pour que ça se développe en bébé, et ça c’est très, très, très complexe. Biologiquement, la femme est faite pour par la suite donner la vie à ce bébé, le sortir de son ventre, ce qui est aussi un processus bien intense, et donc l’équilibre qui se fait il est plus complexe que chez les hommes. Les hommes, ils ont un cycle de vingt-quatre heures de la testostérone et des hormones de stress. Le matin c’est plus haut et puis ça baisse au cours de la journée. Les femmes ont ce cycle est là, mais en plus elles ont un cycle de vingt-huit jours, le cycle menstruel, et donc il y a tout simplement plus de connexions, plus de particularités. Et plus quelque chose est complexe, plus elle est fragile, tout simplement. C’est un peu, des fois, je compare aux portables. Si on compare les anciens portables, les anciens Nokia bien robustes-là, qu’on pouvait jeter du septième étage, descendre, le ramasser et continuer l’appel ; il a moins de fonctionnalités que, par exemple, un smartphone d’aujourd’hui, il a nettement moins de fonctionnalités, il ne peut pas faire tout. Par contre, il est bien plus robuste, bien plus stable. Donc ça, c’est l’avantage. Un smartphone, on le jette du septième étage, il y a moins de chances qu’on pourra continuer l’appel.

Caroline : Clairement.

Sina: donc, l’équilibre d’une femme, l’équilibre hormonal, est plus complexe, et par ce fait, il est un peu plus, il a un peu plus d’endroits de fragilité, on va dire. Et dans le monde dans lequel on vit aujourd’hui, on est exposé à tellement de molécules perturbatrices des hormones, ce qu’on appelle les perturbateurs endocriniens, qu’on voit qu’il y a les problèmes hormonaux, ils sont plus présents chez les femmes que chez les hommes. Tout comme les problèmes immunitaires, des maladies auto-immunes sont typiquement plus présentes chez les femmes ou les femmes sont plus à risque que les hommes parce que nos hormones sexuelles régulent beaucoup de choses sur notre immunité.

Caroline : Et pourquoi spécifiquement sur le jeûne intermittent, une femme a plus de, enfin, c’est meilleur pour elle au final de ne pas sauter le repas du matin et de plutôt aller sur le repas du soir ?

Sina: Moi je suis persuadée que c’est meilleur pour tout le monde, y compris pour les hommes aussi.

Caroline : D’accord.

Sina: Le jeûne intermittent, il faut bien comprendre que c’est un stress pour le corps. C’est un petit peu comme si on veut monter les escaliers au sixième étage. C’est un stress. Si on est en bonne santé, faire cette montée jusqu’au sixième étage, et par la suite la descente, eh bien ça va nous faire une petite séance de sport, ça va nous activer, ça va travailler notre système cardio-vasculaire, donc en fait, ça va avoir beaucoup de bienfaits pour notre santé générale. Mais maintenant, imaginons qu’on a une santé un petit peu fragile, on a une arthrose aux genoux, et là, si on doit monter au sixième étage, eh bien on risque d’avoir de grosses douleurs, une grosse fatigue par la suite, et en plus les genoux qui gonflent et qui ont peut-être besoin de traitement. Donc, on aura toujours les effets bénéfiques de la montée, le système cardio-vasculaire qui est activé, le sport, mais les effets négatifs du fait que pour notre corps, c’était trop, ils seront aussi là, et ils seront probablement plus importants que les effets positifs. Donc, quand on veut faire un jeûne intermittent, le jeûne intermittent est un stress, on voit que ça augmente les hormones de stress dans le corps, eh bien, le moment où ça va être le plus propice, ça va être le soir, où de toute façon arrêter de manger relativement tôt, avant notre coucher, on conseille au mieux de manger, de terminer de manger trois heures avant le moment où on va se coucher, et même si on termine de manger un petit peu plus tôt, eh bien ça ne va pas avoir cet impact de, sur notre corps, cet impact de « Oh la, la, là c’est trop », ça pourra même agir de manière bénéfique sur le sommeil, par le fait que notre système digestif a bien eu le temps de se mettre au repos, et donc on aura les bénéfices du jeûne intermittent, mais sans les possibles inconvénients. Donc, pour les femmes que pour les hommes, ça, ça serait l’idéal. C’est juste que pour les hommes, finalement contrer le possible effet négatif de jeûne intermittent, le possible effet d’augmentation des hormones de stress, est plus simple, typiquement grâce à son équilibre hormonal qui est en général, en général, un peu plus robuste que celui de la femme.

Caroline : D’accord. Et est-ce que tu aurais des hacks ? J’aime bien terminer mes épisodes comme ça.

Sina: Yes.

Caroline : Des petites astuces à donner aux auditeurs pour les aider à être un petit peu mieux dans leur vie, si vraiment tu devais en choisir, allez je ne sais pas moi, trois tu vois, au maximum.

Sina: Trois. Donc…

Caroline : Autant que tu veux en fait, mais… allez, trois.

Sina: OK. Trois. Le premier hack pour moi, le plus important, c’est avoir une alimentation qui est la plus brute possible ou la moins transformée possible, qu’on reconnaît chaque aliment dans notre assiette. Quelle est la plante ? Quel est l’animal ? Quel est le poisson ? Voilà. Quelle est la céréale ? Que chaque ingrédient soit évident. L’alimentation, vraiment, qui se rapproche le plus du… que chaque aliment soit vraiment facilement reconnaissable et qui se rapproche le plus de comment il est sorti de la terre ou comment il est sorti de l’animal ou du poisson. Une alimentation brute, ça, c’est vraiment un hack qui va être bénéfique pour tout le monde. Le deuxième, pour la majorité de personnes d’aujourd’hui qui vivent devant nos écrans, avec beaucoup de stresseurs, c’est une pratique de relaxation, de gestion de stress au quotidien, et ça pas juste au moment du coucher, mais moi je conseille souvent trois fois par jour. Et c’est mieux de faire trois fois par jour deux minutes qu’une fois six minutes. D’avoir vraiment plusieurs moments de soupape, de lâcher prise dans la journée, ça, c’est le hack numéro deux, et ça c’est vraiment pour tout le monde. Eh bien, si on passe sur le troisième, je veux dire… enfin, c’est difficile parce que moi, je pourrais en avoir une vingtaine en fait. C’est difficile de donner que trois.

Caroline : Tu peux en donner plus si tu veux. Tu peux en donner plus.

Sina: Le troisième, je dirais, quelque chose qui est très important pour moi, ou à mon avis, c’est la connexion avec la nature. C’est de ne pas rester enfermé chez soi, c’est d’avoir au moins deux fois des sorties dans la journée, au moins un quart d’heure dehors, au mieux dans un endroit qui est un peu vert, qui est un peu naturel, où on a des arbres, on entend les oiseaux, on entend un cours d’eau, quelque chose qui est naturel. On sait que cela a beaucoup, beaucoup d’impact sur notre système nerveux, sur notre système immunitaire, même si ce n’est pas un impact qu’on ressent forcément de manière palpable tout de suite. Mais tout le monde sait qu’on se sent, qu’on se sent bien dans la nature, donc c’est quelque chose qui peut s’accumuler. Et effectivement, si ça, c’est acquis, la base est acquise, eh bien les choses dont on a parlé, avoir un petit déjeuner qui est bien protéiné, on sait que avoir un petit déjeuner qui comporte au moins un tiers de protéines nécessaires pour la journée, pour notre poids de corps, par rapport à notre taille et notre poids, eh bien on sait que ça a beaucoup d’impact sur notre système nerveux, comment on gère le stress, sur comment on gère les envies alimentaires, comment on peut résister aux tentations, comment on gère notre digestion ; donc un petit déjeuner protéiné est, à mon avis, un truc qui fera du bien à tout le monde. Et tant qu’on reste sur le thème de digestion ou alimentation, un truc qui est beaucoup oublié, c’est l’hygiène autour du repas. C’est le fait de se poser, d’avoir une pensée de gratitude pour la personne qui l’a préparé ou pour la personne qui a fait des courses ou pour la personne qui a récolté ou pour la personne qui a élevé l’animal, d’avoir un temps où on mâche correctement nos aliments, un temps où vraiment on se pose et on va privilégier ce moment pour la digestion. Après, je pourrais en dire plein, plein, plein, plein, plein. Moi, j’aime beaucoup aussi le Biohacking. J’adore lire et apprendre des choses là-dessus. Mais bon, on va peut-être…

Caroline : Et s’il y avait peut-être alors quelque chose que tu as appris dernièrement, qui tu as un petit peu, tu vois, peut-être une des dernières découvertes que tu as pu faire ou quelque chose que oui, voilà, quelque chose que tu aurais appris assez récemment ou…

Sina : Une des dernières découvertes que j’ai faite il y a quelques mois, c’était l’EGT, et c’était d’ailleurs grâce à une personne avec qui je travaillais, qui m’en a parlé. Donc c’est Ergothionéine, un extrait… enfin, une substance présente notamment dans les champignons, qui a beaucoup, beaucoup, beaucoup de bénéfices pour la santé. C’est une molécule avec vraiment beaucoup de vertus. Et donc j’avais fait des recherches là-dessus, j’avais lu des choses là-dessus, et donc j’ai hâte de le tester moi-même et en savoir plus.

Caroline : Et c’est quoi ? C’est une poudre que tu prends le matin ou ?

Sina: Alors on peut en manger, on peut manger des champignons.

Caroline : OK.

Sina: Tout simplement. Mais il faut en manger typiquement, c’est notamment les Shiitakes ou les Pleurotes qui en contiennent le plus. Et il faut en manger environ 150 à 200 grammes par jour…

Caroline : Ah oui !? OK.

Sina: … pour avoir la quantité qui était donc étudiée. Donc ce n’est pas forcément accessible à tout le monde. Et moi personnellement, j’aime bien les champignons, mais pas tous les jours. Et effectivement, ça existe aussi en forme de compléments alimentaires. Pas encore beaucoup, mais ça va venir, je pense.

Caroline : OK. OK. Super intéressant. Et ce serait quoi les effets positifs ?

Sina: Alors, ça dépend à quel âge on commence et avec quel état de santé. Beaucoup de personnes parlent des effets qu’ils ont ressentis sur leur énergie, donc sur leur vitalité. Beaucoup de personnes parlent sur les effets qu’ils ont ressentis sur les douleurs qu’ils avaient, des douleurs chroniques ou les douleurs articulaires. Dans les études, on voit qu’il y a des effets qui sont, par exemple, protecteurs contre les radicaux libres, contre l’oxydation par les rayons UV, mais ça c’est difficile en fait à ressentir soi-même. Mais voilà, c’est une belle substance de longévité, je pense et, ça c’était, voilà, ça c’était la dernière découverte…

Caroline : OK.

Sina: … il y a quelques mois.

Caroline : Et allez, j’ai une dernière question pour toi. Si les auditeurs ont envie d’en savoir un petit peu plus sur la médecine fonctionnelle, ou qu’ils cherchent des ressources pour même aller lire eux, parce que c’est quelque chose qui les intéresse, est-ce qu’il y a, tu aurais des endroits sur internet où on peut aller pour se renseigner, des livres à recommander ?

Sina: Eh bien bah déjà le site de l’IFM, même s’il est beaucoup autour de la formation, mais il y a aussi beaucoup de ressources pour les personnes non professionnelles qui ne sont pas là pour se former, mais juste pour apprendre. Donc, c’est ifm.org. Il y a des livres écrits comme j’ai dit par Mark Hyman, Terry Wahls, Izabella Wentz. Beaucoup sont traduits en français, pas tous. Il y a le livre de Dale Bredesen « La fin d’Alzheimer », qui est traduit en français. Il y a le livre de Terry Wahls qui est traduit en français. Beaucoup de livres de Mark Hyman. Je suis désolée, je n’ai pas tout de suite là tous les…

Caroline : Non, non, ne t’inquiète pas. C’était plus…

Sina: . . . livres. Sur… j’avais créé une plateforme d’informations et de, un petit peu de coaching en médecine fonctionnelle, qui s’appelle « La Clé — Santé Intégrative », là, si on souhaite, on peut aussi s’y abonner. Et il n’y a pas vraiment un livre qu’est-ce que, enfin, je n’aurais pas un livre à recommander « Qu’est-ce que c’est la médecine fonctionnelle ? », mais il y a beaucoup de livres qui sont écrits par des personnes qui ont fait cette formation. Et on voit aussi que, juste parce qu’on a fait cette formation, ça ne veut pas dire que tout le monde pense la même chose. Il y a par exemple Paul Saladino sur Instagram, qui est très connu comme un ancien carnivore Md ; Lui, il est un fan d’une alimentation qui est très riche en produits animaux, et puis fruits, et produit laitier. Et à côté, il y a par exemple des médecins qui vont plutôt promouvoir une alimentation qui va être pauvre en produits animaux, proche de la végétarienne. Donc en fait ça, ça ne veut pas forcément dire que ça… que tout le monde a la même façon de voir les choses. Mais il y a cette même idée de vouloir améliorer la santé par des choses accessibles à chacun comme alimentation, hygiène de vie, la façon de manger, la façon de dormir, la façon de faire les choses au quotidien, et se servir des fois des compléments alimentaires, de la micronutrition, de certaines plantes, pour améliorer certains processus naturels dans le corps. Donc je pense que sur les réseaux aussi on trouve beaucoup de personnes qui ont leur page et qui partagent des informations.

Caroline : Eh bien, merci beaucoup Sina ! C’était très clair.

Sina: Avec plaisir.

Caroline : Je te remercie.

Sina: Avec plaisir Caroline. Merci à toi !